broken glass (lee)

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C'est une envie urgente, presque insoutenable qui pousse Sage au cimetière ce dimanche matin là. Elle est dehors, à fumer une cigarette, adossée contre le mur de son café préféré. Ses cheveux coupés en carré tombe souplement sur ses épaules et un de ses pieds est appuyé contre le granit. Son impair noir est ouvert, laisse voir sa robe violette qui épouse la forme de ses hanches. Les gens la dévisagent quand ils passent. C'est peut-être parce que toute sa position crie à la décadence, les longues bouffées de nicotine qu'elle souffle à intervales réguliers. Ou peut-être parce que dans sa main libre pend le nouveau sac Chanel pour lequel les dernières photos viennent de sortir. On connait Sage à Omaha. Elle n'est pas une célébritré locale mais on sait qui elle est et parfois, les adolescents la pointent du doigt - les plus courageuses l'approchant pour lui dire deux mots. Il est encore tôt pour fumer une cigarette mais Sage ressent le besoin de nicotine circulant dans son sang. Autrefois, les dimanches étaient synonymes de sucre, de baisers mentholées et de bouffer d'air frais. Carrie, Sara et elle avaient leur tradition. Chaque dimanche, l'une d'entre elle irait chercher le petit-déjeuner et les cafés et reviendrait s'enfouir sous la couette. Elles en mettraient partout, finiraient par passer la matinée au lit mais ces dimanches avaient un goût de paradis. Depuis la mort de Sara, Carrie a continué leur petite tradition et ce matin, Sage s'est proposée pour y aller. Elle est entrée dans la boutique, déterminée, les pensées vaguement dirigées vers les cafés mentholés et si elle devait en prendre oui ou non quand ses yeux sont tombés sur les pâtisseries préférées de Sara. Ses pâtisseries qu'elle n'est pas venu achetée parce qu'il n'y a plus de Sara. Sage est ressortie en coup de vent de la boutique. Maintenant, elle est là, à fumer et à se rappeler. Elle se souvient que quand Sage était celle qui sortait pour aller les revitailler, elle s'arrêterait à cet endroit même, fumerait, fermerait les yeux et la seconde d'après, Sara serait là. Les yeux pétillants, un sourire joueur sur le visage. Elle l'embrasserait et elles rentreraient main dans la main. Sage attend de longues minutes mais elle sait que Sara ne viendra pas. Alors, elle écrase sa cigarette et prend la direction du cimetière. Elle a besoin d'y être. Elle ne prend pas la peine d'envoyer un texto à Carrie, pas la peine de lui dire qu'elle ne rentrera pas de la matinée. Elle marche juste en direction du cimetière, l'adrénaline courant dans les veines alors que le besoin irrépressible d'être avec Sara la submerge. Quand elle arrive au cimetière, il n'y a personne. Elle ne sait pas si elle doit être surprise ou pas. Le dimanche, on fait la grasse matinée, on va à la messe, on n'honore pas les morts. Le chemin jusqu'à la tombe de Sara, elle le connait par coeur et elle le suit, les yeux presque fermés. Il y a du brouillard aujourd'hui et Sage se sent confortée par le temps. Le grand soleil quand elle vient voir Sara, ça l'agace, c'est mal venu. Elle sort de nouveau un cigarette et fume un silence devant la tombe. Elle n'est pas d'humeur à parler. Au fond, elle espère que Sara est emmerdée de ne plus être là, à pouvoir partager une clope avec Sage. C'est bien fait pour elle, se dit la brune. Toujours ce même mélange de colère et de désespoir qui se transforme en agonie. Elle lui manque. Sage se dit souvent qu'elle a fait son deuil, qu'elle peut vivre mais dans ces moments-là, elle réalise que Sara lui manque terriblement. Sa cigarette finit par s'éteindre mais Sage reste là, figée. Ce n'est que quand elle aperçoit une silhouette au loin qu'elle sort de sa transe. Lee. Sage la reconnaitrait partout - difficile d'oublier celle qu'on considère comme sa meilleure amie, celle qui vous a trahi. Sage pense à l'ignorer ou à s'en aller mais sans réfléchir, elle se dirige vers elle. Parce que malgré la colère, Lee lui manque terriblement. Dans ces moments-là, ces moments de deuil, on a besoin d'une main à qui s'accrocher. Silencieusement, elle se glisse à côté de Lee. Finalement, elle demande : « Tu crois qu'ils nous entendent ? Si on leur parle. Tu crois qu'ils nous entendent ? Ou est-ce qu'on est juste cons de vouloir y croire ? »
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Ses doigts tapotaient contre le volant de son pickup. Perdue dans ses pensées, la demoiselle remarqua où elle se trouvait une fois sur place. Une fois devant le cimetière. Était-ce parce qu’il lui semblait qu’elle finirait là ou parce que son époux lui manquait terriblement ? Peut-être les deux. Peut-être parce qu’elle cherchait des réponses à des questions qu’elle ne souhaitait pas se poser. Lee était épuisée. Épuisée de lutter, épuisée de s’essouffler à vivre. Elle se garait, prenant deux places sur le parking. Elle descendit de son~~leur~~ pickup bleu marine. Sa main se posait sur la carrosserie. Cette voiture c’était comme son dernier lien avec lui. Elle le refermait. Son regard était posé sur le sol, sur ses pieds qui avançaient tous seuls. Ils trouvèrent rapidement le chemin qu’ils avaient bien trop souvent entrepris. Son regard s’embrumait alors qu’elle lisait à voix haute. Son cœur se serrait. Ses joues lui brulaient. Ses yeux piquaient. Elle poussait un juron. Bordeldemerdepourquoitoi. La vie décidément n’est pas clémente avec ceux qui ont tout fait pour la satisfaire. Lee s’est longtemps demandée si ce n’était pas de sa faute. Si c’était parce qu’il l’avait rencontré qu’il était mort. La loi de causes à effets. En un sens, c’était sûrement le cas. Le seul point positif à sa situation actuelle lui semblait être que peut-être elle le rejoindrait. Mmh, si elle n’allait pas en enfer à la place. Il lui semblait bien que ce serait le cas. Ils seraient toujours séparés même dans l’au-delà. Enfin, en admettant que Lee croyait en ce genre de choses. Perdue dans le flot de ses souvenirs comme bien trop souvent ces derniers temps, la rousse s’était accroupie. Elle n’était même pas habillée. Elle avait encore son pyjama. Seuls ses chaussures et sa veste en cuir pouvaient donner l’impression qu’elle s’était habillée. Ses chaussures et le bas de son pyjama étaient remplis de boue. Lee avait laissé ses cheveux emmêlés lui tomber sur les épaules. La barmaid devait sûrement avoir une drôle d’allure. Elle aurait bien aimé un verre. Un verre pour noyer ses problèmes jusqu’à ce qu’ils apprennent à nager. « Tu crois qu'ils nous entendent ? Si on leur parle. Tu crois qu'ils nous entendent ? Ou est-ce qu'on est juste cons de vouloir y croire ? », entendit-elle. Lee sursautait. Se rappelant soudain qu’il n’y avait pas qu’elle sur cette terre. La douleur encore qui l’empêchait de voir plus loin que le bout de son nez. Cette voix, la demoiselle la connaissait bien. C’était celle de Sage, Sage Prewett. Avant tout ça, les deux jeunes femmes se complétaient. Elles étaient comme deux meilleures amies. Cependant, Lee ne connaissait plus rien de la vie de la brune. Elles s’étaient éloignées. « Je n’espère pas pour eux. Je n’aimerais pas pouvoir voir et entendre mes proches continuer à vivre sans pouvoir rien faire. Je ne voudrais pas les voir se déchirer, se détruire ou être soulagés sans moi. », répondit-elle sans croiser son regard. Lee n’avait jamais vraiment pensé à la mort. À ce qui pouvait se passer une fois que vous aviez lâché votre dernier souffle — avant ces derniers temps.

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Sage peut voir Lee sursauter, le moment où elle réalise qui est derrière elle. La brune laisse courir ses yeux sur elle, sur ses cheveux emmêlés, son pyjama et ses chaussures boueuses. Elle ne juge pas. Lee est venue en pyjama, Sage a des escarpins qui s'enfoncent dans le sol et qui salissent si facilement que la boue est probablement en train de les endommager définitivement. Ces chaussures qui lui ont coûté la peau des fesses mais Sage s'en contrefiche. Elles ne sont visiblement pas en meilleur état l'une que l'autre. C'est pour ça que ça fait du bien d'être près d'elle. Juste un moment partager le même air qu'une personne qui peut comprendre et peut-être apporter un certain réconfort. Elle écoute les paroles de Lee avec attention. Dans sa voix, il y a de la tristesse. Sage reconnait le deuil. Etrangement, elle est presque déçue des paroles de Lee. Sage, elle, ressent de la colère. Elle n'arrive pas à accepter. Elle veut crier, se griffer à sang, montrer à Sara ce qu'elle lui a fait. « Je comprends. T'as sans doute raison. Mais j'arrive pas à penser comme toi. Je suis égoïste mais je voudrais que Sara puisse tout voir, tout entendre. J'aimerais qu'elle souffre comme je souffre. Parce qu'elle le mérite. Elle a merdé et même si je l'aime à en crever, je lui en veux trop pour lui souhaiter de reposer en paix. » Il y a presque du venin dans la voix de Sage et elle se demande ce que Lee en pense. Sage n'a jamais caché ses mauvais côtés, elle est qui elle est mais c'est peut-être cruel, même pour elle, de souhaiter la souffrance de Sara. Pourtant, leurs situations sont différentes. Après tout, le mari de Lee ne s'est pas enfoncé des seringues dans le bras. N'a pas fait ligne de coke sur ligne de coke jusqu'à son coeur s'arrête, que son corps convulse, que de l'épave sorte de sa bouche. Et le corps qui a été enterré, il n'était pas comme celui de Sara, rongé par le drogue, presque translucide et tellement maigre. Encore aujourd'hui, Sage ne sait pas comment elle a pu raté les signes, comment elle n'a pas vu que Sara avait replongé dans ce poison. Et surtout, elle n'arrive pas à comprendre comment la drogue a pu être plus importante que l'amour. Que la vie qu'elles avaient. Des personnes disent que c'est une maladie, qu'une fois qu'on est accro, c'est dur de lutter. Sage aimerait les gifler. Il y a mieux que la drogue. Sara le savait et pourtant, elle a tout foutu en l'air. « Mais c'est différent pour toi. Il a pas choisi de te quitter. Sara, c'était sa fichue décision. » Sa voix est plus douce cette fois. Après tout, Lee et elle, aussi proches qu'elles soient, elles n'ont pas la même vie. A cette pensée, Sage fronce les sourcils. La vérité, c'est que Sage est continuellement en colère. Et des raisons d'être haineuse envers Lee, elle en a. A commencer par le fait qu'elle lui a menti pendant des mois. Elle lui a fait croire qu'elles étaient amies pour mieux la voler. Au fond, peut-être qu'elle comprend. Quand on a besoin d'argent et que Sage en a à s'en rendre malade, c'est tentant. Mais Lee a-t-elle une justification pour après ? Quand elle a appris à connaître Sage assez pour savoir qu'elle lui aurait pardonné, qu'elle lui aurait donné assez pour survivre plusieurs années sans même clignée des yeux. Pas par pité mais par amitié. Parce que quand Sage aime, elle ne compte pas. Et Lee sait que Sage se moque de l'argent. Alors, c'est d'une voix plus venimeuse qu'elle rajoute : « Mais toi et moi on sait très bien qu'on a une façon très différente de voir le monde. Peut-être qu'au fond, on se connait pas du tout. » Et c'est impossible que Lee ne réalise pas de quoi Sage parle.
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Lee avait abandonné depuis quelques temps déjà. Depuis un an et demi, Lee s’était oublié. Elle s’était énervée. Elle avait passé ses soirées à s’endormir en pleurant. Elle avait ressenti ce vide, cette absence qui dévorait le ventre. Ce manque intenable qui la dévorait. Cette peine qui l’empêchait de respirer. Mais depuis quelques jours c’était différent. Ce n’était plus la même chose. C’était ce sentiment d’abandon. Ce sentiment d’épuisement. Cette envie de lâcher prise avec cette opportunité qui se présentait. Qu’est-ce qui la retenait ? Il la retenait. « Je comprends. T'as sans doute raison. Mais j'arrive pas à penser comme toi. Je suis égoïste mais je voudrais que Sara puisse tout voir, tout entendre. J'aimerais qu'elle souffre comme je souffre. Parce qu'elle le mérite. Elle a merdé et même si je l'aime à en crever, je lui en veux trop pour lui souhaiter de reposer en paix. » , répondait Sage. C’était la première conversation qu’elles échangeaient depuis des mois. Et la conversation portait sur la mort. C’était une entrée en matière plus simple probablement que de parler de l’éléphant dans la pièce. Éviter les sujets délicats, ignorer, nier l’éléphant qui trônait. C’était sa spécialité à Lee. Mais la mort, ça mettait des choses en perspective. Lee ne répondit pas pour autant. Ce n’était pas vraiment quelqu’un d’extrêmement bavard de toute manière. Puis, Lee ne savait pas vraiment quoi dire. La rouquine détachait son regard de la tombe de son mari pour le poser sur la brune. Son amie qui semblait bien différente. Son visage pourtant était le même. Ses expressions, les émotions qui en transparaissaient quand à elle, lui semblaient bien étrangères. Elle semblait tendue, énervée. Lee la connaissait cette expression. Un peu trop même. Seulement, la rousse avait espéré ne jamais la voir sur un autre visage que le sien. Ce n’était pas une émotion qu’elle souhaitait à qui que ce soit. Ce sentiment qui ne demandait qu’à se faire sentir. Ce sentiment souvent décrit en 7 étapes : Déni, Colère, Marchandage, Dépression et Acceptation. « Mais c'est différent pour toi. Il a pas choisi de te quitter. Sara, c'était sa fichue décision. », ajoutait la brune. Son regard s’abaissait de nouveau. Son visage se fermait. Elle observait un instant son pantalon boueux et ses chaussures trempées. Ses sourcils se froncèrent. « Ça ne veut pas dire que c’est plus facile. C’était soudain pour nous deux. Et ça c’est traitre. Ce putain de jour où soudain, tu te réveilles et ils ne