Assise près du bar, je regardais les invités entrer un par un. Mon regard acéré vérifié si chaque chose était à sa place. Les arrangements floraux ornaient le plafond en guirlandes légères. Une musique douce résonnaient dans la salle de réception. C'était la soirée la plus importante de l'année pour le magazine et je ne pouvais permettre un seul faux pas. Tout se devait être parfait, sinon tout mes efforts pour attirer l'attention et améliorer la réputation de U. Style aurait été inutile. Je passais une main sur la soie bleu royal de ma longue robe de soirée. Magnifique robe à une manche, que j'avais simplement rehausser d'une broche ouvragé. Le chic était toujours situé dans les détails et en tant que rédactrice en chef, je maitrisais cette art à la perfection. Je bougeais légèrement ma cheville avant de poser le pied à terre, chaussée d'une paire de Louboutin. Les serveurs s'activaient passant d'un geste élégant entre les invités de marques. Les mains manucurés attrapaient les verres de champagne. Un sourire vient ourler mes lèvres peintes d'un délicieuse rouge gourmand. La soirée commençait aussi bien que je l'avais espéré.
Qui plus est, j'avais mon nouveau bras droit : Abigaëlle. C'était son grand test ce soir, pour voir si elle était à la hauteur des espérances que je mettais en elle. J'avais choisi sa robe et elle lui allait comme un gant. Elle se rapprochait de moi me chuchotant à l'oreille pour avoir si tout aller bien et que nous pouvions aller faire notre travail de bienvenue. J'hocha la tête, lui répondant sur le même ton: "Pour l'instant tout va bien. Je compte sur toi pour la suite" Je posa mon regard bleu sur elle, d'un air sérieux mais pas trop sévère non plus. Un sourire vient même à mes lèvres en signe d'encouragement. Ce n'était pas le moment qu'elle succombe au stress de sa première action de mondaine. J'avais besoin d'elle. J'avança dans la salle de réception puis me posa près du petit salon, sachant qu'ils viendraient tous vers moi pour me saluer. Un rédacteur d'un autre magazine vient me voir en premier, nous échangeâmes quelques mots banales avant que j'avance dans le vif du sujet, parlant d'une collaboration possible. Nous nous accordâmes pour arranger un rendez-vous professionnel dans les prochaines semaines. Je lançais un regard de côté à Abigaëlle pour qu'elle prenne ça en note. Et le ballet des bienvenues continua. A un moment, je passais délicatement ma main sur ma manche, lui faisant signe qu'elle devait m'aider. Sa première épreuve commençait.

