what's going on in your beautiful mind ⚜ teo

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La vie de Lee prenait un tournant inattendu. Ce n'était pas la première fois et sûrement pas la dernière. Sans aucun doute celui-ci n'était pas un des plus faciles. Lee avait eut son premier rendez-vous auquel Sage l'avait accompagné. Lee pouvait encore entendre la voix du médecin lorsqu'il l'avait fais entrer dans son bureau. La première où elle avait entendu le mot "leucémie". Cette sensation de perdre pieds qui l'avait enveloppé. Ce sentiment d'être perdu dans les profondeurs, d'entendre le reste du monde comme du fond d'une grotte. Du fond de l'angoisse qui l'agrippait par les pieds pour la tirer vers le fond. Son coeur qui battait dans ses oreilles. Sa respiration qui devenait saccadée. Et les seules mots qui avaient réussi à sortir était qu'il venait de lui faire une très mauvaise blague. Puis la jeune femme s'était relevée et était partie sans un mot de plus. Et puis, il avait eut ce moment où elle en avait parlé à Noam. Et celui où Lee l'avait laissé glissé de ses lèvres lors d'une dispute avec Sage. Et enfin, il y avait aujourd'hui. Aujourd'hui où Lee ne tenait pas en place. Lee ajustait sa jupe qui ne cessait de remonter. Lee réarrangeait son collier. Elle passait la main dans ses cheveux. Ses genoux tapaient contre la table en bois du café. Lee attendait. Elle attendait Téo. La rouquine était anxieuse. Anxieuse de faire face à celui avec qui elle partageait tant de point commun. Une famille en débris, emprunté un rôle qui n'était pas le sien pour survivre. Se laisser porter par le vent, continuer d'avancer, se démener malgré les difficultés. La famille était sacrée pour eux. La famille c'était ce pourquoi ils s'étaient démenés tant de fois. « Bonjour. » , lâchait nerveusement la petite rousse alors qu'il roulait dans sa direction. Ça lui faisait mal de le voir comme ça. Il devait souffrir. Il avait dû souffrir. Voir des choses terribles. Et voilà, qu'il revenait avec un cadeau pour le remercier de sa bravoure. Une blessure de guerre. Lee en avait eut mais jamais des aussi authentiques, jamais des aussi terribles. La vie était injuste. La vie s'en prenait toujours aux mauvaises personnes. « Et si j'allais commander ? Je te dois bien ça pour t'avoir embêté aussi souvent par le passé. Tu veux quoi ? » , l'interrogeait la demoiselle en déposant son regard émeraude dans le sien. Parce que Lee était un tyran, la jeune femme se relevait sans lui laisser le temps de répondre avant de disparaître vers le comptoir. Elle revenait quelques minutes plus tard avec deux boissons. Déposant l'une d'elle devant lui, l'américaine lui dit : « J'espère que t'aimes toujours. Sinon, tant pis pour toi. »

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Le soupire qui s’échappe de mes lèvres représente parfaitement la situation. Un con, dans sa baignoire qui galère pour remonter sur sa chaise roulante. C’est ce qui arrive, lorsque l’on demande un peu d’autonomie et d’indépendance. Cela n’a rien de simple et pourtant, je sais malgré tout que je n’ai guère le choix. Il faut que je fasse avec et que cela me plaise ou non, la situation reste la même. Et il n’y a rien à faire de plus. J’en suis convaincu. Il me faut plus d’une dizaine de minutes pour me redresser suffisamment, par la force des bras, pour grimper sur ma chaise. J’ai encore bien trop de difficultés pour améliorer tout ça. Ce n’est pas gagné, et cela ne risque pas de s’arranger. C’est même impossible, j’en suis convaincu. Plus d’une heure plus tard, je suis enfin prêt à sortir. Il est fou de voir le temps qu’il faut à quelqu’un comme moi pour se laver et s’habiller. Mes cheveux sont encore mouillés, j’en ai déjà marre de la vie pour aujourd’hui et je n’ai qu’une seule envie, celle de retourner me coucher. Pourtant, c’est impossible puisque je suis supposé retrouver Lee dans une demi-heure, au café. Heureusement que je vis au rez-de-chaussée de mon immeuble, sinon, j’aurais tout fait pour abandonner la situation. J’en suis certain. Mais il s’agit de Lee, il s’agit de quelqu’un sur qui je peux compter, et je suis persuadé qu’elle le prendrait mal, si je ne venais pas. Hors de question de lui faire de la peine et pour cette raison, me voilà enfin devant le café, alors qu’un nouveau soupir s’échappe de mes lèvres. Il faut que j’arrête d’être ainsi, mon psychologue a même été jusqu’à prétendre que j’allais finir par tomber en dépression. Comme si on pouvait mettre un mot sur tout… Entrer dans le café est un exercice complet. Il y a une marche et de ce fait, je dois attendre qu’un employé me repère et mette une petite rampe. La honte, je n’aurais pas dû venir. Rester chez moi au final, ce n’est pas si mal. Au moins, dans ma grotte, je peux aller partout. Et c’est non négligeable. Je la repère enfin un peu plus loin et un sourire se glisse un peu sur mes lèvres. Au moins, mes proches sont toujours là pour moi, je suppose que c’est déjà ça. A défaut de pouvoir rencontrer de nouvelles personnes, puisque le fauteuil bloque les esprits des gens. Comme si j’étais plus con qu’un autre, juste parce que j’ai perdu mes jambes en Syrie. « Bonjour. ».