sont plus là. Qu’ils l’aient demandé ou non, c’est la même chose. C’est une absence que tu n’as pas demandée et dois subir en silence. On te demande de serrer les dents et de continuer à vivre en ignorant cette déchirure au fond de toi. C’est injuste et tu ne peux rien y faire. Tu n’aurais probablement rien pu faire toi non plus. Tu n’aurais pas pu l’en empêcher avec la meilleure volonté du monde. C’est une emprise qui ruine tout et tout le monde, même les meilleures d’entre nous, les rendant esclaves de cette envie qui ne fait qu’accroitre. On est maître de ses choix mais ce qui devait arriver arrivera qu’on le veuille ou non. » Sa voix était tremblante. Elle déposait sa main sur son pantalon pour chasser la boue d’un geste rapide. Son regard glissait finalement sur ses mains mouillées et boueuses. La boue était toujours là. Sur ses mains, sur ses chaussures, sur son pyjama. « Mais toi et moi on sait très bien qu'on a une façon très différente de voir le monde. Peut-être qu'au fond, on se connait pas du tout. », concluait Sage. Elle était amère. Elle était énervée. C’était légitime. Lee tressaillit. Elle savait très exactement à quoi Sage fait référence. Elle lisait entre les lignes. Lee inspirait puis expirait. Elle était toujours agenouillée dans la boue, sur la tombe. Lee était lasse. Lasse de se battre, de s’énerver avec le monde entier. C’était fatiguant. La rouquine n’aimait pas parler de ce genre de chose devant son époux. Enfin… Il n’était plus vraiment devant elle malheureusement. Lee n’allait pas mentir pour autant. C’était plus vraiment dans ses habitudes. Ça demandait bien trop d’énergie. Et l’énergie de Lee était bien épuisée. Une pointe au cœur, la demoiselle répondait finalement. « Si c’est une histoire d’argent, je peux te rembourser ce que je te dois. Fais moi passer une facture au bar et je te rembourserais. Ça risque de me prendre du temps mais je le ferais sans problème. Et on se connaît, Sage. Ce n’était pas faux. Pas tout en tout cas. L’argent c’était simplement un bonus. Enfin probablement pas au début. »

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Ce qui blesse le plus Sage dans sa - quoi dispute, brouille, séparation ? - avec Lee, c'est que la rousse la connait. Elle connait Sage parce que la brune s'est ouverte, elle lui a tout montré, n'a rien caché. Et elle a fait ça parce que Lee était une personne qui pouvait écouter, qui pouvait la comprendre. Une personne qu'on choisit pour être sa meilleure amie, qu'on aime penser avoir choisi pour le reste de ses jours. L'amitié à la Cristina et Meredith comme dans sa série préférée. Au fond, rien n'est jamais sûr. Si ça n'a pas marché dans une série, ça ne peut pas marcher dans la vraie vie qui est tellement cruelle. Mais ça fait mal, ça fait tellement mal. D'entendre les mots de Lee après qu'elle lui ait confié sa rage envers Sara. Parce que ce sont les mots que Sage a besoin d'entendre, ceux que personne - même pas Carrie - ne lui a dit. Les mots qui blessent, criant de vérité mais qui soulagent un peu la pression dans sa poitrine. Sage ne répond pas. Peut-être parce qu'elle est au bord des larmes et depuis Sara, elle n'a presque pas pleuré. Un peu au début mais elle a vite ravalé ses émotions pour avancer, continuer à tenir debout. Lee frappe où ça fait mal parce qu'elle connait, qu'elle comprend. Elle a raison, tellement raison que ça lui déchire le coeur de l'admettre. Le silence s'allonge entre elles alors que Sage tente de retrouver le contrôle de ses émotions. Elle ne veut pas pleurer : pas par honte ou parce qu'elle n'est pas seule. C'est une question de fierté. Elle est plus forte que cela. Elle peut tenir debout. Elle en est capable. C'est difficile, néanmoins. Parce que tout ce qu'elle veut, c'est prendre Lee dans ses bras et s'appuyer contre elle un instant. La laisser faire pareil si elle en a besoin. Pourtant, quelque chose la retient. Elle ne peut plus offrir ce luxe. Elle réalise qu'elle a perdu Lee comme elle a perdu Sara. Elle ne peut plus faire confiance à la rousse et juste pour ça, elle veut la frapper. Elle lui en veut tellement d'avoir ruiné leur amitié qu'elle rassemble toute la rage en elle et la dirige vers son ancienne amie. Le moment de la confontration est enfin arrivée. Les mots de Lee l'enflamment à un point qu'elle est certaine qu'elle devrait en train en combustion dans les secondes qui suivent. « Mais t'es vraiment conne, tu le sais ça ? » demande-t-elle, la voix dure, le visage fermé, relevant le menton pour la fixer avec un tel dédain, une telle rage. Sage se sent sur le point de vider son sac et elle ne va pas prendre de gants, ça c'est certain. « Je m'en contrefous de l'argent. Merde, si tu m'avais demandé, je t'aurais donné plus que t'aurais jamais pu me voler. Je me fiche que tu m'aies mentie au début. T'avais besoin, je comprends. Mais après ? T'as rien dit. T'es devenue ma meilleure amie putain Lee. Je t'ai laissée rentrer dans ma vie. Tu sais que je le fais pas facilement ? Et t'as rien dit. Si t'avais été honnête, je t'aurais pardonné. Je t'en aurais jamais voulu d'avoir besoin d'argent pour vivre. » Elle passe une main dans ses cheveux parce que tous ses membres la démangent. Tellement de colère qu'elle ne sait pas quoi faire d'elle-même. Elle repense à tous les moments qu'elle a passé avec Lee. Leur complicité, leur facilité de se comprendre. Et elle retourne les propos de Lee encore et encore. Ca la tue que Lee ait vraiment été sincère. Parce qu'elle veut lui pardonner mais Sage est rancunière. Elle a dû mal à excuser, à oublier. Et Lee l'a toujours su et pourtant elle a pris le risque. Ca, plus qu tout le reste la blesse. Elle veut demander à Lee pourquoi mais elle a trop de fierté alors à la place, elle continue d'incendier la rousse. « Tu sais que si t'avais besoin de tout mon fric, jusqu'au dernier centime je te le donnerai. Que tu veuilles pas demander, je comprends. On a tous sa fierté. Mais t'aurais dû me dire. T'aurais dû me dire que c'était plus que ça. Maintenant, tu sais que je peux pas te pardonner. T'as tout foutu en l'air. Alors non, tu me connais pas. Parce qu'autrement, t'aurais laissé notre amitié se foirer consciemment. Et juste pour ça, je t'en mettrais une, » crache-t-elle.
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« Mais t'es vraiment conne, tu le sais ça ? », s’écriait Sage. Ses sourcils s’arquèrent. Cela aurait été quelqu’un d’autre sa droite serait probablement déjà partie. Mais c’était Sage. Et Sage était visiblement mal aujourd’hui. Aujourd’hui ? Ou peut-être que ce n’était pas récent. Définitivement non. Ce n’était pas une douleur passagère mais plutôt celle qui s’enfonçait doucement sans prévenir et qui enveloppait votre cœur d’une épaisse noirceur. Celle qui vous rongeait de l’intérieur à la recherche de cette âme qui n’avait rien demandé. Alors Lee se retenait Elle se retenait parce que malgré ce qu’elle pouvait dire ou faire, la rousse tenait à Sage. Tout n’avait pas été un mensonge. « Je m'en contrefous de l'argent. Merde, si tu m'avais demandé, je t'aurais donné plus que t'aurais jamais pu me voler. Je me fiche que tu m'aies menti au début. T'avais besoin, je comprends. Mais après ? T'as rien dit. T'es devenue ma meilleure amie putain Lee. Je t'ai laissée rentrer dans ma vie. Tu sais que je le fais pas facilement ? Et t'as rien dit. Si t'avais été honnête, je t'aurais pardonné. Je t'en aurais jamais voulu d'avoir besoin d'argent pour vivre. », expliquait la brune. Ses bras se croisaient sur sa poitrine. Lee n’avait pas vraiment quelque chose à dire. Il lui semblait que de toute façon, Sage n’attendait pas vraiment de réponse. Alors Lee l’écoutait sans rien dire. Son visage fermé. Ses traits fatigués scrutant les siens. La fatigue qui affaissait ses épaules et noircissait ses yeux. Pourtant, il lui semblait qu’il fallait qu’elle réponde. Qu’elle dise quelque chose. Qu’aurait-elle pu dire ? Tout semblait déjà avoir été dit. « Je suis désolée que ça t’ait blessé et de comment les choses se sont terminées à la fin. Mais je ne suis pas désolée de ce que j'ai fais. Ce n’était pas vraiment personnel. Pour ce que ça vaut, je te considérais vraiment comme une amie, Sage. », finit-elle par avouer. Glissant ses mains trempées, sales et gelées dans ses poches, Lee haussait les épaules. Finalement, elle changeait d’avis. D’une de ses mains, la barmaid déplaçait une de ses mèches de cheveux qui la gênaient. Salissant ce visage sans état d’âme d’un passage, avant de tirer ses cheveux dans un chignon rapide. « Tu sais que si t'avais besoin de tout mon fric, jusqu'au dernier centime je te le donnerai. Que tu veuilles pas demander, je comprends. On a tous sa fierté. Mais t'aurais dû me dire. T'aurais dû me dire que c'était plus que ça. Maintenant, tu sais que je peux pas te pardonner. T'as tout foutu en l'air. Alors non, tu me connais pas. Parce qu'autrement, t'aurais laissé notre amitié se foirer consciemment. Et juste pour ça, je t'en mettrais une, », poursuivit Sage. Pourtant, ce n’était pas une question de fierté. C’est juste ainsi que les choses se passaient. C’était simplement sa façon de faire. Pourtant, cela n’avait pas toujours été ainsi. Peut-être était-ce la prison qui l’avait changé. Lui pardonner ? Lee n’estimait pas mériter son pardon. Et puis de toute façon, c’était mieux pour Sage de la détester. Ce serait sûrement plus facile lorsqu’elle apprendrait… Apprendrait sa… Un frisson la traversait. La jeune femme frotta ses bras au travers de sa veste en cuir. La frapper ? Quelle ironie. Il y avait probablement un dicton quelque part qui conseillait de ne jamais s’en prendre à une ancienne criminelle, une ancienne taularde. Il y a des batailles qu’on ne peut gagner. La rouquine tremblait de froid. Le froid qui enfin se faisait ressentir. She was not dead yet. « Frapper une cancéreuse, je peux déjà voir la une des tabloïds. Sage Prewett, l’égérie qui frappe une cancéreuse qui se recueille sur la tombe de son époux. Quelle glorieuse image. Mais si ça te fait plaisir, tu as droit à un coup. Un seul auquel je ne répondrais pas pour ton bien. You don’t want to poke a bear. Trust me. Some wars you can’t win. Cependant, je suis presque sûre que ça ne te fera pas autant de bien que tu le penses. Crois moi j’ai essayé. »

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C'est comme si un orage venait d'éclater entre Sage et Lee. Tous les non-dits que la brune gardait pour elle, qui la dévoraient de l'intérieur, elle a enfin l'occasion de tout laisser sortir. Ca passe par des insultes, une envie de frapper mais surtout un vomi de mots comme Sage n'en a jamais prononcé. Elle ne peut pas les arrêter - même si ça lui fait presque peur de s'exprimer comme ça, les nerfs à vif. Même dans ses pires disputes avec Carrie, elle se contente surtout de claquer la porte ou de croiser les bras sur sa poitrine, de bouder dans son coin. Néanmoins, avec Carrie, c'est différent. La brune sait que leur relation meurt à petit feu. Elle ne fait rien pour la sauver, elle l'assassine parce que c'est plus simple plutôt que s'investir. Avec Lee, en revanche, elle prend les choses à coeur. Elle a besoin de sa meilleure amie mais par un cruel revirement du sort, elle ne peut pas l'avoir. Et ce cruel revirement, c'est la lâcheté et l'hypocrisie de Lee elle-même. Alors Sage n'a que d'autre choix de laisser sa colère couler, s'abattre sur la terre comme de la lave en éruption. Sa première tyrade lui donne l'impression d'être à bout de souffle, d'avoir donné tout ce qu'elle avait, d'avoir sacrifié un morceau d'elle-même. Mais Lee répond et Sage réalise que non, elle a encore de la rage dans tout son corps. « Bien sûr que si c'était personnel. Ca l'est devenu à la seconde où t'as commencé à me considérer comme une amie en sachant que je ressentais la même chose, » répond-elle froidement. Lee lui donne l'impression de ne pas comprendre. Elles se ressemblent tellement, elles se comprennent mais peut-être que ce point là, elles ne seront jamais d'accord. Comme deux personnes, perdues sur des planètes différentes, incapables de s'atteindre, de s'écouter. L'esprit de Sage ne veut pas s'avouer vaincu pour autant. Elle essaie de penser comme Lee mais elle n'y arrive pas. Comment peut-elle avoir été l'amie de Sage mais ne pas avoir voulu sauver leur amitié. Qu'y avait-il de si affreux à dire la vérité ? Elle connait Sage, merde. Lee ne peut prétendre ne pas savoir que Sage lui en aurait voulu. Jamais de la vie. Alors elle se remet à crier. C'est mal venu dans un cimetière mais qu'est-ce qu'elle s'en fiche. Elle a besoin de réponses, elle a besoin de voir que Lee est désolée. Elle a besoin de la frapper. Elle lui dit, tout simplement. Elle s'attend à tout en retour. A ce que Lee lui en mette une - elle sait qu'elle a ça en elle. Qu'elle s'excuse - seulement si le monde était idéal. Qu'elle se mette à crier aussi. Ou qu'elle parte sans un mot. Mais définitvement pas à sa réponse. C'est tellement abherrant que Sage met du temps à comprendre ce qu'elle entend. Elle se focalise un instant sur le fait que Lee pense pouvoir lui mettre la raclée. Qu'elle aimerait pouvoir lui montrer le contraire. Que Sage n'est pas juste une petite princesse des beaux milieux, qu'elle a appris à se battre. Et puis les mots s'infusent en elle. Lentement. Jusqu'à ce qu'un seul reste imprimé derrière ses rétines. Cancer. Le mot lui donne envie de vomir. Elle a l'impression que son monde s'écroule autour d'elle. Parce que même si Lee n'est plus sa meilleure amie, qu'elle refuse de lui donner son étiquette ou qu'elle la traite de tous les noms intérieurement, sa colère ne change rien. Lee reste une personne à qui Sage tient énormément. Une personne qu'elle ne peut pas voir mourir. Et surtout après Sara. Ca la chamboule tellement qu'elle doit enfoncer ses ongles parfaitement manucurés dans la chair tendre de ses paumes pour ne pas prendre Lee dans ses bras et la serrer à en mourir. Mais elle se retient parce qu'elle ne veut pas devenir cette personne remplie de pitié pour la pauvre cancéreuse. Elle est certaine que Lee lui botterait le cul si elle faisait ça. Mais la nouvelle la laisse sans voix... Avec tellement d'émotions à démêler que Sage ne sait pas par où commencer. « Qui est au courant ? » demande-t-elle la voix rauque à tenter de contenir ses émotions. Sage passe une main dans ses cheveux. « Je suis pas la seule j'espère. » Parce qu'elle la connait Lee, elle sait qu'elle n'irait pas le crier sur tous les toits. « Merde Lee. Tu peux pas lâcher une bombe pareille. Pas comme ça. Pas quand... » Sage se bat pour trouver les bons mots avant de lever les bras au ciel et de faire demi-tour. Elle s'élance à grands pas vers la sortie, n'en pouvant plus d'être ici, ne voulant plus voir Lee, voulant disparaître du monde. Deux mètres plus loin, elle fait soudainement demi-tour et revient presque comme une folle vers Lee avant de pointer un doigt accusateur vers elle. « T'as de quoi de payer tes soins ? Si non, je te passe le fric. Mais t'as intérêt à survivre. T'as pas le droit de mourir. Tu peux pas mourir sur mes bras. Je te jure que si tu crèves à cause de cette saloperie, je te ramène à la vie et je te tue de mes propres mains. T'as compris ? »
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« Bien sûr que si c'était personnel. Ca l'est devenu à la seconde où t'as commencé à me considérer comme une amie en sachant que je ressentais la même chose, », commentait Sage. Touché. La jeune femme n’avait pas tort. C’était se fourvoyer que de se dire que cela n’avait jamais été personnel. Mais que pouvait-elle dire de plus ? Il lui semblait que cette conversation tournait en rond. Sage semblait chercher quelque chose qu’elle n’allait pas lui donner. Quoi que ce soit, Lee ne le ferait pas. Lee ne s’excuserait pas. Peut-être parce que la vie lui avait appris à ne pas s’excuser. Que les excuses vous rendaient faibles. Elles laissaient transparaitre un cœur derrière ce visage fermé. Alors que Sage lui assurait vouloir la frapper. C’était Lee qui lâchait sa nouvelle, son secret. Comme si de rien était. Comme si ce n’était rien. Comme l’on parle du beau et du mauvais. Il n’’y avait pas de bonne façon d’annoncer une chose pareille. Et le tact, ce n’était pas vraiment son truc. Elle était probablement née sans. Son amie mis quelques secondes à répondre. C’était la réaction à attendre. Après tout, elles étaient brouillées. Qu’est-ce qui lui prouvait que sa santé l’intéressait toujours ? « Qui est au courant ? Je suis pas la seule j'espère. Merde Lee. Tu peux pas lâcher une bombe pareille. Pas comme ça. Pas quand...», l’interrogeait la brune. C’était ça, le petit détail qui changeait tout. Lee ne l’avait pas avoué à sa famille. La seule personne au courant en dehors de Sage, c’était Noam. Et ça, ça devait compter pour quelque chose. « Seulement Noam. Et toi. Juste vous deux pour l’instant. » , répondait la rouquine. Elle avait failli prononcer un « pour longtemps » à la place. Elle ne voulait pas que le cercle s’agrandisse de si tôt. Pas tout de suite du moins. Lee se voyait mal l’annoncer à ses proches. Il suffisait de s’imaginer leur regard qui changerait. Peut-être auraient-ils même de la pitié dans leurs yeux. Ça, ce serait pire. Pire que de s’imaginer mourir. S’imaginer apitoyer par les autres, ça lui foutait des frissons. « la pauvre Lee » qu’ils diraient, ces hypocrites. Et ça, Lee ne le tolérerait pas. Non, Lee était détestée. Elle était incomprise et complexe. Mais Lee ne serait jamais une victime. Non, jamais. Les victimes étaient faibles et sans défense à ses yeux. Et Lee, elle ne se laissait pas faire. Elle ne laisserait pas la vie lui marcher sur les pieds et la trainer dans la boue. Brusquement, Sage tournait les talons. Elle s’éloignait de quelques mètres. L’égérie s’arrêtait finalement pour la pointer du doigt. « T'as de quoi de payer tes soins ? Si non, je te passe le fric. Mais t'as intérêt à survivre. T'as pas le droit de mourir. Tu peux pas mourir sur mes bras. Je te jure que si tu crèves à cause de cette saloperie, je te ramène à la vie et je te tue de mes propres mains. T'as compris ? », la menaçait-elle. Sans lui laisser le temps de réagir, de peser ses mots, un éclat de rire s’échappait de sa gorge. Un sincère et profond éclat de rire qui s’était coincé dans sa gorge. Un rire bête. Un rire nerveux. Le genre d’éclat de rire qui n’avait pas demandé à sortir. Il s’était décidé de lui-même, ce coquin. Il la faisait probablement passer pour une folle. Elle avait probablement l’air débraillé avec sa boue, ses traits tirés et son teint pâle. Et maintenant, la voilà qui riait, qui riait comme une folle. « Je suis contente de constater que je peux compter sur toi, si je meurs. En plus, j’ai vu bien pire qu’un pauvre petit cancer. Et puis, depuis quand je laisse les autres me mettre une raclée, hein ?», finit-elle par dire alors que sa respiration était de nouveau régulière. Lee se relevait doucement. Sa tête lui tournait. C’était souvent le cas. La fatigue aussi ne la quittait jamais malgré un sommeil presque régulier. La rousse lui tendit la main. « J’aurais probablement dû agir différemment. Mais tu me connais, je ne fais jamais ce qu’il faut. C’est une mauvaise habitude. Truce ? », lâchait-elle en déposant son regard dans le sien. C’était ce qui s’apparentait à une excuse et ce serait définitivement le maximum qu’elle obtiendrait de Lee.

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Plus les minutes passent, plus Sage a le sentiment de devenir hystérique. Entre ses chaussures ruinées par la boue, ses cheveux en bataille alors qu'elle n'arrête pas de passer ses doigts dedans, d'envoyer valser des mèches dans tous les sens et son visage déformée par la colère. Oui, en fait, ce sont surtout ses émotions qui sont dans des montagnes russes. Il n'est pas midi qu'elle est passée par l'envie de fuir le monde entier (ou Carrie) puis par la tristesse, la frustration, la colère envers Sara et puis la rage, brûlante et dévastatrice, envers Lee qui la blesse et lui donne des envies de frapper. Et maintenant, la panique, la confusion, la peur, la tristesse, l'incompréhension. Quand Lee lui lâche - comme si c'était la chose la plus naturelle du monde, un 'mais au fait je t'ai pas dit' - qu'elle a un cancer. Un putain de cancer. Cette saloperie qui ronge le corps comme de l'acide et qui ne peut être anhilihé par un poison - un poison qui autant de chance de vous tuer. Et quoi ? Lee a un cancer. Sa meilleure amie, l'ancienne meilleure amie qui l'a trahie d'une façon des plus dégueulasses qui soit, risque de mourir. Et Sage essaie d'imaginer sa vie sans Lee. Elle ne peut pas. Peu importe à quel point elle lui en veut, elle ne veut pas se lever un matin en se disant que si elle veut revoir la rousse, les deux solutions qui lui restent sont de sortir l'album photo ou de se rendre au cimetière. Elle peut déjà se sentir plier sous le poids de cette révolution - après la disparition de Sara... Alors Sage laisse la colère familière reprendre le dessus. C'est facile d'en vouloir à Lee pour être malade, pour avoir partagé son secret avec Sage - qui à cet instant peu jurer être la dernière personne sur Terre à avoir voulu connaître la vérité. Un rire jaune échappe à Sage. Elle secoue la tête, désabusée - lève les yeux au ciel. Bien sûr, Lee l'a dit à Noam. A qui d'autre. Elle le connait Noam. Et elle sait à quel point il compte pour la rousse. Sage ne sait même pas pourquoi elle a posé la question. Ce qui la paralyse en revanche, c'est de savoir que Sage mérite de savoir - comme Noam. Quand elle se rappelle de la complicité entre Lee et son meilleur ami, ça fait d'autant plus mal de savoir que Lee pense à elle de la même manière parce que cancer ou pas, Sage ne peut pas oublier la trahison. Ca lui revient encore en pleine figure, comme une gifle. Comment Lee la considère comme son amie mais l'a trahie sans cligner d'un oeil. Est-ce que ce sera toujours comme ça ? Sage ne veut pas savoir. Alors, elle tourne le dos. Elle veut s'enfuir, elle ne veut pas être forcée dans cette galère. Elle ne va pas tenir la main de Lee quand elle aura besoin de chimio, quand elle aura envie de vomir, quand elle sera dans un lit d'hôpital. Mais elle n'a pas fait deux pas que Sage est submergée par l'idée qu'elle ne reverra peut-être plus Lee. Putain elle lui en veut... Mais elle ne peut pas l'abandonner. Alors elle fait demi-tour et lui dit à sa façon qu'elle l'aime. Lee éclate de rire et Sage fronce les sourcils devant cette crise de rire presque inapproprié dans un cimetière. Enfin, il y a quelques minutes, c'était elle qui criait. Elle a surtout l'impression que son amie ne prend pas la situation au sérieux. Elle pince les lèvres aux dires de Lee quand cette dernière reprend la parole après s'être calmée. « Tu me rediras ça quand tu seras en train de vomir à t'en déchirer la gorge, » claque-t-elle agacée. Ce n'est sans doute pas la chose la plus sympa à dire mais Sage n'est pas toujours connue pour son grand coeur. Et même si elle n'a plus envie de prendre la fuite, elle reste en proie à une myriade d'émotions qu'elle n'arrive pas démêler. Trop de pensées, de sentiments, elle ne sait plus par où avancer. Les prochaines paroles de Lee ressemblent presque à des excuses mais ce n'est pas assez pour Sage - toujours la personne exigeante qu'elle est, jamais satisfaite des petites choses. Elle tourne la tête sur le côté, ses cheveux glissant devant ses yeux, elle serre ses poings. « Je t'en veux toujours. » Plusieurs minutes de silence s'écoulent avant que Sage craque et ne s'élance vers Lee pour la prendre dans ses bras. Elle la serre à l'étouffer mais elle s'en contrefout, elle a besoin de sa meilleure amie à ses côtés. « Ca veut pas dire que je te pardonne, » marmonne-t-elle contre son épaule. Mais l'amour et l'amitié qu'elle a pour Lee ne peuvent pas disparaître comme ça. Elle a besoin de la rouquine dans sa vie. « Mais tu m'as manquée. Et tu restes ma meilleure amie. Alors soigne-toi ok ? Parce que je peux pas te perdre. Pas après Sara. » Et c'est peut-être vache d'évoquer Sara pour être sûre que Lee fera les choses correctement mais la brune est prête à jouer la carte de la veuve sans cligner d'un oeil si Lee accepte son aide - parce que Sage sait qu'elle en aura besoin. Comme Sage a besoin de Lee à cet instant précis pour lui assurer que tout ira bien.
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« Tu me rediras ça quand tu seras en train de vomir à t'en déchirer la gorge, » , répliquait la brunette. Un pincement dans son cœur. Son visage ne se décomposait pas pour autant. Ce n’était pas comme si Lee l’avait voulu ce foutu cancer. Non, ça lui tombait dessus. Et il n’y avait rien d’autre à faire que de le subir. C’était ça ou abandonner et se trancher les veines là tout de suite. Au début, cela lui avait semblé comme une solution délicieuse. Mais c’était bien trop difficile pour elle. Bien trop complexe de s’autoriser à abandonner, de s’autoriser à sauter sur la solution « de facilité ». Lee avait déjà essayé par le passé, une fois, dans ses heures sombres peu de temps après la mort de son mari de mettre fin à son calvaire. De mettre fin à sa vie sans lui. Son courage, son cran avait disparu. Il n’était jamais revenu depuis. Lee haussait les épaules. Il n’y avait pas vraiment de réponse à fournir à une affirmation pareille, n’est-ce pas ? Peut-être que oui. Lee ne voyait simplement pas quoi répondre. Lee se contentait de s’excuser un peu plus. C’était le mieux qu’elle pourrait faire. Ce n’était probablement pas assez. Lee ne demandait pas à son amie de lui pardonner. Juste une trève. Une pause. Un temps mort. « Je t'en veux toujours. » , lançait Sage. Lee n’en attendait pas moins. Il fallait reconnaître que Lee n’avait pas agi de la meilleure des façons. Mais de la seule façon qu’elle connaissait très certainement. Sage se rapproche d’elle pour la serrer dans ses bras. Ça lui ferait presque mal, la force avec laquelle la brune l’entoure. Pourtant, cette étreinte relâche ses muscles. Une larme s’égare sur ses joues rosées. « Ca veut pas dire que je te pardonne, » , marmonnait la demoiselle. Un sourire sincère se dessinait sur ses lèvres. Elle n’en attendait pas moins venant de Sage Prewett. C’était probablement pour cela que les deux demoiselles s’entendaient si bien. Elles se ressemblaient plutôt bien. C’était aussi cela qui blessait le plus Sage. Cette complicité qui semblait être là depuis toujours. Cette confiance que Lee avait trahie. Il n’y avait pourtant rien d’autre à faire que de laisser le temps passer. « Mais tu m'as manquée. Et tu restes ma meilleure amie. Alors soigne-toi ok ? Parce que je peux pas te perdre. Pas après Sara. » , Insistait l’égérie. Sa main gelée glissait pour trouver celle de son amie, elle effectua une légère pression sur celle-ci avant de déposer son regard dans le sien. Lee reculait de deux pas. Elle pris une profonde inspiration. « Je suis désolée à propos de Sara, commençait-elle. Je ne prétend pas savoir ce que tu traverses mais je sais combien ça fait mal de manquer quelqu’un qu’on aime, ça ne s’arrête jamais vraiment. Et peu importe combien j’aimerais le rejoindre, je ne compte pas abandonner sans me battre, Sage. Je ne me fourvoies pas, je sais très bien que ce ne sera pas une partie de plaisir toute cette histoire. Ma vie ne l’a jamais été très longtemps de toute manière. On n’a jamais vraiment le choix j’ai l’impression qu’on se contente de tout subir en serrant les dents et les poings. Mais je dois dire que je suis plutôt contente que la vie m’ait mené jusqu’à toi. Tu restes ma meilleure amie aussi et tu m’as manqué aussi. Alors je n’abandonnerais pas si tu n’abandonnes pas non plus. »

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Ca fait du bien de sentir le corps de Lee contre le sien. C'est familier pour Sage, elle, la fille toujours tactile qui effleure sans arrêt les gens à qui elle tient pour s'assurer qu'ils sont bien là, qu'ils ne vont pas disparaître. Et puis c'est une question de chaleur humaine aussi. Sage aime se sentir proche d'autres personnes et là, glacée par le temps humide qui pèse sur Omaha, la chaleur humaine de Lee est réconfortante. Elle se rappelle de toutes les fois où elle a sauté sur Lee pour la serrer dans ses bras avant de l'entraîner là où Sage en avait envie, les idées plein la tête. Quand elle s'écarte enfin, elle a presque mal dans les doigts tellement elle a serré son amie fort mais au fond, cette étreinte, c'est la hache de guerre enterrée. Sage n'oublie pas son coeur malmenée, sa confiance brisée mais la tempête en elle s'apaise. Lee est là, vivante pour l'instant et en ce moment, c'est bien tout ce qui compte. Un sourire timide - une expression qu'on ne voit presque jamais sur le visage de Sage ; elle toujours si déterminée dans ces choix, dans ce qu'elle veut. Finalement, c'est Lee qui la rassure. En glissant sa main dans la sienne, en lui montrant qu'elle est bien là à ses côtés, que leur dispute est finie pour l'instant et qu'elles peuvent simplement être ellees-mêmes. Ca enlève un poids sur les épaules de Sage. Un souci de moins auquel penser. Elle a retrouvé sa meilleure amie - une personne qui la comprend, à qui elle peut se confier et pour qui elle est présente. C'est une sensation agréable. Même l'annonce brutale du cancer s'est atténuée. C'est une conviction au plus profond de Sage, quelque chose qu'elle ne remet même pas en doute. Lee est une battante, elles viennent de se retrouver. La vie ne va pas être aussi cruelle - c'est une illusion, Sage le sait mais à cet instant, elle a besoin de s'y accrocher de toutes ses forces. Lee aussi semble confiante. Une expression peinée se dessine sur le visage de l'égérie quand la rousse s'excuse pour Sara. Il n'y a pas de quoi se sentir désolée, pense-t-elle. C'est Sara qui a merdé et Sage qui souffre. Sage est en colère mais pas désolée - elle ne trouve pas la force de l'être. Elle écoute les mots de Lee, sentant les larmes lui monter aux yeux face à son monologue. C'est tendre - peut-être trop pour Lee et Sage a envie de la serrer de nouveau dans ses bras, une étreinte à leur en briser les yeux. De sa main libre, elle essuie ses joues humides où quelques larmes ont coulé contre son gré. Elle renifle avant de se mettre à rire. « T'es chiante à être sentimentale comme ça. Tu me fais pleurer, » lance-t-elle d'un ton léger pour détendre la situation mais surtout pour cacher son malaise. Sage n'est pas faible. Elle ne se laisse pas entrainer au sol si facilement mais il semble que Lee soit une de ses faiblesses - parmi d'autres. Elle serre gentiment les doigts de la rousse entre les siens. « Merci, » finit-elle par dire. De quoi la remercie-t-elle ? Sage n'en sait trop rien mais elle ressent le besoin de lui dire. « Et je sais que tu vas battre cette saloperie. T'es Lee, tu laisses personne te mettre à terre. Et c'est tant mieux. Et tu sais que je suis ta meilleure amie aussi. Malgré tout ça, » Elle fait un grand geste de la main pour désigner les dernières minutes, leur engueulade. « Malgré tout ça, je suis là et tu le sais. Si tu as besoin de quoique ce soit, t'hésite pas. Si je peux aider, je veux le faire. » Et il est évident que Sage parle d'argent mais elle ne le dit pas à voix haute. Elle sait que Lee risque d'avoir plus de scrupules à prendre son fric si Sage lui offre de bon coeur et elles viennent de se retrouver. Elle n'a pas envie de se relancer dans une énième dispute. « Et je crois que moi aussi j'aurais besoin de ton aide. Je pense que je vais rompre avec Carrie, » balance-t-elle de but en blanc.
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Lee était le genre de personne qui aimait sans le montrer. Qui ressentait sans l’exprimer. Qui blessait sans le vouloir. Lee n’était pas très douée pour déchiffrer les indices, lire entre les lignes. C’était quelqu’un d’abrupte. Quelqu’un qui n’aimait pas tourner autour du pot qui préférait l’ouvrir et penser après. Pourtant, elle n’était pas toujours ainsi. Il y a des fois où Lee se forçait à prendre des gants. À peser le poids de ses mots, à penser avant d’ouvrir la bouche. Mais ce n’était probablement pas assez souvent et pas avec les bonnes personnes. Pourtant, là, face à son amie, à celle qui était ce qui touchait le plus à une meilleure amie, Lee prenait le temps d’exprimer son ressenti. Ce n’était pas grand chose. Son coeur avait bien plus encore à dire mais son esprit n’en avait pas envie. Sage repoussa une larme qui glissant sur sa joue avant de lâcher : « T'es chiante à être sentimentale comme ça. Tu me fais pleurer, » Lee lui sourit. Elle aurait presque pu rougir si une once d’innocence occupait encore son corps fébrile. Lee aurait pu probablement prétendre. Mais avec ses amis on ne prétendait pas. C’était ça qui était fantastique. Etre nous même sans ménagement, sans jugement. Enfin, juste du positif ou du constructif. Sage la remercia en serrant doucement ses doigts. « Et je sais que tu vas battre cette saloperie. T'es Lee, tu laisses personne te mettre à terre. Et c'est tant mieux. Et tu sais que je suis ta meilleure amie aussi. Malgré tout ça, précisait la belle en gesticulant pour englober tout ce qui venait de se dérouler. Lee lui adressait un large sourire. Celui sans les dents, celui qui éclairait ses yeux et naissait trop naturellement. Malgré tout ça, je suis là et tu le sais. Si tu as besoin de quoique ce soit, t'hésite pas. Si je peux aider, je veux le faire. » conclut-t-elle. Ses sourcils se froncèrent. L’argent. Toujours l’argent, ce foutu bonhomme qui faisait grimacer son porte-monnaie. Lee n’avait pas vraiment pensé à cet aspect de sa « condition ». Condition c’était tellement mieux que leucémie. Lee repoussait une de ses mèches de cheveux vers l’arrière de sa tête nerveusement. Sa bouche s’ouvrait puis se refermait indécise. Les mots cherchaient à s’échapper. « Tu penses que tu pourrais m’accompagner à mon premier rendez-vous à l’hôpital ? Je pense que ça lèverait un poids certain des épaules d’un brun pas vraiment très à l’aise avec la chose. », finit-elle par se décider à dire en déposant son regard sur ses pieds boueux. Son visage brulait presque. Le froid, le vent et la honte mélangés dans un cocktail de feu. Soudainement, Sage déclarait : « Et je crois que moi aussi j'aurais besoin de ton aide. Je pense que je vais rompre avec Carrie, » Son regard se reposait de nouveau sur son amie. Lee aimerait être surprise mais ce n’était pas le cas. La rouquine n’avait jamais vraiment compris comment une relation à trois avait pu fonctionner sans que l’un des parties ne se sente délaissé. Enfin, Lee était bien trop traditionnelle sûrement. Mais qui était-elle pour juger ? « Pourquoi cela ? Est-ce que tu as rencontré quelqu’un d’autre ? Ou est-ce que depuis la mort de Sara vous vous êtes éloignés ? Les deux solutions seraient tout à fait compréhensibles. »

