Nice to meet you.

Devenir le tuteur d’une enfant de quatre ans impliquait beaucoup plus de choses que je n’aurais sans doute pu l’imaginer. En effet, jamais je n’aurais pu croire que je devrais passer dans un magasin de vêtements après le boulot. Allie – ma nièce dont j’étais le tuteur depuis peu – était chez une amie. La maman de sa copine m’avait gentiment proposé de la garder après m’avoir donné l’adresse du magasin où la mère de ma nièce allait l’habiller avant de périr dans un tragique accident. Cela m’avait bien aidé, car un je n’avais aucune idée d’où aller, et deux Allie aimait beaucoup les habits qu’elle avait et ici était apparemment le seul endroit de la ville où se procurer ses motifs favoris. Ça aussi, me soucier de la couleur des papillons sur une robe de fillette, je n’aurais jamais pu l’imaginer. Au final, je me retrouvais concentré au possible sur ce qui pourrait lui plaire au mieux. Côté taille, je n’avais pas trop de difficultés, elle rentrait parfaitement dans les vêtements faits pour son âge même si en pantalon une petite ceinture n’était pas de trop. Sans m’en rendre compte, j’avais dû changer pour m’adapter à cette vie de parent. Travailler, faire les courses, trimballer Allie à l’école, à l’hôpital, au parc. C’était pire que de cumuler deux boulots. J’admirais les mères qui exécutaient bien souvent la majorité du boulot. J’étais un peu un père célibataire, un tuteur célibataire du moins. Et je devais avouer que ça aurait été beaucoup plus aisé de faire ça avec quelqu’un d’autre. Moi qui n’avait jamais voulu d’enfants auparavant, à présent je ne pouvais percevoir mon futur dans l’un deux dans le paysage. Toutefois, il me faudrait trouver une femme prête à penser aussi loin avec moi. Et ce n’était pas gagné. Elizabeth prenait encore beaucoup trop d’espace dans mon esprit. L’avoir revue ne m’arrangeait pas du tout pour l’oublier. D’ailleurs c’était presque devenu une obsession. Plus encore depuis que la petite avait fini par dire qu’elle était cool et ressemblait un peu à sa maman.

Me perdant dans mes pensées, je finis par changer de rayon et me rendis compte au bout de dix minutes qu’il n’y avait pas la taille d’Allie là où j’étais. Croisant un membre du personnel, je l’interpellais pour avoir des renseignements. « Excusez-moi mademoiselle, je cherche des vêtements pour une petite de 4 ans. Elle aime les papillons violets qui viennent de chez vous. » expliquais-je plutôt maladroitement « Vous pourriez m’indiquer où trouver ce qui pourrait lui convenir, s'il vous plais ? Je suis un peu… novice dans tout ça. » finissais-je par avouer. La jeune femme se retourna vers moi et je lui souris en dépit de sa beauté sculpturale. C’était une magnifique blonde, voluptueuse à souhait. Il y a plusieurs mois de cela, j’aurais probablement tenté de la draguer. A présent, je n’avais ni le cœur à flirter, ni le temps. En effet, si par miracle je me sortais Elizabeth de la tête, je n’aurais probablement pas le temps de nouer une relation adulte normale. Passant tout mon temps avec Allie, c’était probablement peine perdue. D’ailleurs, je repérais rapidement une alliance à la main de mon interlocutrice et cela fini de me soulager au fond.

Nice to meet you.

Dôté fringues, je n’avais jamais été du genre à me fatiguer. Je suivais la mode, sans être un adepte de tout ce qui pouvait émerger non plus. Mes jeans étaient serrés sans pour autant me comprimer non plus. Je portais ce qui me plaisait tout en suivant un minimum le mouvement. Car j’aimais bien être bien habillé. Plus jeune, j’avais vite compris qu’en plus de sourire, ce que l’on porte peut nous ouvrir pas mal d’opportunités. Alors le calcul étant vite fait, j’avais investis. Avec le temps j’avais développé mon propre style. Pas bien compliqué non plus, je mettais ce que j’aimais. En abusant parfois sur certaines pièces, mais comme tout le monde probablement. Faire du shopping était pas quelque chose qui me faisait vraiment plaisir. J’y allais lorsque j’avais besoin de quelque chose, point. Jamais je n’aurais imaginé avoir à en faire pour quelqu’un d’autre. Premièrement, car je n’étais jamais resté avec une fille bien longtemps. Donc j’avais toujours pu esquiver. Deuxièmement je ne pensais pas avoir d’enfant à ma charge, pas si tôt, peut-être même pas du tout. Et quand bien même, je ne pensais pas avoir à me retrouver à faire ça seul. J’aurais été l’accompagnateur râlant, distrayant les gosses pendant que ma compagne aurait galéré. A présent que j’avais un double rôle, je pensais bien que certaines choses ne s’en iraient jamais. J’avais acquis toutes ces compétences pour enfants que je ne pouvais pas oublier, je le savais bien.

La vendeuse sembla hésiter un instant avant d’accepter ma requête. Je lui souriais poliment avant de la suivre dans les rayons. Elle y circulait avec aisance et professionnalisme. Un instant, je me demandais si elle n’était pas plus qu’une simple vendeuse. Puis, on en revint à Allie, et je souriais, comme à chaque fois que je devais parler d’elle. J’ignorais d’où me venais cette fierté d’autant plus qu’elle n’était même pas légitime. « C’est ma nièce, je suis son tuteur. » expliquais-je rapidement. Depuis que l’on m’avait regardé de travers plusieurs fois, je me sentais presque obligé de tout expliqué. Je n’aimais pas que la petite puisse apercevoir ce genre de choses. Je préférais qu’elle pense que tout le monde comprenait immédiatement que j’étais son tonton, et non qu’elle sache qu’en raison de nos yeux si semblables elle semblait être mon bébé, après tout. « Et elle préfère les robes, mais je veux quand même quelques pantalons. Allie a tendance à courir partout quand on se promène, je préfèrerais qu’elle ne s’écorche pas les genoux, en fait. » avouais-je stressé tandis que nous nous retrouvions face aux fameux papillons. J’étais soulagé de retrouver ce motif. Je savais que cela lui ferait plaisir, et instantanément j’étais certain que sa journée serait bonne. « Si on m’avait dit que je ferais tout un cinéma pour des papillons un jour… » déclarais-je en souriant tandis que je regardais un portant cependant que la jeune femme à côté de moi tentait de dénicher de belles pièces.