Mon ton est froid, comme toujours depuis que je suis revenu. Et je suis un parfait connard. Bien sûr. Mais c’est toujours la première impression que je renvoie, il suffit d’aller un peu plus loin, et il suffit, en général, de voir la chaise roulante, pour que les gens se reprennent. Lorsqu’elle propose d’aller commander pour moi, je lève doucement les yeux. Je ne veux pas me montrer violent, ou froid, ou désagréable, même si je le suis, bien sûr. Mais depuis que je suis revenue, je peux voir que tout le monde veut m’aider. Tout le monde veut constamment m’aider et ça ne veut pas dire que c’est facile à vivre. Ca ne l’est absolument pas. Et j’en ai franchement marre. Bien sûr, dans notre situation, je ne peux pas prétendre que je vais aller chercher nos boissons et tout ça, je ne serais même pas capable de porter les deux boissons tout en roulant. Mais… Cela ne veut pas non plus dire que je tolère qu’on m’aide sur tous les points. Lee veut être agréable, mais perso, ça me gonfle. Il faut que je me reprenne. Il le faut vraiment. Et il faut aussi que j’arrête de voir le mal partout mais ça.. Je n’ai pas encore réussi à le passer outre. « Oui bien sûr. Tu peux bien faire ça, surtout que la plupart du temps, c’était moi qui allait nous chercher à boire, avant ». Un semblant de sourire se glisse sur mes lèvres alors que j’aimerais que la situation se détende. C’est moi qui pourri l’ambiance, bien sûr. Mais… Je fais de mon mieux. Elle revient, quelques minutes plus tard, avec des boissons. « C’est parfait pour moi, merci ». Je souris doucement, cette fois, ce sourire semblait bien plus réel que le précédent. Je ne sais plus comment être agréable. Et c’est ce qui me bouffe le plus. La mauvaise humeur qu’apporte cette chaise se répand sur tout ce que je touche, ou approche.
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Lee se focalisait sur elle-même. Elle se refermait au reste du monde. Elle s’emportait contre le monde. Lee s’amusait à prétendre que rien n’allait changer. Que tout resterait pareil. Pourtant, ce ne serait pas le cas. Jamais. Il y aurait du changement assurément. La vie ne s’arrêtait jamais. Pour rien ni personne. Son sourire était crispé. La demoiselle n’en faisait qu’en sa tête. Elle menait sa vie avec une poigne d’acier. Elle entrainait les autres dans sa quête de la perfection. Tout devait toujours être sous contrôle, sous son contrôle. Il n’y avait pas d’autre façon de faire. C’était la sienne et pas une autre. Comme par exemple alors que Lee s’en allait chercher des boissons pour Téo et elle, sans lui laisser le temps d’exprimer son avis. Ses questions comme bien souvent n’était que rhétoriques. Il prenait le temps de répondre pourtant. Ses paroles entraient et ressortaient alors que Lee s’était déjà relevée et préparée à partir. Elles n’étaient que le top départ. « Oui bien sûr. Tu peux bien faire ça, surtout que la plupart du temps, c’était moi qui allait nous chercher à boire, avant » , avait-il répondu avec un sourire qui sonnait faux. Alors que Lee attendait dans la queue pour passer commande, la rouquine tâchait de s’imaginer. S’imaginer ce que ça pouvait faire. Mais ça lui était impossible. Une boule au ventre, la belle se mordillait l’intérieur de la joue. Son comportement n’avait sûrement pas aidé. Elle avait du mal à savoir comment agir avec lui. Cela ne durerait sûrement pas longtemps. Ils se ressemblaient bien trop pour ça. « C’est parfait pour moi, merci ». , lui indiquait le soldat. Un sourire se dessinait au coin de ses lèvres. Lee ne le connaissait pas si mal que cela alors. Elle plissait les yeux en s’asseyant de nouveau sur son siège. Peut-être que si elle essayait d’oublier le fauteuil, d’en oublier la vision déroutante, les choses seraient moins… Crispées. La petite rousse pris une gorgée de son café. Son médecin lui avait conseillé de parler de sa « situation » –comme elle s’était décidée à la nommer – à ses proches. C’était ce que Lee comptait faire. Lui annoncer et pour cela, il lui fallait oublier la chaise et voir juste Téo. Son Téo avec son sourire craquant, ses cheveux en bataille, celui qui avait un passé pas si éloigné du sien. Celui sur qui il y a des années lumières, Lee avait eut un crush. Son regard s’osait enfin à rencontrer le sien. « Pas si mal ce café. » , commentait-elle pitoyablement. Elle n’avait jamais été très doué pour démarrer ou entretenir des conversations. Parler n’était pas son fort. Elle préférait écouter et analyser. Trouver des solutions pour les autres. « Ta sœur va bien ? », l’interrogeait-elle. C’était ce qui s’appelait patauger. La rousse pris une autre gorgée avant de poser ses mains gelées contre le gobelet en plastique. Elle se mordillait la lèvre inférieure. « En faite, la raison pour laquelle, je déblatère comme une imbécile depuis 5 minutes est parce que j’aimerais te parler de quelque chose mais je ne sais simplement pas comment le dire… Ça et ta putain de condition. Oh man, ça craint toute cette histoire. » Bonjour le tact. Rien d’étonnant cependant. Elle était sûrement née sans car les pincettes ce n'était pas de son ressort.

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Je sais que je ne suis pas facile à vivre, je ne le sais que trop bien, mais j’ai beau faire de mon mieux, cela ne me réussit pas vraiment. Bien sûr, me comporter en gros con ne peut pas faciliter le comportement de mes proches, ils ne sont pas toujours faciles non plus hein, mais disons que je fais de mon mieux Je me pose toujours en victime, je le sais. Et je sais aussi que cela ne plaide pas ma cause. Mais j’imagine qu’i me faut du temps, sans doute trop de temps, pour la plupart des gens, mais oui, j’aimerais avoir le temps, j’aimerais pouvoir souffler, bien que cela n’ait absolument rien d’évident. Mais il suffisait de regarder la situation qui se présente devant moi. Lee est tendu, elle ose à peine me regarder et c’est à ce genre de regard que j’ai droit, depuis que mes jambes sont mortes. Voilà pourquoi je n’aime pas sortir, voilà pourquoi je me sens si mal, à chaque instant. Je déteste voir les gens être aussi gênés à mon contact, surtout ceux qui comptent pour moi, cela me rend dingue. J’aimerais que tout redevienne comme avant, mais j’ai bien vite fini par comprendre que c’était impossible. Maintenant, je dois vivre avec ces regards de compassion ou de pitié, je dois vivre avec ces cons. « Elle va bien ouais, toujours pareil ». Je réponds un peu trop froidement, j’imagine, je ne lui facilite pas vraiment la tâche mais sa gêne est en train de vraiment m’énerver, et je vais sans doute finir par vraiment craquer. Mais je n’ai pas le droit de m’en prendre à Lee, c’est peu évident, je le sais, mais je ne dois pas m’emporter à propos d’elle, cela ne peut pas fonctionner comme ça, quoi que je puisse bien vouloir en dire. Il faut que je fasse de mon mieux et ça n’a jamais été facile, cela ne le serait pas plus tard non plus. Il faut que je me reprenne. « Désolé… ». Je baisse lourdement les yeux, honteux. Lorsqu’elle se met à dire qu’elle a quelque chose à me dire, je relève le regard et le pose sur elle. Le temps d’un instant, je me questionne à propos de tout ça, je n’y comprends pas grand-chose. Je ne me sens pas très à l’aise, et ce qu’elle s’apprête à me dire me terrifie légèrement. Mon comportement n’est pas facile à vivre, je le sais bien, mais j’essaie vraiment d’arranger les choses. Mais cela n’a rien d’évident. « Hm… Bah vas-y, lances toi hein. Et ouais… Je sais que ça craint ». Un sourire triste finit par lourdement se glisser sur mes lèvres. Est-ce que cela veut dire que c’est facile ? Non, bien sûr que non. Ma situation craint ouais, et elle va craindre encore longtemps. Le psy prétend que tant que je n’accepterais pas la situation, cela ne s’arrangera pas. Oui, peut-être, mais je ne sais juste pas encore comment arranger les choses. Et de ce fait, cela me demandera encore un peu de temps. Mais pour qu’elle aborde son problème de cette manière, je suppose que les conséquences vont être insupportables. Cela peut sembler dingue, mais je vois bien que ce qui cloche semble plus grave qu’on ne pourrait le vouloir.