De nombreux regards étaient posés sur moi. Ce n'était pas un narcissisme trop grand qui me faisait croire ça mais simplement, j'étais l'hôte de soirée et attendu au tournant comme on dit. Dans mon métier, il fallait avoir les dents longues ou tout du moins une bonne carapace. J'avais les deux. Les insultes glissaient sur moi comme s'ils n'avaient jamais existé. La reconnaissance étant toujours là en trophée car personne, au grand personne, ne pouvait remettre en doute la qualité de mon travail. Je n'avais pas eu besoin de coups retord pour arriver là où j'en étais. De la simple ambition et un travail de perfection m'avait fait choisir parmi tant d'autre à devenir celle qui éliraient ce que les autres femmes mettraient sur elles. Bien sûr, et j'en avais bien conscience, mon apparence me faisait toujours passé pour plus froide que parfois je ne l'aurai aimé. Cependant, dans le travail, cela me fut utile et j'entretenais avec un soin délicat d'entretenir cette apparence pour laisser au loin ceux qui oseraient me critiquer.
Une soirée tel que celle organisé pour U.Style était pourtant l'occasion de montrer un éventail d'affabilité. Le sourire délicat sur mes lèvres drapées de rouge, j'accueillais d'un mot agréable mes invités. Je me souciais d'eux, de leur bien-être, les interrogeant parfois sur quelques aspects plus personnels quand je les connaissais de longues dates. Ma main douce serraient les mains masculins, les baises flottaient dans l'air près des joues. Danse mondaine de la courtoisie en société. Jusqu'à un inconnu pose son regard sur mon moi. Shit. Aucun de qui ça pouvait être. Discrètement, je remis ma manche pourtant déjà parfaitement installé; Signe discret à Abigaelle. Elle se pencha vers moi, faisant simplement croire à une conversation alors qu'elle me donnait les informations sur celui qui se rapprochaient toujours plus. J'hochais légèrement la tête, l'oreille attentive. Sa dernière phrase me fit légèrement sourire. Information complètement inutile. Tout du moins, je retirais quelques informations de ce qu'elle venait me dire. Jeune photographe qui avait encore à faire ses preuves, comme la demoiselle à mes côtés. Quand il arriva face à moi, je lui tendis la main, un sourire toujours parfait sur mon visage. "Oh Roger ! Désolée de ne pas vous avoir encore rappelé. J'ai été débordé avec la mise en place du bal. Vous me pardonnez ? " Bien sûr, Roger s'empressa de saisir ma main dans une poignée de main chaleureuse, me disant que c'était tout pardonné et qu'il était déjà ravi de me voir ici. Je lâcha sa main continuant de parler quelques minutes avec lui, échangeant des banalités avant de lui souhaiter bonne soirée. Il s'éloigna et je me tourna à demi vers Abigaelle. Je passais une main dans une mes boucles rousses impeccables. Un sourire plus naturel et légèrement amusé se peignit sur mon visage. "Merci pour l'information sur Roger mais les tons n'étaient pas vraiment utiles. Les photographes peuvent changer de tons à la demande, vois-tu ? Et peut-être ajoute la prochaine fois les détails de son activité actuel ou récent tout du moins. Son dernier photoshoot était avec qui, pour quel marque, par exemple si c'est encore un photographe ou un mannequin." Je lui parlais bas pour que le reste du monde n'entend pas. Mes iris aux teintes bleus-grises la détaillait, vérifiant que l'information était bien passé.

Mes yeux virent clairement ses joues devenir rouges sous l'embarras. Elle n'avait pas besoin d'avoir autant d'émotion pour ça. Je n'avais pas dit ça pour la gêner mais pour lui apprendre quelque chose. Enfin, ce n'était pas si grave, le plus important est qu'elle avait bien compris ce que je voulais lui dire. Les informations non pertinentes étaient une perte de temps et de cerveau. Je n'étais pas la pour perdre quoique ce soit et elle non plus. Il valait donc mieux qu'elle sache faire le tri de façon efficace entre le savoir utile et les connaissances sans intérêt. Elle était nouvelle, le poste était important, je me devais lui laisser le temps de prendre ses marques. Pour l'instant, ce n'était pas une faute grave mais ce genre de petites erreurs accumulés pouvaient causés des problèmes. Cependant, nous avions encore toute la soirée devant nous pour que je puisse me faire une idée définitive à son sujet. Elle se savait bien, elle était en test aujourd'hui. C'était tout ou rien, le monde est ainsi fait.

Elle s'excusa me promettant de faire des efforts de pertinences. Promesse, promesse... j'attendais de voir les résultats réels. Abigail notait ce que je venais de lui dire, me prouvant au moins qu'elle m'écoutait vraiment. Bon point. Pendant ce temps, je sirotais avec élégance ma coupe de champagne. La soirée se déroulait sans heurt. Abigail fit de même, enfin elle vida littéralement son verre en une gorgée. J'arqua un sourcil, un rien amusé par son attitude. Puis avança dans la foule, allant accueillir un styliste que je connaissais de longue date maintenant. Nous discutâmes avec chaleur et fit noter à Abigail, un autre rendez-vous. Puis une femme totalement inconnue, vient alors pour me parler. Je fis rapidement le geste sur ma manche, un peu pressée. Elle me disait vraiment rien, alors qu'elle avait l'air d'un certain âge déjà. Shit shit. Elle se mit à me parler de comme quoi elle était ravie d'avoir pu venir à Omaha pour me rencontrer, que ça faisait longtemps qu'elle pensait à faire quelque chose avec le magasine U.Style et que le fait que j'avais repris le magasine depuis l'année dernière, avait particulièrement attiré son attention. Plein de compliment, certes, mais ça me disait en rien qui elle était. Je déviais mon regard sur Abigail, l'insistant silencieusement à venir à ma rescousse.