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 terminé ✲ we counted all our reasons, excuses that we made (jodel)

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MessageSujet: terminé ✲ we counted all our reasons, excuses that we made (jodel)   terminé ✲ we counted all our reasons, excuses that we made (jodel) EmptyLun 19 Jan - 17:51



jodel


« Bonjour Monsieur Hepburn ! » lança Adel, tout sourire. Ce n'était que le deuxième jour que le bistro était ouvert et c'était pourtant déjà la deuxième fois qu'il s'y rendait. Cela ne pouvait qu'encourager le jeune homme, que le conforter dans l'idée qu'il avait bien fait de faire ce qui lui tenait à cœur : cuisiner. Tout avait été minutieusement préparé pendant près d'un an, au détail près, et le résultat était là. Depuis onze heures et demi la veille, tout s'était déroulé à merveille, sans anicroche. En plus de ça, le bistro avait été bondé dès son ouverture et il avait reçu de nombreux compliments sur les plats qu'il avait concocté, ainsi que sur l'accueil qu'il donnait. Il ne pensait pas pouvoir être plus heureux, à vrai dire. « Qu'est-ce qui vous ferait plaisir, aujourd'hui ? » Le sourire d'Adel ne faiblissait jamais. Il était sincèrement heureux, comme il ne l'avait pas été depuis au moins trois ans, depuis que Joséphine l'avait quitté à la porte de leur propre appartement. Il balaya cette pensée de son esprit et prit en note ce que désirait son client, le plus fidèle jusqu'à présent. Une fois la commande prise, il zigzagua entre les différentes tables pour s'assurer que tout le monde était à l'aise, que tout le monde avait ce qu'il lui fallait, que tout le monde avait commandé. Il retourna en cuisine et se posa quelques secondes, afin de souffler. De l'ouverture jusqu'à la fermeture, c'était le rush complet et il n'avait pas une minute à lui. C'était assez éprouvant en réalité, et il était rentré la veille au soir, complètement fracassé. Il s'était avachi dans son canapé et n'en était ressorti qu'au petit matin, encore habillé. Il avait loué un petit studio en centre-ville, espérant cependant que ce ne serait que temporaire. C'était trop petit, trop étroit, trop impersonnel. Son appartement avec Joséphine lui manquait terriblement, mais il n'y avait bien sûr aucun moyen qu'il y retourne. Il ne savait même pas ce qu'elle en avait fait. Aussi bien, ses parents continuaient toujours de le payer ; mais quand bien même il aurait toujours été à disposition, il ne se voyait vraiment pas y retourner tout seul. Et dans l'hypothèse que ça ne l'aurait pas dérangé, il n'avait tout simplement pas le droit. C'était autant son appartement que celui de la jeune femme et il ne pouvait pas se permettre de l'habiter sans son accord ; accord qui serait difficile à avoir. Cela faisait trois ans qu'ils ne s'étaient pas adressés la parole, qu'ils n'avaient pas eu de nouvelles l'un de l'autre, ne serait-ce que par mail ou sms, ne serait-ce que par les amis d'amis. Joe aurait pu être morte qu'Adel n'aurait même pas été au courant. Il frissonna à cette pensée et reprit ses esprits, s'attelant à la commande de Monsieur Hepburn. Il ne pouvait pas se laisser distraire par une fille qui l'avait vulgairement plaqué alors qu'il s'apprêtait à partir pour le front. Il ne pouvait pas la laisser gâcher les plats qu'il présenterait, alors qu'elle lui avait déjà gâché sa vie - autant qu'elle l'avait rendue meilleure, d'ailleurs. Il ne savait pas vraiment pourquoi il repensait à elle, maintenant, alors qu'il s'était fait la réflexion à de nombreuses reprises qu'il n'avait pas envie de lui reparler. Pourquoi le voudrait-il, après tout ? Pourquoi voudrait-il revoir celle qu'il avait longtemps considéré comme la femme de sa vie ? ... La question valait la peine d'être posée. Adel souffla un bon coup et se replongea dans sa cuisine, se concentra sur le soufflé aux aubergines et sa sauce aux champignons.

« Et voilà pour vous. » Il tendit son plat d'entrée au sexagénaire en costume trois pièces et se dirigea vers une table qui avait finit. « Ça a été ? » demanda Adel, le sourire jusqu'aux oreilles. Il ne restait plus rien dans les assiettes et les yeux brillants de la famille lui suffirent comme réponse. Il se retourna, les quatre assiettes dans une main, le plat à gratin dans l'autre, avec l'intention de ramener tout ça en cuisine. Il n'avait pas fait trois pas que la porte du bistro s'ouvrit. Instinctivement, il tourna la tête et, sans cesser de sourire, salua automatiquement la personne qui venait de faire son entrée. « Bonjour ! Bienvenue chez... » Chez vous. C'est ce qu'Adel avait voulu dire, c'était le petit slogan qu'il avait trouvé pour que les clients se sentent à l'aise, et à en juger par l'ambiance qui régnait cela fonctionnait plutôt bien. Mais Adel n'était pas arrivé à finir la phrase pourtant maintes fois répétée dans la journée, parce que la personne qui venait d'entrer n'était pas une cliente lambda. « Joe... » Ce n'était pas une question. Il n'y avait pas de doute sur l'identité de la jeune femme, qu'il aurait pu reconnaître entre mille. Il cligna des yeux à plusieurs reprises et sa respiration s'accéléra, subrepticement. Il sentait les regards des clients braqués sur eux alors qu'Adel restait bloqué au milieu de la salle, les mains remplies d'affaires à laver. Il écarquilla les yeux, haussa les sourcils, de la même façon que lorsque son ex-petite amie lui avait lancé cette fameuse phrase fatidique. Je ne serais pas là quand tu reviendras. Il était revenu et elle était là, pourtant. Adel secoua la tête et s'engouffra rapidement dans la cuisine, déposant avec un peu plus d'entrain que nécessaire les assiettes et le plat dans le grand évier. Il ouvrit le robinet et passa machinalement ce qui s'y trouvait sous l'eau chaude. Il ne savait pas quoi faire. Il était complètement perdu, peut-être plus encore qu'il y a trois ans. Parce qu'à ce moment-là, il n'avait pas pu réfléchir, elle l'avait larguée et était partie en l'espace d'une minute, son cerveau s'était arrêté et il n'avait rien pu faire. Il ne lui avait pas couru après, et ensuite il était trop tard. Il était trop tard parce qu'il était assis dans l'avion qui l'emmenait en Afghanistan. Depuis, cependant, il avait eu le temps de se retourner la situation un paquet de fois dans la tête. Il avait fini par être énervé, par être énervé contre elle. Contre Joséphine. Pourtant, quand son regard avait brièvement croisé le sien, quelques petites minutes plus tôt, son cœur avait eu un raté - un bon raté, cette fois - et toute sa colère s'était évaporée. Plus il y pensait, néanmoins, et plus elle refaisait surface. Il ferma le robinet, s'essuya les mains et retourna dans le bistro. Elle était assise derrière le comptoir. Sa Joe. Son ex-Joe. Ce n'était plus la sienne à présent, et il n'était plus son Adel. Elle était peut-être en couple maintenant.  Il prit une énième inspiration sans même jeter un regard au reste de la salle, et se dirigea droit vers elle. Il s'arrêta de l'autre côté du comptoir en bois lasuré, à bonne distance de la jeune femme. « Pourquoi t'es là ? » Adel était méfiant. Il ne l'avait encore jamais été avec Joséphine. Mais il ne pouvait pas ne pas l'être ; il ne savait plus quoi attendre ni quoi penser d'elle. Il reprit la parole quelques secondes plus tard, avec toute l'amertume qu'il avait engrangé durant trois ans, ruminant leur rupture.  « Je croyais que tu m'avais dit que tu ne serais pas là, quand je reviendrais. »


Dernière édition par Adel Simoes le Dim 15 Fév - 19:46, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: terminé ✲ we counted all our reasons, excuses that we made (jodel)   terminé ✲ we counted all our reasons, excuses that we made (jodel) EmptyMar 20 Jan - 23:21


we counted all our reasons, excuses that we made
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Je m'étais toujours convaincue que je ne regrettais pas d'avoir quitté Adel. Je l'aimais, j'en étais même complètement folle, et j'avais toujours pensé qu'il était l'homme de ma vie, mais je ne m'étais jamais sentie capable de survivre au fait d'attendre des bonnes ou mauvaises nouvelles du front. Je ne m'étais jamais vue, dans notre appartement, paniquer à l'idée qu'un policier ou un militaire pouvait sonner d'un moment à l'autre à ma porte pour me dire que mon petit ami était mort. Cela me semblait impossible... alors, lorsque Adel était revenu de la base et m'avait annoncé qu'il décollait deux semaines plus tard pour l'Afghanistan, j'avais pris la décision la plus difficile de ma vie : le quitter, le laisser partir, et rester ici pour vivre ma propre vie en l'oubliant. J'avais réussi à aller au-delà de mes sentiments. J'avais réussi à tout camoufler dans ma tête, à me faire croire que je ne pensais plus à lui et que, petit à petit, mes sentiments s'étaient envolés. Certains de mes proches n'étaient pas dupes, contrairement à moi, mais j'y croyais. J'avais connu d'autres hommes, souvent juste pour une nuit, d'autres pour essayer d'aller de l'avant, mais aucun ne m'avait fait ressentir autant de choses que Adel. Mon premier amour. Et probablement l'unique.

« Tu as entendu parler du nouveau petit bistrot qui a ouvert en ville? », j'avais regardé mon amie. Bien sûr que j'étais au courant, je n'étais pas journaliste pour rien après tout! Il était dans mes habitudes de toujours me renseigner sur tout ce qu'il se passait en ville. « Oui, bien sûr. Je compte même aller y faire un tour! », et j'avais même l'intention d'y aller ce soir même. J'avais lu quelques critiques du premier service sur Internet, et celles-ci étaient plutôt bonnes en règle générale. Un petit lieu qui ne se prenait pas la tête et qui servait de la bonne cuisine. Un article dans un journal local ne leur ferait probablement pas de mal, surtout si j'appréciais ce qu'ils me serviraient à manger.

J'avais proposé à mon amie de venir avec moi, mais me retrouvais finalement seule pour y aller. Ce n'était pas le type de soirée que je préférais mais, après tout, c'était pour le boulot et cela me permettrait peut-être de réfléchir à d'autres articles que je pourrais faire à l'avenir.
J'avais décidé d'y aller simplement et de ne pas me présenter comme journaliste, histoire de ne pas fausser les choses. Le petit bistrot ne payait pas vraiment de mine, mais attirait l'oeil tout de même : si l'on y faisait attention, il semblait y régner un agréable cadre qui pouvait donner envie d'y rentrer. Notant tout cela dans un coin de ma tête, je poussais finalement la porte d'entrée pour pénétrer à l'intérieur. Et je m'arrêtais net dans mon élan... mon cœur fit un bond avant de s'accélérer. Je sentis le sol se dérober sous mes pieds. « Bonjour ! Bienvenue chez... », il n'avait pas su finir sa phrase comme elle n'avait pu terminer son geste. Sa main était toujours posée sur la porte et elle était figée, le regard posé sur lui. Mon Dieu... c'était lui. « Joe... », « Adel... », il était vivant. En chair et en os devant moi. Je sentis une bouffée de bonheur gagner mon cœur, avant que celui-ci ne se brise une nouvelle fois en mille morceaux lorsqu'il tourna les talons pour regagner la cuisine sans m'accorder un regard. C'est à ce moment que je me rendis compte des regards braqués sur moi. Je me sentis rougir et lâchais finalement la porte qui se referma automatiquement derrière moi. J'hésitais. Devais-je partir ou rester? Après tout, j'étais là pour le boulot... mais c'était Adel. Et le revoir me faisait bien plus mal que je n'aurais pu l'imaginer.

Je décidais finalement de m'installer au comptoir. J'étais seule, et monopoliser une table n'était pas une bonne idée. Je déposais ma veste sur le dossier et m'asseyais, attendant qu'il revienne... ce qu'il fit quelques minutes plus tard, se postant à quelques mètres devant moi, derrière le comptoir. « Pourquoi t'es là ? », je baissais les yeux sur mes mains, intimidée par le regard qu'il me lançait. Je n'étais pas parvenue à le déchiffrer, il était entièrement inconnu pour moi. J'ouvrais finalement la bouche pour lui répondre, mais il me coupa dans mon élan. « Je croyais que tu m'avais dit que tu ne serais pas là, quand je reviendrais. », je sentis cette fameuse boule se former dans ma gorge, mais je m'efforçais de la repousser au loin. Pour une fois, je ne trouvais pas mes mots directement. Pour une fois, je ne répondais pas du tac au tac, car je n'étais moi-même pas sûre de ma réponse et de pourquoi je lui avais dit cela avant son départ. « Je croyais que tu ne reviendrais pas... », c'était sorti tout seul. Ce n'était pas tout-à-fait vrai, mais c'était ce que j'avais ressenti. J'avais préféré me détacher, m'éloigner plutôt que de souffrir si jamais il était arrivé quelque chose. « Je savais pas que tu étais revenu, Adel. », oui, voilà tout.

Emi Burton
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MessageSujet: Re: terminé ✲ we counted all our reasons, excuses that we made (jodel)   terminé ✲ we counted all our reasons, excuses that we made (jodel) EmptyMer 21 Jan - 11:58



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Adel s'essuya les mains sur son tablier une bonne demi-douzaine de fois. Il était complètement nerveux. Il ne savait pas comment réagir, quoi dire, quoi faire. Il avait essayé, durant son temps loin d'Ohama et loin de Joe, d'imaginer leurs possibles retrouvailles. En vain. Il n'y était jamais arrivé, parce qu'il ne savait pas s'il devait se montrer heureux ou en colère, accueillant ou ignorant. Au final, il s'était dit qu'il aviserait ; il fallait déjà qu'il la recroise. Peut-être qu'entre temps, elle aurait déménagé, elle aurait refait sa vie loin d'ici, loin de là où ils s'étaient rencontrés, loin de là où ils avaient vécu. Mais, heureusement ou malheureusement, il n'en avait pas été ainsi. Joséphine semblait toujours habiter à Ohama et, même s'il n'en savait pas davantage sur sa vie actuelle, cela avait suffit à les faire se rencontrer, après trois longues années de silence radio, alors qu'il n'était de retour en ville que depuis une toute petite semaine. Semaine où il n'était pas vraiment sorti, à part pour se rendre de son nouvel appartement à la maison de ses parents, de la maison de ses parents à son nouveau bistro, pour les derniers préparatifs, puis de son bistro à son appartement. Adel aurait pu croiser son ex-petite amie pendant ces courtes sorties, bien sûr, mais il fallait croire que le destin en avait voulu autrement. Il avait choisi de les faire se rencontrer alors qu'il était en plein service, alors qu'il débutait encore dans le milieu et qu'il n'avait le droit à aucune erreur, alors que sa réputation et celle de sa cuisine dépendait des premiers jours d'ouverture.

Adel avala sa salive, difficilement. Sa gorge était bloquée, son estomac était noué, mais il préférait ne pas trop s'attarder sur ce qui causait ça. Il refusait de se sentir mal, alors qu'il avait pourtant tous les droits de l'être. Le brun cligna des paupières à plusieurs reprises et serra la mâchoire, quand Joe reprit enfin la parole. Il eut l'impression qu'on lui donnait un coup de poing dans le ventre, un bon coup donné par un boxeur professionnel, qui le fit d'ailleurs légèrement tituber. C'est égoïste, pensa d'abord Adel, sa respiration s'accélérant légèrement. Ce n'était peut-être pas le mot, pas le bon mot, mais c'est ce qu'il pensa d'elle. Il était vexé. Terriblement vexé, davantage encore que la première fois, que lorsqu'elle l'avait quitté. Parce qu'à ce moment-là, elle l'avait simplement plaqué. Sans raison apparente. Il avait eu tout le loisir de s'imaginer la raison, et il en était ressorti avec quelques possibilités. Possibilités qu'il comprenait, sur le fond. Il avait tâché de se mettre à sa place, même si ce n'avait pas été aisé et, partant du principe que Joséphine l'aimait autant que lui l'aimait, il avait compris à quel point cela pouvait être difficile. Il n'était pas certain qu'il aurait supporté de voir celle qu'il avait aimé comme aucune autre auparavant partir à l'autre bout du monde, avec le risque qu'elle meurt à chaque seconde. Non, il n'aurait probablement pas supporté. Mais il aurait fait l'effort de le faire. Au moins, il aurait donné des explications. C'est à ce moment-là qu'il réalisa que Joséphine ne l'aimait peut-être pas autant qu'il le pensait, qu'elle n'avait pas imaginé le même avenir que lui l'avait fait. Son aveu, là, semblait confirmer tout ça. Je croyais que tu ne reviendrais pas... Adel avait la nausée. Alors comme ça, elle n'avait jamais espéré qu'il reviendrait. Elle était partie du principe qu'il mourrait en Afghanistan et qu'il valait mieux s'habituer le plus tôt possible à son absence. « Je t'avais dit pourtant bien dit que je n'en aurais que pour quelques années. » Il se mordit l'intérieur des joues et posa son regard sur le front de Joséphine. Ainsi, il la voyait sans la voir.

Quand on lui avait annoncé, à la fin de son entraînement intensif, qu'il serait envoyé en Afghanistan deux semaines plus tard, au sol en tant qu'éclaireur, Adel avait paniqué. Bien sûr qu'il avait paniqué, parce qu'il avait imaginé qu'il aurait un poste sans grande responsabilité aux États-Unis, où il ne risquait pas de mourir, et que ça n'avait pas du tout été le cas. Mais sur le chemin du retour, il avait aussitôt pensé à sa petite amie, il s'était dit qu'avec elle, il pourrait tout surmonter. Il s'était imaginé revenir au pays lors de ses longues permissions, passer tout son temps avec elle, chaque minute de chaque heure de chaque journée, avant de repartir à la guerre, son visage souriant en tête. Une fois qu'il aurait estimé qu'il aurait assez servi, il serait revenu à Ohama et leur relation n'en serait ressortie que plus forte. S'ils avaient surmonté trois ans éloignés l'un de l'autre, dont un risquant de perdre la vie à chaque instant, alors ils pourraient tout surmonter. « Deux ans et deux mois, Joe. Tu n'avais à attendre que deux ans et deux mois. » Il releva le regard un peu plus haut, et observa la salle. Cela lui permettait de ne pas se laisser submerger par les émotions, de se concentrer sur autre chose en attendant que la jeune femme lui assène un nouveau coup. Les clients avaient détourné leur attention d'eux depuis bien longtemps et l'ambiance semblait être redevenue la même qu'auparavant. Cela soulagea Adel, mais pour quelques secondes seulement. Il remarqua ensuite qu'une table avait terminé, que deux tables avaient terminé, qu'une autre n'avait plus d'eau ni de pain, et qu'une autre encore venait de renverser un verre de vin. Il n'avait aucune idée de comment il arriverait à gérer tout ça, en plus de Joséphine, et il se sentit rapidement accablé. « Je savais pas que tu étais revenu, Adel. » Le brun reporta bien vite son attention sur la blonde et plongea brièvement son regard dans le sien, avant de le détourner. « Tu aurais voulu que je te prévienne, peut-être ? » demanda-t-il alors, mauvais. Elle l'avait rejeté il y a trois ans et elle avait semblé claire sur le fait qu'elle ne comptait pas lui reparler ni le revoir. Elle ne l'avait pas dit explicitement, après tout elle n'avait pas dit grand chose, mais c'est comme ça qu'il l'avait compris. Il n'y avait aucune raison pour qu'il aille la prévenir qu'il était de retour au pays. Parce que bien sûr, il aurait pu le faire. L'excuse selon laquelle il ne savait plus où elle habitait n'était même pas valable. Il connaissait toujours son numéro de téléphone par cœur et, avec les possibilités actuelles, il y avait fort à parier qu'elle ne l'avait pas changé, et ce même si elle n'avait plus le même portable ou le même forfait. « Je ne suis à Ohama que depuis une semaine, si ça peut te réconforter. » Il avait dit ça un peu ironiquement, un peu méchamment, sous-entendant clairement que son sort, à lui, semblait peu importer à Joséphine. Son comportement envers elle était méconnaissable, mais Adel était rongé par la rancœur et il ne pouvait pas se comporter autrement. « Écoute » reprit-il alors, se passant une main dans les cheveux, « je suis obligée d'aller m'occuper du bistro. Il ne devrait plus y en avoir pour longtemps, mais je ne peux pas laisser les clients tous seuls. » À cet instant, il se maudit de n'avoir pas embauché des personnes supplémentaires pour l'aider. Il y avait pensé pourtant, durant sa petite année de préparation, mais il avait voulu faire ça tout seul, montrer qu'il était capable de se débrouiller sans l'aide de personne. Il le regrettait à présent. « Tu attends là ? » Parce que malgré tout, il ne voulait pas la laisser repartir tout de suite. Malgré le fait qu'il lui en voulait, qu'il lui en voulait terriblement, il avait envie qu'elle reste encore un peu, il avait envie de lui parler encore un peu. Il ne voulait pas qu'elle reparte, il ne voulait pas ne plus la revoir pour ces trois prochaines années. Il ne l'avait pas retenu la première fois, alors il voulait la retenir à présent.
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MessageSujet: Re: terminé ✲ we counted all our reasons, excuses that we made (jodel)   terminé ✲ we counted all our reasons, excuses that we made (jodel) EmptyMer 21 Jan - 13:17


we counted all our reasons, excuses that we made
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Je n’avais jamais réellement réfléchi à la conséquence de mes actes. J’avais été égoïste… lorsque Adel m’avait annoncé son départ, je n’avais pensé qu’au mal que cela me ferait si j’avais dû apprendre que l’amour de ma vie était mort dans un bombardement, ou dans une attaque de talibans. Je n’avais songé qu’à cela, et c’est de cette manière que j’avais pris ma décision. Je n’y avais jamais repensé, n’avais jamais remis cela en question. Cela m’avait semblé, sur le coup, logique pour moi de me protéger, moi qui ne me connaissais pas encore à cent pourcent. Aujourd’hui, ayant Adel en face de moi, et voyant son visage empli de rancœur et de déception, je comprenais que j’avais peut-être fait l’erreur de ma vie. Je l’avais aimé. Plus que tout. Plus que je n’imaginais cela possible. Et je l’avais lâchement quitté en ne pensant qu’à moi. Je comprenais maintenant que, si j’avais eu du mal à penser à autre chose, mon ex amour devait également avoir eu des difficultés à saisir et à s’en retourner. « Je t'avais dit pourtant bien dit que je n'en aurais que pour quelques années. », oui, mais… mais voilà. Je n’avais pensé qu’à moi. J’avais été stupide. J’étais partie du principe qu’il ne reviendrait pas. « Je sais, Adel. », que pouvais-je ajouter de plus ? Lui dire que j’avais eu peur ? Que j’avais préféré me concentrer sur le pire plutôt que de devoir attendre ? C’était purement dégueulasse et irrespectueux. Cela ne ferait même que m’enfoncer. Et j’étais déjà bien assez bas dans l’estime d’Adel pour prendre ce risque. « Deux ans et deux mois, Joe. Tu n'avais à attendre que deux ans et deux mois. », je baissais une nouvelle fois les yeux. Deux ans et deux mois… il était donc rentré depuis un moment. Deux ans et deux mois. Probablement aurais-je pu tenir le coup. Mais toujours sous la menace d’avoir de mauvaises nouvelles. Maintenant que c’était passé, que je l’avais face à moi, et qu’il semblait ne plus être militaire, cela ne me semblait, évidemment, plus insurmontable. Mais je me souvenais de ces sensations que j’avais ressenties, avant son départ, mais également les premières semaines après celui-ci. Cette peur qui me tenaillait. Ces heures que j’avais passées sur Internet à la recherche de la moindre trace, de la moindre nouvelle de lui. J’avais eu beau essayer de m’en empêcher, j’avais fait cela durant des mois. J’en avais fait des cauchemars et, des centaines de fois, avais été proche de décrocher le téléphone pour appeler la base et tout faire pour entrer en contact avec lui. Au lieu de le faire, j’avais décidé de tout me cacher, de mettre cela dans un coin de ma tête et de ne plus y penser. Cela faisait dix-huit mois que je m’efforçais de ne plus m’intéresser à cela. Alors, deux ans et deux mois, j’aurais pu tenir le coup.

Adel plongea son regard dans le mien alors que je lui disais ne pas avoir été au courant de son retour, et je sentis, à nouveau, mon cœur s’accélérer. Mais il le détourna bien vite… « Tu aurais voulu que je te prévienne, peut-être ? », « Je… », que dire ? Oui, elle aurait voulu. Elle voulait hurler qu’elle aurait voulu qu’il le lui dise, qu’il était revenu, qu’il allait bien, mais comment pouvait-elle oser faire cela ? La phrase avait manqué de jaillir de sa bouche, mais elle s’était retenue à temps. « Non, évidemment. Il est normal que tu ne l’aies pas fait. », voilà une réponse bien raisonnable, preuve de l’énorme travail que j’avais fait sur moi ces dernières années. En temps normal, je lui aurais dit tout ce qui me serait passé par la tête. Aujourd’hui, je pouvais me contenter de réponses réfléchies. « Je ne suis à Ohama que depuis une semaine, si ça peut te réconforter. », une semaine ? Seulement ? Qu’avait-il fait le reste du temps ? Je serrais les lèvres, essayant d’éviter de le regarder pour ne pas laisser exploser la jalousie qui serrait maintenant mon cœur. Probablement avait-il rencontré une autre femme, peut-être une militaire, et s’était-il installé, ailleurs, avec elle ces derniers mois. Non, cette nouvelle ne me réconfortait pas. Du tout même. Je tentais de me calmer pour trouver une réponse convenable, évitant toujours son regard, mais il me prit de court… « Écoute, je suis obligée d'aller m'occuper du bistro. Il ne devrait plus y en avoir pour longtemps, mais je ne peux pas laisser les clients tous seuls. », le bistrot, bien sûr. La raison pour laquelle j’étais venue. J’avais complètement oublié où nous nous trouvions. Je reconnectais légèrement et regardais autour de moi. En effet, les tables étaient là et la vie continuait, alors que le temps semblait s’être suspendu pour moi. « Oui, bien sûr… vas-y, je t’en prie, je ne vais pas… », « Tu attends là ? », j’étais déjà prête à me lever et à partir, laissant du coup tomber l’article et surtout, les explications inévitables que nous avions à nous donner. Je ne m’attendais pas à cette question. J’étais même persuadée qu’il allait me pousser dehors : il serait tout-à-fait logique qu’il ne veuille plus me voir. « D’accord… j’attends. », je ne pouvais pas m’échapper une seconde fois. C’était de ma faute si tout avait foiré et si nous en étions là, à devoir nous expliquer. Je ne pouvais pas à nouveau fuir, comme je l’avais fait trois ans plus tôt. Je me réinstallais mieux sur le tabouret tandis qu’Adel s’éloignait de moi pour retourner à ses tables. Je ne pus m’empêcher de le regarder faire. Alors qu’il n’avait ouvert que hier, il semblait déjà particulièrement à l’aise. Mais il était seul. Pas un seul employé, et, connaissant sa passion pour la cuisine, je doutais qu’il ait laissé celle-ci à quelqu’un d’autre.

Adel débarrassait une table, puis une suivante. Il semblait débordé. J’avais monopolisé son attention un petit moment, mais suffisamment pour que la moitié de la salle ait terminé de manger. Je me levais et m’approchais alors qu’il retournait vers la cuisine. Je l’interceptais et lui prenais les assiettes des mains. Heureusement, j’avais été serveuse pour gagner un peu d’argent lorsque nous nous étions installé… je connaissais. « Retourne en cuisine… je m’occupe du service en salle. », je le suivais pour amener la vaisselle sale, et retournais de l’autre côté pour distribuer les cartes des desserts, remettre du pain et de l’eau sur les tables, et continuer de débarrasser. Je revenais alors en cuisine pour lancer une vaisselle après avoir dégraissé le plus gros dans un évier, avant de retourner auprès de la clientèle. Je laissais néanmoins Adel servir ses plats, étant donné qu’il voulait ce contact avec sa clientèle. J’étais heureuse de voir qu’il avait fini par suivre sa voie, sa passion, mais triste également de ne pas avoir pu le soutenir là-dedans. Quelle erreur avais-je faite ?

Emi Burton

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MessageSujet: Re: terminé ✲ we counted all our reasons, excuses that we made (jodel)   terminé ✲ we counted all our reasons, excuses that we made (jodel) EmptyJeu 22 Jan - 23:18



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Adel était déçu, déçu de la façon dont Joe réagissait. Mais qu'aurait-il préféré ? Peut-être qu'il aurait aimé qu'elle dise quelque chose, qu'elle le contredise, qu'elle riposte, qu'elle ne s'avoue pas vaincue, qu'elle ne soit pas si docile. Il ne la reconnaissait plus vraiment, pour tout dire. C'était probablement contradictoire, mais il aurait aimé qu'elle se batte pour ses idées, pour l'idée qu'elle avait eu trois ans plus tôt, celle de le plaquer et de ne plus jamais lui donner de nouvelles. Il avait besoin de se défouler, de relâcher ce qu'il avait sur le cœur, mais il ne pouvait pas le faire si elle allait dans son sens. Oui, Adel aurait aimé qu'elle défende la monumentale erreur qu'elle avait commise, ne serait-ce parce qu'au moins, cela voudrait dire qu'elle n'avait pas fait ça pour rien. Si elle n'avait rien à redire à l'attitude qu'il adoptait aujourd'hui, malgré lui, méchante et mesquine, si elle le comprenait, si elle était d'accord avec ça, alors pourquoi donc l'avait-elle quitté ? Il aimait la Joséphine qui disait tout ce qu'elle pensait, et cette Joséphine lui manquait terriblement. Malheureusement, il était loin de se l'avouer. Tout ce qu'il pensait à propos d'elle, actuellement, c'était à quel point il lui en voulait. Il lui en voulait atrocement et, s'il avait réussi à reléguer sa rancœur dans un coin éloigné de son esprit durant ces deux dernières années, il ne pouvait plus se voiler la face - du moins, pas complètement - maintenant qu'elle était en face de lui. Adel avait ruminé en long et en large son histoire avec la blonde, leurs moments de bonheurs, nombreux, et leurs moments plus malheureux qui lui avaient semblé dérisoires comparés au reste, leur rupture aussi, surtout leur rupture ; il avait ruminé tout ça pendant un an. Une longue année fatigante. Les visages déchirés des Afghans se superposaient au doux visage de sa bien-aimée, et il en faisait des cauchemars plus violents encore, plus douloureux. Il se réveillait à chaque fois en sueur, complètement paniqué à l'idée que sa Joséphine pouvait être morte, et surtout morte de cette façon, le corps arraché par une bombe ou lacéré par une mitraillette. Alors, au bout d'un moment, épuisé, son esprit avait trouvé un moyen de refourguer tous ces beaux souvenirs dans un endroit inaccessible, autant à sa conscience la journée qu'à son inconscience la nuit. Adel n'était plus resté qu'avec la souffrance quotidienne à laquelle il était obligatoirement confrontée, insupportable, mais au moins il ne redoutait plus la mort de sa dorénavant ex-petite amie. À présent, tout lui revenait en pleine face, non pas la peur de la perdre puisqu'elle était bel et bien là, devant lui, en chair et en os, mais toute la colère qu'il pouvait éprouver à son égard. Il ne pensait pas qu'elle se calmerait un jour, mais il ne cherchait pas non plus à ce qu'elle se calme. Il était prêt à vivre avec, à chaque fois qu'il croiserait Joséphine dans les rues d'Ohama et pour l'heure qui suivrait la rencontre furtive. Il ne voyait pas comment c'était possible autrement. « Oui, bien sûr… vas-y, je t’en prie, je ne vais pas… » Oui, il était prêt à vivre avec. Au revoir, Joséphine.

Et puis, il lui avait demandé d'attendre. « D’accord… j’attends. » Et elle avait accepté de rester. Il était toujours en colère, bien sûr, ce n'était pas une petite phrase qui allait tout changer. Mais, quitte à ne la revoir que de loin, dans les rues de la ville où ils avaient vécu tous les deux, debout sur les pavés qu'ils avaient foulé main dans la main, autant profiter d'elle tant qu'il était encore possible. Parce qu'il savait bien qu'à partir du moment où elle aurait passé la porte, il aurait regretté de l'avoir laissé partir sans rien dire, sans rien faire. Il ne cherchait pas à arranger les choses, il voulait seulement qu'elle reste un petit peu, en souvenir des bons moments qu'ils avaient passés ensemble, en souvenir de la Joséphine qu'il avait aimé.

Rassuré par le fait que la blonde n'allait pas partir tout de suite, il retourna en cuisine, malgré le fait que c'était en salle qu'on l'attendait. Il prit une grande inspiration, se rappela le verre de vin renversé et attrapa de quoi nettoyer, puis retourna dans le bistro. Il présenta ses excuses en passant devant chaque table, rapidement, le regard désolé, et se dirigea directement vers la famille qui se débrouillait tant bien que mal pour éponger le vin qui coulait dorénavant par terre. Il semblait que le père de famille ne s'était pas servi qu'un petit fond. « Ne vous inquiétez pas, je vais arranger ça. » Adel n'était plus aussi jovial qu'avant l'arrivée de Joe, ses pensées à présent tournées vers elle, son esprit maintenant tourmenté par la rancœur, perturbé par ces retrouvailles auxquelles il ne s'attendait pas. « Voilà, c'est bon. Le vin vous sera offert. » Il esquissa un sourire et, sans perdre de temps, entreprit de débarrasser toutes les tables qui avaient fini leurs assiettes. Depuis son dernier coup d’œil, d'autres encore s'étaient ajoutées. Pour la première fois depuis qu'il avait ouvert, Adel paniqua. Il n'arriverait jamais à s'en sortir sans encombres et toutes les bonnes impressions qu'on avait eu de lui jusqu'à présent ne seraient plus d'actualité après cette soirée. Il serra la mâchoire et s'efforça de sourire malgré tout, en s'approchant des différentes tables. Il avait les deux bras complètement chargés et s'est en soupirant qu'il s'apprêtait à emmener tout ça à laver. Une chose à laquelle Adel était loin de s'attendre, c'était que Joe lui vienne en aide. « Retourne en cuisine… je m’occupe du service en salle. » Il fronça les sourcils alors qu'elle lui libérait un bras de vaisselle et ce fut à son tour d'être docile, à sa grande surprise. Il déposa le tout dans l'évier et invita la jeune femme à faire de même, le visage interdit. Il ne savait plus quoi penser d'elle. En fait, il ne savait plus quoi en penser depuis cette fameuse rupture, mais plus encore depuis qu'elle avait mis le pied dans son bistro, et davantage à présent, alors qu'elle lui sauvait littéralement la mise. Il ne pouvait décemment par refuser ; c'était une aide inespérée. Et tant pis si son succès de ce soir dépendait de Joséphine. Il n'aurait qu'à prendre sur lui et son ego, mais c'était une chance qu'il ne pouvait pas laisser passer. « Merci ! » lança-t-il, presque à regret, alors qu'elle retournait en salle. Adel jeta un rapide coup d’œil aux différentes commandes des clients pour se remettre dans le bain, et entreprit de préparer les plats principaux qu'il manquait. Une petite dizaine de minutes plus tard, il ressortait de la cuisine avec cinq assiettes sur les bras. Tout était prêt, le reste était en cuisine. Il s'arrêta un instant, à la limite entre la salle à manger et le comptoir. Il observait Joséphine évoluer entre les tables, gracieuse, complètement à l'aise. Il se rappelait qu'elle avait travaillé en tant que serveuse avant qu'ils s'installent dans leur propre appartement, mais il ne l'avait jamais vraiment vu à l'oeuvre. C'était vraiment une bonne chose, même si ça l'ennuyait profondément, quelque part, qu'elle soit venue à la rescousse. Rien qu'à les voir, c'était clair que les clients l'adoraient déjà. Rapidement, cependant, il se remit en route et distribua les assiettes aux clients concernés, sans cesser de lancer des Désolé pour le retard ou bien Le dessert vous est offert. Peut-être qu'il ne gagnerait pas beaucoup d'argent sur cette soirée, mais au moins il sauverait les apparences.

Une petite heure plus tard, Adel ferma la porte derrière le dernier client. « Je compte sur vous pour revenir ! » Il avait à présent retrouvé son sourire, soulagé de voir que tout n'était pas perdu, que c'était même plutôt gagné. Il retourna vers le comptoir et attrapa un chiffon pour passer un coup dessus, plus machinalement que pour réellement nettoyer. Le comptoir était plutôt utilisé le midi ou dans l'après-midi, et Adel le nettoyait de fond en comble avant le service du soir ; mais il fallait qu'il s'occupe, et les vaisselles étaient déjà toutes faites. Il attendit que Joe soit de retour, pour lâcher son torchon et contourner le comptoir. Il fit ce qu'il n'avait pas fait depuis l'aménagement de son bistro, deux mois plus tôt : s'asseoir sur un tabouret et s'accouder au comptoir. « Merci beaucoup, Joe. » Sa voix s'était radoucie, et lui-même était moins tendu, moins sur les nerfs. Peut-être était-ce dû à la fatigue, ou peut-être était-ce parce qu'il lui était redevable, à présent. Les clients n'avaient pas manqué de faire des éloges de la jeune femme, au moment de payer. Dynamique comme tout, la serveuse. Vraiment agréable, j'espère qu'elle sera là plus souvent. C'est rare de voir des serveuses aussi souriantes ! Elle avait fait un sans-faute et il n'osait pas imaginer ce que ces mêmes clients auraient dit, si elle n'avait pas été là. Il ne fallait cependant pas s'y méprendre ; tout n'était pas pardonné. Adel n'avait toujours pas lavée sa colère ni même sa rancœur ; mais pour ce soir, ne serait-ce que pour ce soir, il décida de les mettre de côté. S'ils devaient s'expliquer, autant que cela se fasse calmement. Ce n'était pas le moment de briser des assiettes et de hausser la voix. Il avait besoin d'être pleinement en forme pour sa journée de demain, et avec toute la vaisselle possible. « Je sais pas ce que j'aurais fait sans toi, honnêtement. Vu comment les clients t'aiment, je devrais peut-être envisager de t'embaucher... » Il esquissa un sourire, mi-amusé, mi-ironique, un brin triste aussi. Il réalisa qu'il ne savait même pas ce qu'elle faisait actuellement. Depuis le temps, elle avait probablement eu son diplôme. Il en était persuadé, en fait. « Tu... t'es une grande journaliste alors, maintenant ? »
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MessageSujet: Re: terminé ✲ we counted all our reasons, excuses that we made (jodel)   terminé ✲ we counted all our reasons, excuses that we made (jodel) EmptyDim 25 Jan - 21:32


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L’aider était spontané. J’avais beau me contrôler depuis que j’étais arrivée et que nous nous étions vus, prendre la décision de gérer la salle pendant qu’il s’occupait de la cuisine n’avait absolument pas été réfléchi. J’étais faite pour le contact aux gens : mon sourire et mon avance franche et directe plaisaient énormément. Les clients retrouvaient le sourire pour ceux qui l’avaient perdu, et je m’amusais à lancer quelques boutades à certaines personnes plus détendues que d’autres. J’étais dans mon élément… être serveuse était fatiguant, mais cela m’avait toujours plu. Lorsque j’avais quitté Adel, j’avais repris ce job dans le but de payer l’appartement dans lequel je ne vivais plus. Je n’avais jamais eu la force de le rendre… trop d’émotions et de souvenirs s’y trouvaient. C’était probablement stupide, mais j’avais remarqué que la part de mon ex-petit ami était également payée chaque mois à temps. Alors soit n’avait-il pas dit à ses parents que nous étions séparés, soit avait-il dit qu’il comptait le reprendre à son retour. Pourtant, passant encore régulièrement devant, je n’y avais jamais vu de lumière. Et je regardais à chaque fois…

La soirée passait sans même que je ne voie le temps défiler et, bientôt, le dernier client quittait le restaurant, sourire aux lèvres. Je terminais de mettre les dernières assiettes dans le lave-vaisselle, signe que tout se terminait bien. J’étais un peu fatiguée, mais ravie d’avoir pu reprendre une partie de ce que j’avais laissé il y avait maintenant plusieurs années, mais aussi d’avoir pu aider Adel. Le lave-vaisselle mis en route, je retournais dans la salle pour m’asseoir au comptoir, passant mes mains sur mon visage. Qu’allait-il se passer maintenant ? Adel allait-il reprendre son visage froid et distant ? Allait-il me dire mes quatre vérités ? Je me sentais vidée, à tel point que je n’étais même plus certaine de pouvoir me contrôler. « Merci beaucoup, Joe. » , je redressais la tête et le regardais, étonnée de sa voix et de son ton beaucoup moins secs que précédemment. Il avait apprécié mon coup de main. Je respirais un grand coup, soulagée de voir que la discussion ne repartait pas si mal, et sentant mon ventre se tordre sous toutes les émotions que je ressentais en même temps. Je plongeais mon regard dans le sien et lui sourit. Il avait pris de l’âge, et l’armée ne l’avait sans doute pas aidé. Mais cela ne le rendait que plus séduisant. Adel était beau. Il l’avait toujours été, mais aujourd’hui, il avait ce petit quelque chose en plus que ne faisait que me rendre plus coupable. « C’était avec plaisir tu sais… », lui répondis-je d’une faible voix. J’avais vraiment pris mon pied à voyager entre les tables, à servir les clients, à partager quelques instants avec eux mais, surtout, j’avais pris plaisir à l’aider lui. À pouvoir, quelque part, participer à son rêve le plus fou. Cela de tenir ce bistrot, de vivre sa passion. « Je sais pas ce que j'aurais fait sans toi, honnêtement. Vu comment les clients t'aiment, je devrais peut-être envisager de t'embaucher... » , je riais doucement, posant ma tempe contre ma main tout en le regardant. M’embaucher… bien sûr, il disait cela pour rigoler, mais le voir tous les soirs et pouvoir l’aider encore était quelque chose que j’aurais réellement aimée. « Pourquoi ne pas le faire ? À force de t’occuper de tout seul, tu vas finir sur les rotules ! Et je n’ai pas ‘réellement’ d’emploi. », je mimais les guillemets de mes doigts, comme je l’avais toujours fait. Ma réponse n’était certainement pas raisonnable, mais elle était sincère. Et le voir chaque jour serait une opportunité que je ne pourrais pas refuser. « Tu... t'es une grande journaliste alors, maintenant ? », je soupirais, me redressant quelque peu. Une grande journaliste… le mot était lâché. Mes ambitions les plus profondes, qu’il avait toujours soutenues. Je lui avais toujours dit que je voulais enquêter, rédiger mes articles, les faire publier dans les plus grands journaux et tout ce qui allait avec. Aujourd’hui, je n’étais qu’une simple pigiste qui tentait de se faire un nom et qui n’avait, à ce jour, que quelques articles publiés dans le canard local. « Journaliste… oui. Grande, tu vas un peu vite en besogne ! Disons que j’essaie de me faire un nom, et que ma franchise légendaire n’est toujours pas appréciée. Même si j’ai appris à me contrôler depuis… quelque temps. », quelque temps. Depuis qu’il était parti. Même un peu avant, à vrai dire, mais particulièrement depuis son départ. Le fait de ne plus avoir l’homme qui provoquait le plus d’émotions en moi lorsqu’il se trouvait à proximité m’avait permis d’être plus calme. Mais cela n’était pas toujours évident pour autant. « J’ai continué à galérer. Heureusement, j’étais assez douée pour que les professeurs ne puissent pas trop m’emmerder en fin d’année. Mais ça reste… difficile. Je ne publie que quelques articles en free-lance, et dans le canard du coin rien de plus. », je galérais, c’était le mot. J’avais juste assez d’argent pour payer mon loyer et ma bouffe, et c’était même parfois un peu juste selon les mois. J’avais toujours pensé que ma franchise jouerait en ma faveur en tant que journaliste, mais j’avais eu tort. « En fait, j’étais venue ici pour écrire un article sur le ‘nouveau bistrot en ville’. J’ai jamais imaginé que j’allais tomber sur toi… », je songeais quelques instants avant de reprendre. « Enfin… peut-être que secrètement, j’espérais que tu le ferais et que c’est pour ça que je me suis dit que je devais être la première journaliste à venir. », je riais nerveusement. J’étais un peu plus libérée, je ne contrôlais plus vraiment les mots qui sortaient. Le fait qu’il soit calme me détendait. Tout comme la fatigue. Le problème là-dedans, c’est que tous mes sentiments me revenaient en pleine figure. Comme avant. Peut-être même en encore pire. « Tu m’as manqué, Adel. », mon cœur bondit dans ma poitrine, et je tapais mon front de ma main. « Mais je ferais mieux de me taire. Oublie ce que je viens de dire ! », je ne voulais pas tout gâcher. Pas maintenant.

Emi Burton

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MessageSujet: Re: terminé ✲ we counted all our reasons, excuses that we made (jodel)   terminé ✲ we counted all our reasons, excuses that we made (jodel) EmptyMar 27 Jan - 16:23



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Joséphine était revenue de la cuisine, signe que tout était définitivement terminé. Adel jeta un regard à la vieille horloge qu'il avait chinée et accrochée derrière le comptoir, entre les deux étagères qui supportaient les bouteilles d'alcool. Vingt-trois heures trente-sept. Il n'était même pas minuit et il n'y avait plus rien à s'inquiéter. Rien à voir, vraiment, avec la veille, où il s'était couché à deux heures du matin. Il devait tout ça à Joe, bien sûr ; même si cette nuit encore, il ne risquait pas de se coucher bien tôt. Même s'il n'y avait plus rien à faire pour le bistro, il n'y avait pas de doute que la discussion qu'ils allaient avoir les porteraient jusque tard dans la nuit. Cela faisait trois ans qu'ils ne s'étaient pas vus et, même si Adel n'était au départ pas très enchanté par ces retrouvailles, il était conscient qu'ils auraient tous les deux beaucoup de choses à se dire. Le jeune homme espérait seulement que la discussion se concentrerait sur Joe, sur ce qu'elle avait fait pendant tout ce temps où il avait été absent. Il n'était pas prêt à parler de la guerre, pas encore. Il savait que le temps viendrait où il faudrait, à défaut d'en avoir envie, qu'il parle de ces deux ans en Afghanistan. Ça finirait par le tuer, sinon, de refouler autant, de tout garder pour lui. Un jour, oui, il en parlerait. Joséphine serait peut-être la première personne à qui il se confierait, d'ailleurs ; mais pas ce soir. Pas si tôt. Il n'était même pas sûr, encore, d'en parler à l'un de ses proches. Les images qui le torturaient étaient tellement horribles, terrifiantes, qu'il se demandait si un psychologue ne serait pas plus adapté, histoire de ne pas choquer tout son entourage. Ce serait peut-être mieux d'aller voir un professionnel, oui, mais Adel n'avait pas non plus envie de ça. Payer quelqu'un pour parler, il avait du mal à comprendre et à adhérer.

« C’était avec plaisir tu sais… » Adel esquissa un sourire. Il était persuadé qu'elle ne mentait même pas, en plus. Ça s'était vu, qu'elle avait apprécié faire le service. Elle était comme un poisson dans l'eau, complètement à l'aise. Sans trop réfléchir, il avait alors évoqué le fait de l'embaucher. Il pensait sincèrement qu'elle se contenterait de sourire à ça, pensant qu'il plaisantait, ou alors n'ayant tout simplement aucune envie de travailler avec lui. Elle avait toutes les raisons, après tout. Si elle l'avait quitté, ce n'était peut-être pas pour rien. Bien sûr que c'était parce qu'il partait à l'autre bout du monde avec le grand risque de se faire tuer, mais elle se complaisait certainement dans cette rupture, au final. Elle n'avait donc peut-être pas envie de passer toutes ses après-midis et ses soirées en sa compagnie et c'était tout à fait compréhensible. Elle avait probablement un petit copain, aussi, qui ne verrait sûrement pas d'un très bon œil que sa petite amie travaille avec un ex, un rival. Adel ne comprenait pas pourquoi il repensait sans cesse à cette éventualité, la possibilité que Joséphine ait trouvé un nouveau copain. Qu'aurait-il à redire à ça ? Malgré tout, contre toutes attentes, elle réagit à l'opposé de ce qu'il avait imaginé. Joséphine semblait réellement intéressée par l'idée, prétextant qu'il n'arriverait jamais à s'en sortir tout seul et que de son côté, elle n'avait pas de travail à proprement parler. Adel fronça les sourcils. Il avait toujours imaginé retrouver la jeune femme en tant que journaliste, titulaire d'un journal national, ou ne serait-ce que local. Comment ça, elle n'avait pas réellement d'emploi ? Le brun évinça volontairement le sujet de l'embauche, qu'il avait pourtant lui-même amené sur le tapis. Il ne savait pas quoi répondre. Après tout, c'était son idée. Oui, c'était son idée, mais il n'aurait jamais pensé qu'elle accepterait. Dorénavant, tout semblait plus concret et il se demandait si l'idée était bonne, finalement. Il connaissait Joe comme personne et surtout, elle le connaissait comme n'importe qui d'autre. Ils étaient quand même restés ensemble pendant quatre ans et ce n'était pas rien. Ils avaient vécu presque autant de temps ensemble et la cohabitation s'était déroulée à merveille. Bien sûr, il y avait eu des petits accrochages de temps à autres, mais comme il y en aurait dans n'importe quel couple où les amoureux auraient un tant soit peu de caractère. S'ils avaient dû travailler ensemble à l'époque, il n'y aurait vraiment eu aucun souci ; Adel avait d'ailleurs toujours imaginé qu'ils l'ouvriraient ensemble, ce bistro. Qu'ils travailleraient main dans la main, exactement comme ils l'avaient fait ce soir. Cependant, trois ans avaient passé. Il n'était plus sûr du tout qu'ils se supporteraient mutuellement aussi bien qu'ils avaient pu le faire par le passé, en plus du fait que le jeune homme n'était pas certain de la façon dont il réagirait par rapport à Joe. Il était calmé, là, d'humeur beaucoup plus calme. Mais qui disait que cela durerait éternellement ? Il ne pourrait pas travailler à longueur de journées aux côtés d'une femme envers qui il éprouverait une profonde rancœur, contre qui il serait en colère. Ça ne serait pas sain et pas durable. Si Adel devait embaucher la blonde, il fallait que ce soit réfléchi et, surtout, qu'ils aient eu la fameuse discussion auparavant. Ce n'était pas vraiment possible autrement.