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« Elle va bien ouais, toujours pareil » , répondit-il. Lee hochait la tête. La demoiselle faisait tourner sa bague autour de son doigt. La bague qui signifiait son union avec son défunt époux. À la vie et à la mort, s’étaient-ils promis. Et peut-être seraient-ils bientôt réunis. Son sourire s’effaçait. Elle s’emmêlait les pinceaux ne sachant plus vraiment comment s’y prendre. Finalement, Lee lâchait les choses telles qu’elles étaient. Tourner autour du pot, Lee n’était pas très douée pour ça. C’était sûrement pour cette raison qu’elle disait les choses comme elles étaient. Comme elle les voyait. « Désolé… Hm… Bah vas-y, lances toi hein. Et ouais… Je sais que ça craint » , l’invitait Téo. Son regard se déposait dans le sien. Dans son regard toujours aussi familier. C’était sûrement la seule chose qui lui semblait reconnaître du jeune homme. Mais la guerre changeait un homme. Du moins, à ce qu’elle avait entendu d’un des habitués de son pub. Un homme qui buvait pour oublier ses démons. C’était sans savoir qu’ils apprennent à nager ainsi. Il lui racontait parfois ses débris de souvenirs de guerre. Ce n’était pas joli. Ce n’était pas emballé dans un joli petit noueux. La vie ne l’était jamais. Elle déglutit. Elle fit tournoyer de nouveau sa bague. Elle glissait son autre main dans sa poche, touchant le métal rassurant des clés de son pickup. « Je… J’ai… Je suis malade. Ça fait un petit moment maintenant que ça a été découvert. J’ai commencé à prendre un traitement. Le médecin a mentionné le taux d’efficacité de la chimio. Mais quand je te vois, quand je vois comment t’as mal et combien les autres ont du mal à faire face. Je me dis que les statistiques ne veulent rien dire. Je me souviens très bien avant que tu partes, j’ai regardé des statistiques. Laisse moi te dire que c’était des mensonges. Je suis sûre que quand tu t’es inscris ils ne t’ont pas dit que t’aillait te faire avoir ainsi. Je ne ferais pas cette putain de chimio. Je ne veux pas de perruques. Je ne veux pas perdre mes cheveux. Je ne veux pas qu’on me regarde différemment. Je veux juste être moi-même. Et je suis sûre que toi aussi. Toi aussi ça te donne envie de vomir leurs putains de regards. Alors faisons un deal, tu changes pas ta vision de moi et moi non plus ? » Son regard suppliant dans le sien. Son visage anxieux. Ses mains tremblantes. Son pou qui s’accélérait. C’était la première fois qu’elle l’avouait à voix haute. Elle ne s’était pourtant pas résolue à prononcer le mot en « C ». C’était bien trop tôt pour ça.

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Je ne suis pas très fin, c’est vrai. Dans mes gestes, dans ma façon de regarder les gens, et même dans la manière que j’ai de soupirer. Je suis insupportable, chiant et j’irrite tout le monde. Bien sûr, le monde m’irrite aussi mais disons que l’un ne va que très rarement sans l’autre et c’est la partie qui peut se montrer vraiment insupportable. Alors oui, je veux bien croire qu’il y a l’art et la manière de faire les choses et qu’il s’agit de quelque chose dont je n’ai jamais entendu parler. Enfin… Si, bien sûr, mais je n’ai jamais été très doué avec les mots, j’imagine que cela s’est déjà vu et j’en suis tellement désolée que je suis prête à bien des choses pour que la situation s’arrange. Mais je ne suis plus le gars que j’étais, de toute manière. La sympathie et la politesse se sont envolées avec mes jambes, tout comme bien des choses mais j’en suis plus triste que je ne voudrais l’être. Et cela m’insupporte tellement que je ne sais plus quoi en dire. J’ai peur de blesser les gens, peur de faire du mal à tout le monde. Mais je cherche à me reconstruire. Disons juste qu’il n’y a pas l’ombre d’un mode d’emploi pour que j’y parvienne. Et c’est ce qui me fout en l’air. Un soupir s’échappe de mes lèvres tandis que Lee est partie nous chercher à boire. Je passe doucement une main sur mon visage, je tente vainement de me calmer mais il n’y a rien à faire, je suis maladroit et clairement mal à l’aise à propos de tout ça. Je ne le supporte tout simplement pas d’être comme ça mais il me faut du temps, et un livre me permettant de comprendre comment aller de l’avant. Je n’en sais juste rien. Et de ce fait, je suis supposé faire attention à tout ce que je dis, ou à tout ce que je fais. Mais cela ne me réussit pas et j’ai peur. J’ai tellement peur qu’il faudrait que je me rattrape. Pourtant, quand elle revient, avec ce truc à me dire, j’en finis par croire que quelque chose ne va pas et que cela finira par nous retomber dessus. Et je ne suis pas à l’aise avec cette idée. Les mauvaises nouvelles, cela me connaît, alors j’ai du mal à entendre la sienne… Et il me suffit d’entendre trois mots pour comprendre à quel point cela risque d’être difficile. Mon regard se fait dur, mes yeux se baissent… « je suis malade », ce sont des mots que l’on ne dit pas pour rien. Je l’écoute continuer. Je l’entends me parler de chimio et je comprends déjà ce qui ne va pas. J’ai peur pour elle. Tellement peur que je ne me sens pas du tout à l’aise avec tout ça. J’ai envie de revenir en arrière. Mais je comprends ce qu’elle ressent, contrairement à la plupart des gens. Je sens les regards des gens, les attentions insupportables ou ce genre de choses. C’est un truc que je peux facilement comprendre. Mais je ne sais juste pas où donner de la tête. Bien sûr, l’idée me prend, le temps d’un instant, de m’en prendre à elle. Et ce n’est absolument pas la bonne solution. Je ne peux pas me permettre de me montrer désolé, je ne peux pas me montrer insupportable, parce que ce n’est pas pour moi. Mais à côté de ça, je ne peux pas nier que ce n’est pas évident. J’ai perdu mes jambes… Mais elle pourrait y perdre la vie… Pourtant je me reprends, il ne faut pas que je sois cette personne, je n’ai pas le droit de lui faire ça alors que c’est le comportement que je fuis moi-même. « Ces regards ne partiront pas, malheureusement. Tu pourras bien dire ce que tu voudras, cela ne risque pas de s’arranger. Après, fais gaffe quand même, si tu ne fais pas de chimio hein… Je n’ai pas non plus envie que tu te ramollisses ». Un sourire en coin se glisse sur mes lèvres. Rien ne se prête à l’amusement, bien sûr. Mais je n’ai pas le droit d’avoir pitié, je n’ai pas le droit de me monter comme ces personnes que je déteste. Je dois me montrer meilleur. « Mais tu sais… Y a beaucoup de perruques qui sont sympas. Et puis bon… Les rousses, c’est passé de mode ! »
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Lee s’était enfin décidée à cracher le morceau. Ça lui donnait l’impression de cracher sur les gens que de leur dire un truc pareil. Ça l’agaçait. Ça l’insupportait de se montrer si faible, si fragile. Elle avait envie de leur dire que ce n’était rien d’insurmontable, qu’elle s’en balançait d’être malade. Que ça ne la tuerait pas. Mais ce n’était pas vrai. C’était se mentir, leur mentir. Et Lee était fatiguée de mentir. C’était fatiguant finalement de se battre. Elle en avait marre de toujours attendre que l’autre chaussure tombe. Elle avait envie de la faire tomber d’elle même ou de la coller avec de la glue extraforte afin qu’elle arrête encore de s’échouer sur le sol. Lee paniquait et ne pensait qu’à des solutions temporaires. Elle avait envie de s’arracher les yeux, les oreilles et la langue. Elle avait envie de s’empêcher de prononcer ces putains de mots. ‘ Il est sur un fauteuil roulant bon dieu pourquoi t’essaies de l’achever ainsi ? Tu ne crois pas qu’il en a déjà assez sur ses épaules pour que tu lui en rajoutes ? ‘ Se maudit-elle. Son cœur s’emportait dans sa poitrine. Elle aimerait pouvoir reprendre les mots. C’était trop tard pour ça. Ils s’étaient envolés de ses lèvres. Elle n’aurait pas pu lui cacher cela plus longtemps pourtant. Sa gorge se nouait. La petite rousse s’enfonçait dans son siège cherchant à se faire toute petite. Comment osait-elle comparer sa situation à la sienne ? Pourquoi la situation devait-elle autant lui échapper ? Sa main se déposait sur la table en bois. Effleurant le bois du bout des doigts, son regard se posait sur sa bague. Elle la fit tournoyer un instant. « Ces regards ne partiront pas, malheureusement. Tu pourras bien dire ce que tu voudras, cela ne risque pas de s’arranger. Après, fais gaffe quand même, si tu ne fais pas de chimio hein… Je n’ai pas non plus envie que tu te ramollisses » , entendit-elle. Son regard surpris se relève pour croiser le sien. Elle aurait presque envie de sourire ou de rire à sa dernière remarque si elle en avait la force. Mais la force était un peu la chose qu’il lui manquait. Un sourire passait sur le coin des lèvres du jeune homme. Un instant, il lui semblait retrouver son Téo d’autrefois. Celui à qui elle pouvait avouer des choses que même à Noam, elle était incapable de dire. « Mais tu sais… Y a beaucoup de perruques qui sont sympas. Et puis bon… Les rousses, c’est passé de mode ! » , conclut le brun. Et là, un large sourire s’invitait sur ses lèvres. Il avait ce don pour savoir exactement ce qu’elle aimerait entendre. C’était terrifiant et fascinant, surtout très rassurant. Ils avaient toujours eut cette facilité à s’accorder, à se comprendre. « Je ne serais jamais passée de mode. » , répond la rousse du tac au tac. Elle passait la main dans ses cheveux avant d’observer un instant la fumée qui s’échappait de son gobelet de café. Ce n’était pas qu’au sujet de ses cheveux. C’était sa vie qu’elle avait peur de perdre. Et si c’était le cas, se souviendrait-on seulement de toutes les choses qu’elle n’avait pas faites correctement ? La liste était déjà bien trop longue. « Le point positif est que maintenant si je me fais prendre en faisant des choses illégales, je pourrais sûrement faire appel et éviter la prison. Comme toi j’imagine d’ailleurs. Pas que ce soit dans tes habitudes autant que dans les miennes. » , tentait-elle de plaisanter. Il valait mieux en rire qu’en pleurer indéniablement. Son regard s’osait à croiser le sien de nouveau. Et si ses yeux pouvaient parler, ils auraient probablement transmis combien Lee était terrorisée en cet instant. Elle ne prenait pas peur facilement. La rousse ne se souvenait pas avoir un jour ressenti quelque chose d’aussi fort. C’était comme si l’idée même d’être malade l’enfonçait, l’enveloppait. La même rouquine qui répétait sans cesse que rien ne l’effrayait, qui marchait entre les lignes, qui disait les choses comme elles étaient et n’accordait pas d’importances aux conséquences. Elle se croyait invincible. Elle se clamait intouchable. Et pourtant, la voilà qui était là face à lui submergée par la peur, par la réalité des choses qui la frappait dans le ventre. The knock-out punch. Sa lèvre inférieure tremblait. Il lui semblait qu'elle allait s’effondrer, se briser là tout de suite sous ses yeux. Il en était hors de question. Alors, la petite rouquine serrait les dents avant de prendre une gorgée de son café.

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