Mieux vaut taper
involontairement dans une inconnue,
que volontairement dans sa propre soeur.. 

Ivy & Maximilian

"C'est la dernière fois, tu entends ? La dernière fois que je te chope avec ce genre de trucs, t'as compris ? Tu veux pas te défoncer devant la télé avec ma mère et ton père ? Propose leur un pet' aussi non ? P't'être qu'ils prendront ça à la rigolade et qu'ils tireront volontiers une taffe, tu crois pas ? Pour qui tu t'prends hein ! Cette salle de bain est commune !" Il n'était même pas sept heures dix du matin que Maximilian était déjà en rogne. "T'as pas d'ordre à me donner ! Je fais ce que je veux ! T'es ni mon père, ni personne!" Si Maximilian était capable de crier, Adyson l'était tout autant. Pourtant, celui qui avait le plus de raisons de le faire, ce n'était pas elle, mais bel et bien, lui. Il dormait quand tout à commencé. Il dormait tranquillement, mais pas d'un sommeil profond, comme d'habitude en fait. Il était plus le genre de personnes qui avait le sommeil léger, de sorte qu'une simple odeur un peu trop prononcée pouvait le réveiller. Ce matin-là, il n'avait pas été question d'odeur agréable de pancakes à peine cuit, ou autres. Il s'agissait au contraire d'une odeur qu'il n'appréciait pas et qu'il détestait sentir dans la maison. Ça empestait dans toute sa chambre et il ne lui avait pas fallu longtemps pour émerger et comprendre que sa stupide sœur par alliance se défoncait à une petite dizaine de pas. D'un bond, il s'était débarrassé de la couette qui le recouvrait, avait juré, et s'était glissé dans un jogging en se dirigeant vers la salle de bains qu'il partageait avec elle et qui reliait leurs deux chambres. Et comme il s'y attendait, il l'avait surprise, un joint dans le bec, à moitié endormie. Encore ...

Ce n'était pas la première fois qu'il se retrouvait dans cette situation, mais la bouteille de vodka quasi-vide sur le bord du lavabo, ça s'était tout nouveau. Sur les nerfs, il sentait une colère abominable grandir en lui. Son accident ne lui avait donc pas suffi ? Il fallait qu'elle recommence. Violemment, il s'en saisit. "Et ça, c'est quoi ? Adyson, putain ! Tu te fous vraiment de ma gueule hein ! Faut que je te rappelle la fois où j't'ai retrouvé allongée comme la droguée que tu es dans le parc ? Tu t'en souviens pas de ça ? J'vais te le remémorer hein ! L’hôpital, le coma, ça te dit rien ! Tu vas t'arrêter ouais ? C'est pour te prouver quoi tout ça ? C'est pour quoi faire hein ? C'est pour te souvenir de cet abruti hein ?" Il criait. Elle le fixait, le joint entre les doigts, puis, comme si elle ne l'avait pas entendu, tira une dernière fois avant de lancer d'une pichenette le truc dans la cuvette des chiottes. "Ferme ta gueule, ça résonne." Et sur ces simples mots, elle lui tourna le dos et se dirigea dans sa chambre. Quelle conne, celle là. L'envie de la tuer n'avait jamais été aussi forte qu'à cet instant. Elle enchaînait les conneries, les unes derrière, les autres et ne se rendait même pas compte qu'il s’inquiétait pour elle. Crétine.
Énervé et incapable de se calmer, Maximilian retourna dans sa chambre, la vodka toujours en main. Il déposa le récipient sur son bureau, enfila un t-shirt et une veste de survet', attrapa ses clefs et sa musique, avant de sortir. Il dévala à toute allure les escaliers de la grande maison et claqua violemment la porte d'entrée. Il enfonça alors très profondément ses écouteurs et monta le volume au maximum. Au bout de l'allée, il fourra la bouteille d'alcool dans une poubelle et se mit à courir. Courir, encore et toujours, de plus en plus vite, et ne plus s'arrêter.

C'était un peu son défouloir, son décompresseur. Courir pour se calmer. Courir pour oublier. Courir pour se défouler sur autre chose que sur Adyson elle-même. Cette gamine était véritablement impossible. Agaçante au plus haut point, sans limite, prête à tout, sans se poser jamais la moindre question. Irresponsable. Voilà ce qui la définissait le mieux. Elle se sentait vivre seulement en soirée et complètement ivre. Dieu seul savait ce qui avait bien pu lui arriver au cours de nuits beaucoup trop arrosées. Rien que d'y penser, Maximilian serra les dents. Inconsciente, par la même occasion. Elle n'avait aucun sens moral. Les foulées du jeune homme ne faisaient que s’accélérer, son débit respiratoire ne cessait d'augmenter tandis que sa colère s'atténuait pour doubler de plus belle, la seconde d'après. Impossible de se calmer. C'était la fois de trop. Que fallait-il qu'il fasse hein ? Qu'il l'attache ? Qu'il l'enferme ? Non ... Il fallait qu'elle comprenne. Qu'elle se réveille, et qu'elle réalise.
Le jeune homme courait toujours tête baissée, les yeux fixant le sol qui défilait sous ses yeux. Il n'avait donc pas pu la voir. Il n'avait donc pas pu la contourner, l'anticiper. Le choc fut brutal. Si brutal que la jeune femme qu'il venait de tamponner vacilla avant de tomber le cul sur le sol. Et merde. Maximilian soupira, retira ses écouteurs et se pencha en avant, tendant sa main. "Je suis vraiment désolé, j'étais beaucoup trop .. Rapide et concentré, je ne vous ai pas vu .. Vous n'avez rien de .. Casser, j'espère."

HRP: