Avançant doucement dans la ruelle, serrant contre son torse dénudé un faible gilet de laine grise, le jeune homme regardait autour de lui d'un air inquiet. Perdu, pas vraiment lui-même, il avançait d'une démarche pantelante dans le centre ville. Impossible pour lui de trouver une destination fixe, il ne savait même pas où il se trouvait. Son short était, avec le gilet fin, son seul vêtement, et cela ne le couvrait pas vraiment. Il avait froid, énormément froid et ses jambes tremblantes ne le mèneraient pas bien loin. Déglutissant doucement, il s'arrêta et se mit à scruter les environs à la recherche d'une destination, quand une voix d'homme l'interpella. « Monsieur ? Tout va bien ? » Se redressant doucement, le jeune homme se mit à le fixer, tendu. Que répondre ? Comment on faisait, déjà, pour parler ? Fronçant un peu les sourcils, il entr'ouvrit les lèvres, sans qu'aucun son ne sorte. Mais l'homme ne lui laissa pas le temps, l'emmenant doucement dans une voiture sur laquelle il lut 'police'. Il était en sécurité, alors ? Peut-être. D'ailleurs, depuis cette soirée, aucun mot ne sorti de sa bouche. Cela ne venait pas, quand il essayait, rien ne venait. Le silence complet. Alors, abandonnant, il se mit à apprendre le language des signes, pour se faire comprendre de Lennon. Bien que parfois, seul un sourire ou un geste suffise pour qu'ils se comprennent.

La retrouvaille de ses souvenirs n'est pas une tâche aisée. Prénommé Dakota par l'homme qui l'a recueilli, on lui donna un nom de famille neutre, et qui n'existait pas dans la ville afin de lui faire des papiers. Il fallait tout de même qu'il ait une identité, le temps de retrouver la sienne. Après avoir passer de multiples examens, Dakota se rendit rapidement compte d'une chose. Il était dépendant à la drogue, et ça, ça ne changerait pas. C'était une chose de son passé qui ne s'enlevait pas, cette horrible sensation de manque qu'il ressentait parfois. D'un côté, c'est le seul élément qui le rattache à son passé perdu, et c'est quelque chose qu'il ne veut pas arrêter. Pas alors que ça le rend si bien, si détendu. Il ne pourrait jamais s'en passer. Et ce ne sont pas les propos de Lennon qui le feront changer d'avis. Il peut dire ce qu'il veut, ce n'est pas lui qui décide de tout, non ? Ce serait trop machiste. Alors, le jeune homme fait ce qu'il veut, sortant à n'importe quelle heure. Il a abandonné l'idée de retrouver un jour ses souvenirs, et décide donc de s'en créer de nouveaux. Il n'y a rien de mieux, pour vivre, que de faire des rencontres et de se créer des souvenirs. Soirées, fêtes, drogues, alcools.. Tout est bon pour Dakota, tant qu'il peut s'amuser, danser, faire des rencontres. Mais Lennon n'est jamais bien loin, ça il le sait. D'ailleurs, il est même jusque dans ses rêves, son beau policier corrompu.