Adel changea donc de sujet et s'enquit du métier qu'elle faisait actuellement, troublé par la réponse qu'elle avait donné un peu plus tôt. Joséphine était donc bien une journaliste, mais pas avec la renommée que lui-même lui aurait attribué et qu'elle méritait. Il écouta le récit de la jeune femme jusqu'au bout, reconnaissant tout à fait sa Joséphine dans ce qu'elle disait. Ce bout de femme, franche, qui ne rentrait dans aucun moule. Il était content d'apprendre qu'elle n'avait pas totalement changée, qu'elle ne s'était pas totalement assagie. Il était néanmoins triste d'apprendre que ses efforts n'avaient pas été pleinement récompensés, que ses ambitions n'avaient pas été vraiment atteintes. « Il faudra que j'aille acheter le canard du coin, alors » répliqua-t-il, un faible sourire aux lèvres. Il ne savait pas comment la réconforter autrement, d'une part parce qu'il ne connaissait pas tellement comment fonctionnait le milieu du journalisme et si c'était par exemple difficile de se faire un nom - ce qui semblait l'être, à écouter Joséphine, parce qu'il était clair qu'au vu des textes qu'il avait pu lire d'elle, elle était douée dans ce qu'elle faisait - et, d'autre part, parce qu'il n'avait malheureusement pas été à ses côtés durant sa dernière année d'études, ni pendant ses débuts en tant que journaliste, durant toutes les galères qu'elle avait pu rencontrer. Il aurait certainement aimé être là pour l'épauler, mais il en avait été autrement, bien sûr. Il préférait ne pas se poser la question de s'il regrettait le choix qu'il avait fait de s'engager dans l'armée ou non. Il se la poserait un jour bien sûr, mais le plus tard possible. Adel se contentait juste de débarquer au milieu de la vie de son ex-petite amie et de l'aider comme il pouvait, avec ces quelques mots, ces quelques phrases. « Mais ils ne savent pas ce qu'ils perdent » ajouta-t-il finalement. Certes, les articles de la jeune femme, qu'il avait pu lire par le passé, étaient souvent poignants, avec un fort parti pris, et cela ne plaisait pas à tout le monde ; mais ses articles étaient gage de qualité et il était persuadé que s'ils prenaient la peine de les publier, les journaux - même les plus connus et les plus lus - n'en retireraient que du profit. Joe avoua alors la raison de sa présence ici, qui n'était pas seulement le fruit du hasard. En effet, elle était venue là, en premier lieu pour réaliser un article sur le bistro. « J'ai l'impression que j'ai un peu chamboulé tes plans... » Adel haussa alors les sourcils, quand la blonde reprit la parole. Ses yeux, pétillants, trahissaient le fait qu'il était heureux d'entendre ça, mais le reste de son visage demeurait dominé par la surprise. Il ne savait pas quoi penser de ce qu'elle venait de dire, et encore moins quoi répondre. Il fronça légèrement les sourcils, l'esprit confus. Alors comme ça, Joe n'en avait pas totalement rien à faire de lui, puisqu'elle était venue au bistro, même inconsciemment, en espérant que ce serait lui aux fourneaux. « Eh bien, hum, merci d'être venue » se contenta-t-il de dire. Il était malgré tout content de retrouver une Joséphine plus franche, qui osait dire plus de choses qu'en ce début de soirée. Il restait néanmoins un peu perplexe, ne comprenant pas trop pourquoi la jeune femme attachait de l'importance à ce qu'il réussisse dans sa vie et réalise ses ambitions. Il espérait cela pour elle, bien sûr, qu'elle réussisse, mais il n'arrivait pas à comprendre pourquoi cela semblait être réciproque. Et puis, une bombe avait éclaté. « Tu m’as manqué, Adel. » Cela eut le don de sortir complètement Adel de ses pensées. Il releva le regard, toujours pétillant, et étira un beau sourire, à la fois amusé et touché. Elle avait enfin laissé de côté sa retenue et ça lui faisait plaisir. S'il n'aurait pas apprécié, quelques heures plus tôt, qu'elle lui dise ça, il en était à présent heureux, sans trop en saisir la raison. Peut-être qu'il était content que, après tout, il ait manqué à quelqu'un. Qui plus est à Joe, sa Joe. « Je n'ai pas oublié » lança le brun, un sourire en coin, alors que la jeune femme se maudissait déjà d'avoir avoué ça. « Tu m'as manqué aussi, Joe, tu sais. » Adel avait besoin de le dire. Il avait besoin de le dire parce que c'était vrai, parce que ça lui pesait, son absence à elle lui avait pesé. Parce que malgré tout ce qu'elle avait fait, ce qu'elle avait dit, malgré toute la colère qu'il ressentait, il l'aimait. Il l'aimait, c'était évident ; mais pas pour lui. Il pensait qu'il avait cessé de l'aimer il y a bien longtemps, il y a trois ans, mais il se voilait la face que de penser ça. Et bien sûr, bien sûr qu'elle lui avait manqué. Joséphine avait brisé la glace et il profitait de cette brèche pour se confier un peu. Un tout petit peu. Il garda ses pupilles plongées dans celle de la jeune femme quelques instants, puis baissa les yeux et observa ses mains posées sur le comptoir, machinalement. Adel se mordit le coin de la lèvre, et redressa la tête. Il savait qu'il prenait un gros risque, il savait qu'il demandait ça sur un coup de tête, mais là, maintenant, il en avait envie, il avait envie de le lui demander. « Tu dirais vraiment oui, si je te proposais de travailler avec moi ? » Son regard brillait d'excitation à l'idée de travailler aux côtés de Joséphine, mais aussi et peut-être surtout, tremblait d'inquiétude à l'idée qu'elle refuse.
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MessageSujet: Re: terminé ✲ we counted all our reasons, excuses that we made (jodel)   terminé ✲ we counted all our reasons, excuses that we made (jodel) EmptyLun 9 Fév - 1:16


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J’avais toujours pensé à Adel comme l’homme de ma vie. Il avait tout. Et il y avait eu cet éveil de moi lorsque je l’avais rencontré. Je me rappelais comme si c’était hier du moment où je l’avais vu à la station essence. Le fait de ne le voir que de dos avait éveillé en moi une foule de choses que je n’avais jamais connues. Et lorsqu’il s’était retourné, j’avais cru mourir. Cette sensation de cœur qui s’emballait, d’estomac qui se serrait, de papillons dans les oreilles… cette sensation que j’avais toujours aujourd’hui, mais que je connaissais bien. Je ne l’avais jamais ressentie avec personne d’autre. Adel était le seul à me faire sentir de cette manière… amoureuse. Trois ans s’étaient écoulés et, encore aujourd’hui, j’étais complètement folle de lui. Et difficile de me voiler la face… je n’avais jamais été douée pour cacher mes sentiments, et même pour me les cacher à moi-même.
Son sourire déclenchait des foules de choses en moi. Moi qui étais arrivée à me contrôler tout ce début de soirée, je me retrouvais démunie et sortais des paroles qui n’auraient jamais dû avoir leur place dans cette conversation. Et pourtant, il ne semblait pas m’en tenir rigueur. Lorsque je lui avais avoué que j’étais venue en espérant secrètement le trouver derrière les fourneaux, Adel sembla très pensif. Normal, selon moi… je l’avais quitté trois ans plus tôt, prenant la décision moi-même, il devait très probablement s’attendre à ce que je sois passée à autre chose, et à ce que je ne débarque pas dans tous les bistrots de la ville pour essayer de l’y retrouver. Et pourtant… pourtant, même si je l’avais mis dans un coin de ma tête et de mon cœur ces dernières années, je n’avais jamais cessé de penser à lui. Quelque part. Ces cauchemars récurrents, ces légères crises de panique jamais connues auparavant, et tout le reste. Tout cela avait un lien avec lui, même si je n’avais jamais voulu réellement l’admettre. Le perdre était une pensée tout simplement abominable pour moi. L’imaginer mourir au front, et ne jamais revenir… c’était aussi et surtout pour ça que je l’avais quitté lorsqu’il avait dû partir. « Eh bien, hum, merci d'être venue ». Je souriais vaguement car cette phrase me semblait bien peu assurée. Était-il méfiant ? Pas sûr de ce qu’il venait d’entendre ? Pourtant, son air pensif me faisait dire qu’il avait tout-à-fait compris. Je haussais les épaules, quelque peu gênée de cette réaction que je ne comprenais pas bien. J’aurais aimé qu’il me dise qu’il avait voulu que je vienne, qu’il avait voulu que je pousse la porte d’entrée depuis le moment où il avait acquis le local, mais il n’en fit rien, et c’était bien normal. Alors, instinctivement, je poussais plus loin et lui avouais ce que je ressentais. Puis, le retirais, gênée de m’être tant laissée aller. Pourtant, Adel sembla un peu plus heureux, comme si ce que je venais de dire était ce qu’il avait espéré entendre. Mon cœur se mit à battre un peu plus vite. Il était beau… les quelques ridules qui gagnaient le coin de ses yeux ne le rendaient que plus séduisant. Sa peau avait dû être brûlée par le soleil, et cela lui donnait un air un peu plus âgé qu’il ne l’était. Mais oui… il était beau. « Je n'ai pas oublié ». Je me sentais alors rougir, chose que je ne faisais qu’avec lui. Il avait toujours eu ce don de toucher à l’endroit où cela me touchait profondément. Non, il ne voulait pas oublier ce que je venais de dire. Qu’il me manquait. Qu’il m’avait manqué plus tôt. Et bon Dieu, oui, que ça avait été le cas ! J’en prenais pleinement conscience maintenant qu’il était face à moi. Comme si ces trois années d’éloignement et d’ignorance n’avaient pas existé. « Tu m'as manqué aussi, Joe, tu sais. ». Ce fut à mon tour alors que de sourire sincèrement. Instinctivement, je m’approchais de lui, et me serrais brièvement dans ses bras, avant de me rendre compte de ce que je faisais exactement. Cela ne dura qu’un dixième de seconde avant que je ne m’écarte, gênée de ma réaction. Auparavant, cela semblait tout naturel. Aujourd’hui, les choses étaient, bien évidemment, bien plus complexes. « Ca me touche, tu sais… ». Poussée par l’instinct, j’avais eu besoin de le lui confirmer… probablement me rendais-je compte qu’il en avait besoin, après ces années éloignés l’un de l’autre.

« Tu dirais vraiment oui, si je te proposais de travailler avec moi ? ». J’ouvrais la bouche et la refermais tout aussi vite, très étonnée de cette proposition. J’avais imaginé que ce qu’il avait dit plus tôt n’était qu’une boutade, qu’il n’envisageait pas du tout que nous travaillions ensemble. Auparavant, nous l’avions imaginé… lui ouvrant enfin son petit restaurant, et moi venant y travailler pour lui filer un coup de main, tant que je n’avais pas réellement d’emploi. Mais avec la situation actuelle… néanmoins, j’étais touchée par cette proposition que je décidais de prendre assez à la rigolade. « Si tu es très sérieux, fais attention, je pourrais accepter sur-le-champ ! ». Reprendre un emploi de serveuse, et venir travailler à ses côtés, voilà une idée qui m’emballait drôlement ! Pouvoir le voir tous les soirs, l’entendre parler, le voir vivre de sa passion, c’était une chose que je voulais, réellement. « Je suis sûre que l’on ferait une belle équipe. ». Évidemment que nous le serions. Cela avait toujours été clair comme de l’eau de roche, dans chaque chose que nous avions entrepris ensemble… pourquoi celle-ci ne fonctionnerait-elle pas après tout ?

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MessageSujet: Re: terminé ✲ we counted all our reasons, excuses that we made (jodel)   terminé ✲ we counted all our reasons, excuses that we made (jodel) EmptyVen 13 Fév - 23:13



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Adel ne pouvait pas nier que cela faisait bizarre. Bizarre d'avoir Joe en face de lui, alors qu'il ne l'avait pas vu depuis trois ans. Ce n'était presque rien et énorme à la fois. Elle n'avait pas tellement changé que ça, il n'aurait bien sûr eu aucune difficulté à la reconnaître dans la rue - à la reconnaître dans une foule -, elle avait toujours ce même visage un peu rond, ces beaux cheveux blonds, elle faisait toujours la même taille ; elle était toujours aussi belle. Mais elle avait pris en maturité, il y avait quelque chose dans son regard qui avait changé. Il n'aurait su dire d'où cela venait, cependant, si son départ en était la raison ou si c'était le fait de rentrer dans la vie active. Quoiqu'il en soit, elle était réellement une adulte maintenant, alors qu'elle était encore un peu une adolescente quand elle l'avait quitté, quand ils s'étaient vus pour la dernière fois. Ils étaient tous les deux adolescents, quand ils s'étaient rencontrés. Joséphine était encore au lycée et Adel venait d'entamer sa première année d'études politiques. Quatre ans d'écart, ils avaient, mais ils s'en moquaient éperdument. C'était toujours « classe » pour une fille en première année de lycée de sortir avec un mec de la fac, même si ça l'était un peu moins pour un gars à l'université d'être en couple avec une « gamine ». À cet âge-là, l'écart était beaucoup plus marqué que par la suite, mais Adel avait refusé de passer à côté de celle qui était probablement la femme de sa vie, sous prétexte que ses copains lui disaient que c'était encore une enfant dans sa tête et qu'il jouerait à la nounou plus qu'autre chose, et que ses parents le mettaient en garde contre les parents de Joe, qui pouvaient à tout moment porter plainte contre lui pour détournement de mineur, s'ils avaient envie de se faire un peu d'argent facilement. Adel se foutait de tout ça, parce que Joséphine était intelligente et mature, beaucoup plus que tous les autres filles de son âge, et parce qu'il avait toujours été accepté à bras ouverts par ses parents, qui étaient heureux que leur fille ait un petit ami et ressente enfin quelque chose. Et puis, il l'aimait et c'était le plus important. Néanmoins, ça lui faisait étrange de se dire qu'ils s'étaient connus alors qu'ils n'étaient encore que des enfants un peu naïfs et que, maintenant, lui approchait à grands pas de la trentaine et avait vécu tout un tas de choses, qu'il n'aurait même pas pu ne serait-ce qu'imaginer, huit ans plus tôt.

Ils avaient un passé commun, et pas des moindres. Ils avaient vécu des choses extraordinaires, des choses fortes, ils avaient été amoureux, passionnément. Ils ne s'étaient pas vus pendant trois ans et voilà qu'ils étaient là, tous les deux dans ce bistro, heureux de se revoir mais néanmoins un peu gênés. Troublés par cette distance qui s'était malgré tout installée entre eux. Cette distance que Joséphine brisa, l'espace d'un instant, alors qu'elle prit Adel dans ses bras. Pris par surprise, il ne pensa pas à la repousser ; mais il n'avait pas non plus envie de la repousser. Il aurait dû, pourtant. Il ne fallait pas mettre la charrue avant les bœufs, ils ne pouvaient pas reprendre leur relation comme elle était il y a trois ans. Adel avait besoin d'explications, il avait besoin d'exprimer toute l'étendue de sa rancœur, de sa colère, il avait besoin de dire tout ce qu'il a vécu, combien il avait souffert, combien il aurait aimé pouvoir se tourner vers Joe dans ses moments de terreur, dans ces moments où il n'avait personne à qui parler. Et puis, il n'était pas certain que ce serait une bonne idée qu'ils se remettent ensemble, il n'était même pas certain d'avoir envie d'être de nouveau avec elle. Il avait vécu des choses merveilleuses, mais serait-il prêt à souffrir encore, si elle décidait de l'abandonner une nouvelle fois ? Et puis, l'aimait-t-il encore ? Comment pouvait-il l'aimer, après trois ans... C'est ce qu'il se demandait. C'est ce que sa conscience se demandait. Son cœur, qu'il n'écoutait malheureusement pas, chantait une toute autre mélodie.

Adel esquissa un sourire, un brin amusé, quand Joe répondit enfin. Elle avait donné la réponse qu'il espérait. Elle était d'accord pour travailler avec lui. Un léger poids sembla se retirer de lui, soulagé à l'idée qu'elle n'ait pas refusé. Il ne serait plus tout seul pour tout gérer, il pourrait davantage souffler et puis, surtout, elle serait là. Tous les jours, à ses côtés. Mais est-ce que c'était réellement une bonne idée ? Son cerveau fonctionnait à cent à l'heure, pesant le pour et le contre tant qu'il était encore temps, tant qu'il pouvait encore se rétracter. Tout se contredisait dans son esprit, entre les arguments objectifs et positifs sur le fait d'engager une serveuse qui l'aiderait grandement dans son travail, ceux objectifs aussi mais négatifs, selon lesquels il ne pouvait décemment pas travailler avec son ex-petite amie qui l'avait largué et contre qui il était encore en colère et puis, enfin, venait s'ajouter des arguments beaucoup plus subjectifs. C'était une toute petite partie de son esprit, très maigre, qui elle-seule écoutait son instinct et son cœur, et non sa raison. Elle lui disait d'engager Joe parce que c'était Joe, et parce qu'il ne pouvait pas se passer d'elle. Il avait plus ou moins facilement réussi à s'en sortir sans elle pendant trois ans, mais maintenant qu'elle était en face de lui, il n'était pas certain de pouvoir faire sans elle, de pouvoir la traiter comme n'importe quel autre habitant lambda d'Omaha. Étrangement, c'est cette petite partie qu'il décida finalement d'écouter. Contradictoire, jusqu'au bout des ongles. « Je ne rigole pas, Joe » répondit-il enfin sans cesser de sourire. Il voyait bien qu'elle prenait encore ça à la rigolade, comme si elle n'était pas vraiment certaine qu'il soit sérieux. Mais, à sa propre surprise, il l'était complètement. « On fera  une belle équipe, oui. Tu es engagée, Joe. » Adel sourit un peu plus, révélant ses belles dents blanches. Une vague de chaleur traversa son corps ; peut-être qu'il regretterait cette décision demain, mais pour l'instant il était tout simplement heureux. « Tu... tu peux commencer demain ? » Hésita-t-il à demander, en fronçant les sourcils. Il avait peur d'en demander un peu trop. « Enfin bien sûr, dès que tu as besoin de temps pour écrire tes articles, tu le prends. Il n'y a aucun souci. » Il ne voulait pas non plus brider complètement sa carrière de journaliste, c'était loin d'être son but. Il se réjouissait de pouvoir travailler avec elle, mais il voulait vraiment qu'elle puisse atteindre ses ambitions. Adel finit par se lever, brisant le contact visuel. « C'est pas le tout, mais il se fait tard... faut se lever tôt demain. Enfin, il faut que je me lève tôt demain. » Il avait tout les plats à préparer pour le midi, après avoir réceptionné les commandes qui arrivaient à huit heures et demi. Il regarda machinalement la montre à son poignet, avant de se passer une main dans les cheveux. Il n'était pas si fatigué que ça et il n'était pas non plus tellement tard, en fin de compte, mais il ne savait pas comment cette soirée allait évoluer. Il ne savait pas si c'était une bonne idée qu'ils aient la discussion ce soir, alors que tout était encore un peu flou dans sa tête. Il préférait avoir le temps de réfléchir, de se poser un peu, d'assimiler tout ça ; ses retrouvailles avec Joe ainsi que le fait qu'il venait juste de l'embaucher. Il ne voulait pas dire ou faire de choses qu'il regretterait plus tard. « ... T'as un copain ? » Il avait lâché ça de but en blanc en enfilant sa veste - et c'était une chose qu'il regretta aussitôt. C'était bien la peine de vouloir partir pour éviter ce genre de gaffes, s'il n'arrivait pas à se retenir dix minutes le temps de sortir du bistro. Adel décida malgré tout d'assumer, parce qu'au fond il avait envie de savoir. Terriblement. La question ne lui avait pas échappé pour rien. Il se tourna vers Joséphine et haussa légèrement les sourcils, ses lèvres tordues en une grimace mi-désolée de la question, mi-inquiète de la réponse.
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MessageSujet: Re: terminé ✲ we counted all our reasons, excuses that we made (jodel)   terminé ✲ we counted all our reasons, excuses that we made (jodel) EmptySam 14 Fév - 13:30


we counted all our reasons, excuses that we made
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Lorsque j’avais rencontré Adel, mes parents avaient été sceptiques. Nous n’avions jamais été très proches, après tout, ils avaient voulu m’abandonner avant de me reprendre au vu de leur situation financière. Mais, bien vite, et malgré notre gros manque de communication, ils avaient vu à quel point j’avais changé. Qu’il m’arrivait alors de rire, de pleurer, et d’éprouver de la colère ou de l’amour pour eux, mes géniteurs. Quelque part, cela nous avait rapprochés… je remarquais plus facilement les attentions qu’ils avaient pour moi, malgré leurs moyens. Et à cette époque, chaque émotion transperçait mon visage, ce qui leur faisait plaisir. Ils avaient finalement accueillis Adel à bras ouverts, dès la première rencontre. Notre différence d’âge leur importait peu : il me rendait heureuse, et tout simplement vivante, et c’est tout ce qui importait. Cela avait été un peu plus compliqué avec mon grand frère, plus méfiant. Allait-il profiter de moi ? Me jeter comme une vieille chaussette dès la première blonde à gros seins venue ? Et puis, ses peurs s’étaient dissipées : quoiqu’il arrivait, nous étions un couple très soudé, et rencontrer d’autres personnes ne nous séparait absolument pas.
Cela fut plus complexe avec les parents d’Adel. J’étais jeune, probablement un peu immature, et ils m’avaient peu laissé le bénéfice du doute. Les regards, au tout début où il me ramenait chez lui, étaient parfois durs. Ils l’avaient adopté après des périodes très difficiles pour lui, et le surprotégeaient quelque peu, ce que j’avais pu comprendre. C’est au fil du temps que je m’étais faite ma place. En montrant que, malgré mon jeune âge, je n’étais pas si bête et naïve que cela. Que je pouvais tenir une conversation sérieuse et, surtout, que j’aimais d’un amour très sincère leur fils. Sa mère avait été la première à m’accepter, après quelques mois de relation. Après une mauvaise journée, je l’avais écoutée m’expliquer à quel point la vie pouvait être difficile. Elle m’avait ensuite posé des questions sur ma relation avec son fils, sans jamais aller trop loin. Je lui avais répondu sincèrement et raisonnablement, ce qu’elle avait beaucoup apprécié. Suite à cela, ma place dans sa famille fut rapidement faite…

Mais comment faire ? Comment rattraper ces trois ans perdus à cause de l’immense peur que j’ avais eue ? J’avais comme l’impression, parfois, que cela serait faisable, ou qu’il était trop tard à d’autres moments. Comme à celui-ci, où je l’avais senti se tendre alors que je le serrais dans mes bras. Comme s’il voulait me rejeter mais n’osais pas le faire, ou comme si le fait que je sois contre lui le répugnais. Je tentais d’oublier cette impression qui me faisait incroyablement mal au cœur… en même temps, je l’avais cherché. Si je n’étais pas partie comme une voleuse lorsqu’il avait été appelé au front, nous n’en serions pas là aujourd’hui…