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Sage ne se rappelle pas de la dernière fois où elle a ouvert son coeur de cette façon. Elle se dit que ça doit être encore plus étrange pour Lee parce qu'elle la connait, sa meilleure amie. Au fond, ces dernières minutes - heures ? - debout dans le froid à se crier dessus, à vider leurs sacs, ça ne serait pas arrivé si Lee avait été capable d'être honnête, de regarder Sage droit dans les yeux et lui dire la vérité. Ca aurait été désagréable mais toujours ce goût amer dans la bouche de Sage qui lui fait penser que ça en valait la peine. Ce n'est pas le moment de s'agacer de nouveau cependant, de briser l'équilibre fragile. Parce que c'est rare aussi que Sage s'ouvre autant. Quand on la connait mal, quand on pense qu'elle n'est qu'un joli visage, un corps de rêve et un compte en banque bien remplie, on la prend sans doute pour une écervelée ou une fille au rire un peu trop fort ou peut-être quelqu'un d'hautain qui se fiche bien de ce qu'il y a autour d'elle. En tout cas, on la remarque, on voit les grands gestes qu'elle fait, incapable de tenir en place, on entend sa voix qui s'exclame dès qu'elle a quelque chose à dire. Sage semble accessible, toujours à prendre le place de plus possible et on pense la cerner facilement, on croit que derrière chaque mot qu'elle prononce, il y a un bout d'elle, un morceau dévoilé mais ce n'est pas le cas. Sage, c'est comme le vent. Sauvage et insaisissable. Sage n'aime pas montrer qui elle est vraiment, dire ce qu'elle pense au plus profond d'elle-même, se présenter nue devant les autres, fragile, prête à être marquée par la cruauté des autres. Non, Sage parle parfois en énigmes, en phrases qui n'ont pas vraiment de sens, cache la vérité derrière des conversations futiles. C'est facile de se perdre sous son flot de paroles. Mais là, devant Lee, elle est aussi crue que la rousse, sans barrière pour se protéger. La vraie Sage, celle qu'elle ne laisse que ses amis les plus proches voir. C'est étrange de se dire que Lee en fait partie quand elle sait manquer de confiance elle. Mais comment ne pas vouloir lui faire confiance quand elle demande à demi-mots si Sage peut l'accompagner à son premier rendez-vous. « Bien sûr. J'irai avec toi et après on ira faire un truc stupide, boire un verre ou s'amuser. On ne va pas laisser cette saloperie tuer tout le fun en toi. Et tu sais que personne ne peut trouver des plans déjantés mieux que moi, » dit-elle avec le sourire, se forçant à rester positive (autant pour Lee que pour elle). Ce cancer ne doit pas tuer tout ce qu'il y a de bien dans la vie de Lee et Sage compte bien se battre main dans la main avec la rousse jusqu'à ce qu'elle soit sûre que son amie remporte la bataille. A y repenser, Sage se sent presque coupable d'avoir parlé si durement du traitement et de ses symptômes tout à l'heure. Elle n'a pas l'habitude de sentir de la culpabilité mais ces mots là, c'était peut-être ceux de trop. Alors, elle change de sujet, crache le morceau à Lee, quelque chose qu'elle lui aurait dit il y a des semaines déjà si elles ne s'étaient pas si violemment disputées. Carrie et elle, c'est fini. Ca a été fini au moment où Sara est morte mais couper les ponts a l'air plus difficile que Sage ne l'aurait cru. Elle soupire à la question de Lee et s'appuie contre une pierre tombale d'un inconnu, sans s'en soucier vraiment. « Avant de rencontrer Sara, je l'aimais Carrie mais j'étais prête à la quitter parce qu'avec elle, tout était... presque trop parfait. Sara, c'était une sauvage à l'état pur et avec elles deux, je me sentais bien. Elles étaient mon équilibre. Sans Sara... Comment Carrie pense qu'on peut continuer ? » Sage ne s'imagine pas avoir la vie heureuse et parfaite avec Carrie sans que Sara soit là pour l'apprécier, pour en profiter. Mais quitter Carrie, est-ce que ça ne revient pas à jeter leurs six ans de bonheur par la fenêtre ? Sage se sent confuse mais tout ce qu'elle sait, c'est qu'elle ne sent plus heureuse avec Carrie. Et puis... « T'es la première personne à qui je le dis mais... Le frère de Sara est venu récupérer ses affaires et il est tellement comme elle, tu peux pas savoir... Je l'ai revu plusieurs fois et... Il me plait, y a rien d'autre à dire. Il me plait vraiment. »
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« Bien sûr. J'irai avec toi et après on ira faire un truc stupide, boire un verre ou s'amuser. On ne va pas laisser cette saloperie tuer tout le fun en toi. Et tu sais que personne ne peut trouver des plans déjantés mieux que moi, » , répondit Sage. Ce fut une vague de soulagement qui parcouru Lee. C’était étrange pour Lee qui s’entêtait à prétendre n’avoir besoin de personne. Pourquoi ? Sûrement parce que cette vague de soulagement trahissait un besoin. Le besoin d’avoir sa meilleure amie à ses côtés. Sans elle, Lee trouverait sûrement encore un moyen de ne pas tenir sa promesse. Une promesse qu’elle avait faite à Noam et à Sage. Celle de ne pas abandonner la partie sans avoir jouer le premier set. En faisant entrer Sage dans l’équation, Lee savait qu’elle pouvait compter sur elle pour la forcer à y aller si jamais elle se décidait à ne pas vouloir sortir de la voiture. Lee avait déjà eut un premier rendez-vous celui où son médecin lui avait délivré les résultats et expliqué qu’elle avait une leucémie. Que les chances de réussite du traitement étaient plus importantes si celui-ci était commencé tôt. Lee lui retournait son sourire. Elle l’écoutait alors lui parler ses amours. Lee commentait alors cherchant à en savoir plus pour pouvoir l’aider véritablement. « Avant de rencontrer Sara, je l'aimais Carrie mais j'étais prête à la quitter parce qu'avec elle, tout était... presque trop parfait. Sara, c'était une sauvage à l'état pur et avec elles deux, je me sentais bien. Elles étaient mon équilibre. Sans Sara... Comment Carrie pense qu'on peut continuer ? » , s’interrogeait la brune. Une moue se dessinait sur ses lèvres. C’était triste ce genre de choses lorsque deux êtres s’éloignaient. Lee avait déjà plus de facilité à cerner leur relation et la situation avec ses explications supplémentaires. Cependant, Lee n’avait jamais vécu ce genre de choses mais à ses yeux, lorsqu’on était malheureux dans une relation, il valait mieux l’arrêter. Les chances étaient que le sentiment était réciproque. Et en terminant la relation, c’était faire une faveur à l’autre. Mais qu’en savait-elle vraiment ? Lee n’avait véritablement et sincèrement aimé qu’un seul homme dans sa vie. « Alors tu ne devrais pas continuer. Peut-être que tu seras la méchante de l’histoire mais au moins ça t’enlèvera un poids. » , répondit-elle en haussant les épaules. Il lui semblait que c’était la solution. Cependant, Lee était rarement très attachée à considérer les sentiments des autres. Et si cela les blesserait. Elle n’était pas sans cœur pour autant. Peut-être juste trop attachée au sien. « T'es la première personne à qui je le dis mais... Le frère de Sara est venu récupérer ses affaires et il est tellement comme elle, tu peux pas savoir... Je l'ai revu plusieurs fois et... Il me plait, y a rien d'autre à dire. Il me plait vraiment. » , Poursuivit l’égérie. Un sourire se dessinait au coin de ses lèvres. Le genre de sourire taquin qui était familier à bien des femmes. Elle pouvait voir dans ses mots et dans sa façon d’agir qu’elle l’était véritablement. Un crush comme on dit si bien. Ces sentiments qui vous transportaient. Ce sourire quand vous parlez de celui-ci. Ce regard qui s’éclairait. Ces pensées qui vagabondaient. Ce cœur qui s’emballait sans votre accord. Ces papillons même parfois qui s’invitaient dans votre estomac. « Alors tu devrais sauter sur l’occasion. Qui sait si tu le reverras un jour ? Regarde, Aar… Hum… enfin, ce que je veux dire c’est que tu ne sais pas quand tu auras une occasion encore. La vie est trop courte pour la passer à se demander si c’est une bonne ou une mauvaise décision. Si ton cœur le désire, screw ta conscience. Live a little, honey. You will figure out the rest later. » , s’emportait Bjornson. Son ton était plein d’entrain et pourtant, elle n’avait pas réussi à se résoudre à prononcer le nom de Aaron, son défunt époux. Et pourtant, toutes les histoires d’amour lui rappelaient son Aaron.

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