J’avais passé une nuit terrible. Et je ne suis pas du genre à me plaindre, car habituellement lorsque je passe des nuits terribles c’est de mon fait, par un abus inconsidéré d’alcool. Pourtant, cette fois je n’avais rien à avoir l’un dedans. Je n’étais même pas sorti. Parce que je ne me sentais pas en grande forme. Mais cela allait encore à peu près. J’étais fatigué, mais je pensais que  c’était juste dû au fait que j’avais passé beaucoup de temps à bosser ces derniers jours. Bien sûr, il avait fallu que ce soit autre chose. J’avais des maux de têtes infernaux, je frissonnais comme une vieille dame, et mon cœur battait à une allure infernale. Avant de voir un médecin, je me doutais bien que j’étais tombé sur une pathologie tout à fait saisonnière : La grippe. J’en avais tous les symptômes. Le pire, j’étais conscient qu’on ne me donnerait que des choses pour faire passer un peu les symptômes et que je devrais attendre que cela passe. Néanmoins, ne rien faire chez moi était encore pire que d’attendre. Parce que bien sûr, je n’étais pas le seul à être malade. Loin de là. Des tas de gens semblaient avoir voulu se presser à l’hôpital pour des raisons plus ou moins similaires aux miennes. C’était pénible, mais c’était comme ça, je n’y pouvais rien. J’avais patienté un moment, voyant les personnes se succéder les unes après les autres passant dans les diverses salles de consultations des médecins et internes. Au final, nous n’étions plus très nombreux dans la salle d’attente. Il y avait un homme qui semblait un peu plus âgé que moi, et une petite fille à l’air adorable qui jouait à côté de moi. Les autres étaient un peu éloignés, aussi je soupirais en entendant une secrétaire nous crier qu’il y avait beaucoup de retard mais qu’on finirait par être consultés. « Une chance qu’aucun de nous ne soit en train de décéder. » je déclarais blasé jetant un regard à l’homme en face de moi. Puis, par ennui je posais mon regard vers la petite fille et rangeait mon iPhone dans ma poche avant de m’assoir auprès d’elle qui jouait. « Tu joues à quoi ? » lui demandais-je tout simplement me rappelant de mes contacts si simples avec les autres enfants à l’orphelinat.

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Je suis persuadé que si le temps passe encore, je vais tout simplement finir par crever les yeux des gens qui squatte la salle d’attente avec moi. Un mal de crâne m’a pris ce matin, dès le réveil et disons-le, je pense être déjà bien assez désagréable en général pour ne pas l’être un peu plus, mais je ne peux pas m’en empêcher, je ne peux pas me résoudre à agir différemment parce que oui, ça me prend la tête. Le doc a du retard et moi, je veux seulement des médocs pour ma tête. Mais vu que je suis un con en fauteuil roulant, ils estiment qu’il faut que je fasse attention à ce que je fais, à ce que je prends, aussi. Mes médicaments sont comptés, parce que j’en ai déjà un paquet pour mes jambes et pour mes plaies qui ne sont pas encore totalement cicatrisés. Et bordel, en plus du reste, ils veulent constamment m’ausculter, dès que je pète un coup de travers. J’imagine que c’est ce qui me terrasse le plus. Je n’ai pas envie de constamment courir à l’hôpital, parce que c’est réellement en train de me bouffer, déjà. Je ne suis pas en sucre, je suis encore moins un crétin qui est incapable de faire ce qu’il faut. Cela me bouffe, et il serait sincèrement temps pour moi de me reprendre, que je le veuille ou non. Mais ce n’est pas gagné. Ca va finir par me bouffer, quoique j’en dise. C’est ainsi, point barre. Et il n’y a rien d’autre à en dire, de toute évidence. Je soupire doucement, alors que je regarde autour de moi. Des jeux pour des enfants, des magasines qui traînent et que je n’ai pas du tout envie de lire. Je feuillette vaguement un des magasines, le temps de quelques secondes, mais mon attention s’en échappe bien vite. C’est sans doute mieux comme ça, de toute manière. Je soupire une nouvelle fois, croisant les bras sur la poitrine. Au moins, je n’ai pas l’ombre d’une raison de me formaliser du fait que je n’ai pas trouvé de chaises. J’ai ramené la mienne… J’imagine que c’est ce qui traverse la tête de beaucoup de personnes qui sont autour de moi. Mais s’ils veulent que l’on échange, il n’y a aucun problème, parce que je suis en chaise roulante parce que j’ai perdu l’usage de mes jambes. S’ils veulent se trouver à ma place, il n’y a aucun problème, vraiment. « Je suis sur une chaise roulante mec, je suis déjà à moitié mort ». Il doit sans doute se trouver plus ou moins drôle ce mec, j’en suis persuadée. Est-ce que c’est plaisant, non, pas du tout. Et je suis désagréable mais en même temps, je le suis déjà d’habitude. Ce n’est donc pas prêt de changer hein.
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