« Je ne rigole pas, Joe ». Mon cœur fit un bond. Il voulait réellement que je travaille avec lui. Ce qui voulait dire le voir chaque jour, lui parler chaque jour, sentir ces papillons dans le ventre, cette boule dans la gorge et ce cœur palpitant chaque jour. D’un côté, cela me faisait peur. De l’autre, j’étais heureuse de me dire que, peut-être, cela allait contribuer à recréer une certaine complicité entre nous. « On fera une belle équipe, oui. Tu es engagée, Joe. ». Un large sourire étira mes lèvres. Oui, nous allions bosser ensemble. Et de plus, être serveuse était quelque chose qui me plaisait énormément. Tout de même pas plus que de pouvoir l’aider à élaborer ce projet que nous avions déjà élaboré quelques années plus tôt, lorsque nous étions ensemble. Je me souvenais de ces dizaines de papiers, où nous notions nos idées pour le bistrot qu’Adel ouvrirait une fois qu’il aurait eu le courage d’annoncer à ses parents qu’il partait dans une toute autre direction que celle de ses études. Nous avions songé à la décoration, aux recettes, aux plats proposés, aux boissons… à tout, en somme. Et nous nous étions imaginés construire cela à deux, et ouvrir à deux. Moi continuant à écrire pour un journal sur le côté, et lui, se consacrant à cent pourcent à son projet.
Je regardais autour de moi. La décoration était très différente que ce que nous avions imaginé ensemble, ce qui me créa un léger pincement au cœur. À quoi m’étais-je attendu ? Néanmoins, je remarquais le porte-manteaux que nous avions chiné ensemble dans une brocante et pour lequel nous avions craqué, promettant qu’il s’agirait de la première pièce à mettre dans le bistrot pour le rendre chaleureux. Je repérais aussi les centres de table qui ressemblaient drôlement à ceux que j’avais dessinés un soir, alors que nous étions devant la télévision. Il avait changé certaines couleurs mais l’idée était là… il n’avait pas tout mis à la poubelle. « Tu... tu peux commencer demain ? ». Tirée de mes pensées, je tournais mon regard sur lui, et remarquais son air quelque peu gêné. « Enfin bien sûr, dès que tu as besoin de temps pour écrire tes articles, tu le prends. Il n'y a aucun souci. Bien sûr que je commence demain. ». « Ne t’en fais pas, tu sais que si l’idée est là, j’écris très vite. Je trouverai le temps pour rédiger mes articles d’une manière ou d’une autre. ». Je souriais, heureuse de pouvoir faire partie de cette aventure. De toute manière, mon travail de pigiste ne fonctionnait pas du tonnerre, je pouvais bien me permettre autre chose. « Par contre, celui pour le bistrot est compromis si je travaille ici… ! ». Je riais légèrement. De plus, je n’avais même rien goûté… mais je ne ressentais pas la faim. Le voir me retournait complètement, au point que j’en avais quasiment oublié le but de ma venue ici. « C'est pas le tout, mais il se fait tard... faut se lever tôt demain. Enfin, il faut que je me lève tôt demain. ». J’esquissais un léger sourire. Nous allions nous revoir le lendemain, cela ne me posait donc aucun problème qu’il me pousse vers la sortie. J’attrapais ma veste alors pour l’enfiler. « ... T'as un copain ? ». Je m’arrêtais net dans mon geste et me tournais vers lui. Il grimaçait légèrement, comme si cette question était sortie toute seule. Je ne répondais pas de suite. Non, je n’avais personne, c’était clair. Mais et s’il attendait une autre réponse ? Et si en sachant que je n’avais personne, il décidait de ne pas m’engager ? Mon cœur battait la chamade. Peut-être que lui vivait en couple avec une belle jeune femme, sûrement bien plus belle que moi… « Non. Je suis célibataire… depuis longtemps. ». Je n’avais jamais eu de relation sérieuse depuis lui. Quelques aventures par-ci, par-là, mais rien de plus, et rien qui n’aurait pu me faire passer à autre chose. Je refermais mon manteau, et tentais de m’efforcer de tenir la question qui me brûlait les lèvres secrète, et de partir rapidement, mais ce fut plus fort que moi. « Et toi ? Tu as quelqu’un ? ». Je priais dans ma tête pour que la réponse soit négative. Je le prendrais tellement mal dans l’autre sens. Je remarquais alors que mes doigts tremblaient. Il était temps de partir, j’allais craquer d’une seconde à l’autre…

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MessageSujet: Re: terminé ✲ we counted all our reasons, excuses that we made (jodel)   terminé ✲ we counted all our reasons, excuses that we made (jodel) EmptyDim 15 Fév - 19:43



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Adel esquissa un sourire. C'était parti. L'aventure était lancée, celle de travailler aux côtés de Joséphine. C'est ce dont ils avaient toujours rêvés, tous les deux, à l'époque où ils étaient encore en couple : travailler ensemble, main dans la main. Monter une affaire qui fonctionnerait à merveille, et ça parce qu'ils l'auraient façonnée ensemble. Au final, Joe ne l'avait pas vraiment aidé dans la préparation de son bistro, du moins pas en pratique. Elle lui avait fait tout un paquet de dessins de comment ils se l'imaginaient, et Adel avait tout gardé. Ils étaient encore dans un carton d'ailleurs, dans son petit studio. Il n'avait pas eu le cœur de l'ouvrir. Ça le rendait triste, de se dire que tous ces moments qu'ils avaient passés à échafauder des plans étaient à présent du passé, et il était encore trop énervé pour prendre en compte les idées de celle qui l'avait quitté. Il avait malgré tout repris quelques éléments qu'ils avaient discutés ensemble, ceux dont ils se souvenaient. Joe ne l'avait pas non plus aidé dans le choix du local, ni dans l'aménagement du bistro en lui-même. Elle n'était pas là pour ça. Viktoria, la meilleure amie d'Adel, avait davantage été présente pour ça et l'avait d'ailleurs beaucoup aidé à monter son affaire. C'était grâce à elle qu'il avait pu se rendre le moins possible à Omaha avant son retour officiel, d'ailleurs. Il lui en était reconnaissant, mais ce n'était pas pareil. Ce n'était pas avec elle qu'il avait échafaudé tous ces plans, pas avec elle qu'il s'était imaginé ouvrir son bistro - et de toute façon, elle ne comptait pas le faire. Alors savoir qu'en fin de compte ils allaient être réunis et mener ensemble le bistro, ça le rassurait. Beaucoup. Il ne pouvait, sur le moment, vraiment pas rêver mieux. En plus de ça, elle était prête à commencer dès demain, et la peur d'Adel que son bistro ne démarre pas bien était à présent oubliée.  « C'est vraiment super sympa » lança-t-il légèrement. Il hésita à parler salaire mais se ravisa. Il ne voulait pas se prendre la tête avec des questions d'argent maintenant, pas ce soir. Ils auraient tout le temps de voir ça plus tard. Ils en avaient déjà parlés, il y a quelques années, et Adel avait toujours affirmé et soutenu qu'il donnerait la même somme d'argent à Joe qu'il se laissait pour lui-même. Elle n'avait pas toujours été d'accord, bien sûr, clamant que c'était son bistro à la base et qu'elle aurait son métier de journaliste à côté, mais il refusait catégoriquement de s'avantager. Il ne faisait pas ce métier pour gagner de l'argent - même si c'était indispensable pour vivre, bien sûr - mais pour son plaisir avant tout. Et puis après tout, ils étaient censés vivre ensemble et se partager l'argent... même si ce n'était plus le cas aujourd'hui, son avis ne changeait pas. Joe l'aiderait beaucoup et il n'y avait pas de raison qu'elle soit moins payée que lui. Leur salaire à tous les deux ne seraient pas très élevé au début, bien sûr, mais plus le succès du bistro augmenterait, plus ils gagneraient d'argent. Adel ne se faisait néanmoins pas trop de soucis, parce qu'en plus du fait qu'il avait prévu assez d'argent sur son emprunt pour subvenir à deux salaires de sept-cent dollars sur six mois, il savait que ses parents seraient toujours là s'il avait besoin de quoique ce soit. Ils le lui avaient bien fait comprendre quand il était revenu les voir après trois ans d'absence. Adel ne comprenait pas comment ses parents pouvaient ne pas lui en vouloir d'avoir fuit sans rien dire, d'avoir gaspillé plus de vingt-cinq mille euros dans une école pour avoir un diplôme qui ne lui servait à rien, finalement, comment ils pouvaient refuser qu'il les rembourse, et comment ils pouvaient en plus de tout cela, lui dire qu'ils seraient toujours prêt à lui donner de l'argent s'il en ressentait le besoin. Peut-être que le fait qu'il s'éloigne pendant quelques temps avait aidé, peut-être que ses parents avaient plus été inquiets à l'idée qu'il puisse mourir au front que déçus par son abandon de la carrière qu'il projetait, mais toujours est-il qu'Adel pensait être trop bien tombé, être trop gâté, ne pas mériter tout ce qui s'offrait à lui. Il n'arrivait pas à croire qu'il avait pu si mal commencer dans la vie, avec une mère sans le sou qui n'en avait rien à faire de lui, pour finir dans une famille en or, au sens propre et figuré, qui l'aimait plus que tout. Il s'estimait heureux, vraiment heureux. Avoir la chance de revoir Joe était extraordinaire, en plus de tout ça, comme s'il était lancé dans une spirale vertueuse. Il espérait que cela continuerait ainsi le plus longtemps possible. À commencer par la réponse à sa question... Adel était sur un petit nuage, et il le resta encore après que Joe ait répondu. Elle n'avait pas de copain. Et à l'entendre, elle n'en avait peut-être pas eu d'autre après lui. C'était combien de temps, longtemps ? Adel appuya sur la poignée de la porte et l'entrouvrit, le froid de la nuit s'engouffrant dans le bistro et lui fouettant le visage. Il se retourna vers la jeune femme, un sourire triste aux lèvres. « Non, personne » dit-il simplement. « Il n'y a eu que toi. » Il laissa son regard plongé dans les pupilles noisettes de Joséphine quelques secondes, avant d'éteindre les lumières du bistro. Il sortit dans le froid et remonta un peu plus la fermeture éclair de sa veste. Il attendit que son ex-petite amie et nouvelle partenaire de travail sorte à son tour, et verrouilla la porte. Si on lui avait dit, ce matin, que sa soirée se déroulerait ainsi, il n'y aurait pas cru. Cela avait été une belle surprise. Trop belle pour être vraie ; et pourtant. Il n'y avait rien de plus vrai que ce qu'ils avaient vécus, et que ce qu'ils s'apprêtaient à vire.

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