Il inspira, cligna des yeux tandis que sa rétine s'habituait de nouveau à recevoir de la lumière. Le jour filtrait à travers les rideaux, laissant présager une jolie journée. Le rouquin esquissa un sourire, s'asseyant d'un seul coup sur le bord du lit. Il se pencha sur ses genoux, grattant longuement sa nuque avant de se lever, ses genoux craquants bruyamment. En silence, il fit le lit, comme son habitude déserté de son autre habitante. Il ne le remarqua d'ailleurs pas tant il s'était fait à cela désormais. Son esprit était occupé ailleurs. Dedans se bousculaient deux femmes en tout point opposées. Il y avait sa chère Emma, la seule femme qui ait jamais aimé jusqu'alors, la seule qu'il eut désiré assez pour l'épouser, fonder une famille, celle qu'il avait juré d'aimer constamment jusqu'à sa mort. Mais dans ce tableau idyllique, une ombre s'approchait, pas une ombre non, une danseuse flamboyante, elle avait dix ans de moins que lui, elle n'était pas sa femme, elle était Adele. Et Adele il l'avait embrassé, Adele il l'avait désirée, Adele le troublait, Louis s'enflammait, Louis l'aimait.
Alors finalement il appréciait le temps passé à l'université, il apprenait à apprécier. Il déjeuna rapidement, s'habilla, prit le temps de lire un peu, fourra ses papiers dans son sac, avant de remonter à l'étage. Doucement il enleva la petite fille de son lit, la portant contre son torse, ses lèvres appuyées sur son front. Annabelle émergea finalement, le jeune homme lui prépara son petit déjeuner, la prépara avant de la laisser au bon soin de la jeune fille au pair. Un sourire s'échappa, un regard s'attarda sur elle, sa main effleura discrètement son bras quand il quittait la maison, son sac sur l'épaule, ses clefs dans la main. Il parlait, parlait, son cours avançait, il ne voyait pas le temps passer. Il se perdit dans ses explications, c'était comme une pièce de théâtre, devant lui, ses élèves le regardaient, passionnés espérait-il, grattant le papier, puis posant leur tête dans leur main pour mieux écouter leur jeune professeur. Puis la matinée toucha à sa fin. Du haut de son estrade, il salua les étudiants qui quittaient la pièce, répondit aux questions d'un ou deux, rangeant ses affaires d'un même coup.
Quand il sortit de la salle, il eut la surprise de voir Emma sur le bord, l'attendant. Qui d'autre pouvait-elle attendre ? Un vrai sourire éclaira son visage à travers son semblant de barbe. Son regard glissa sur la silhouette parfaite de sa femme, sur ses cheveux couleur du feu, sur son visage de poupée, ses prunelles claires et sur d'autres endroits plus intimes. Si ça lui disait ? Et pas qu'un peu. Les moments à deux n'étaient que trop rares, les surprises, les décisions de dernières minutes n'étaient plus de la partie depuis un moment et Louis ne pouvait que se réjouir de la voir débarquer à l'improviste. Il posa une main sur sa taille, embrassant tendrement la rousse avant de passer un bras derrière son dos, la guidant pour sortir. Les règles étaient claires, les professeurs ne devaient pas faire étalage de leur vie privée dans l'enceinte de l'université, mais il n'avait pas su résister face à une si jolie attention de son épouse. « Je te fais confiance et je te suis. Comment s'est passée ta matinée ? Heureuse ? » s'enquit-il avec un sourire qui se voulait plus léger de ceux de d'habitude.

En l'ayant attendu, j'avais commencé à douter que ma venue inopinée puisse l'indisposer. Ça faisait bien longtemps que je n'avais eu l'occasion de lui faire ce genre de surprise, peut-être qu'il ne les aimerait plus. Mais lorsque je le vis arriver avec son sourire, je me dis que c'était certainement la meilleure idée que j'avais eu de ma journée. Je détaillais avec délice sa silhouette masculine. Qu'il était beau dans son environnement universitaire. Ses mains fortes vinrent attraper ma taille fine. Je me laisse capturer, en confiance dans ses bras. Mes doigts se posèrent sur ses épaules fortes tandis que ses lèvres viennent trouver les miennes, sans effort. Ma bouche lui est offerte avec ma douceur dont il est le seul à profiter. Un sourire ronronnait dans mon baiser, ravie de le voir aussi enthousiaste à ma présence. Puis d'un geste assuré, il m'accompagnait à l'extérieur. Je gardais mes yeux clairs posées sur lui, détaillant son visage, alors que nos hanches se frôlaient en marchant. Sa main posée derrière mon dos, semblaient attirer le regard des étudiants que nous croisions. Il est vrai que ce n'est pas commun que Louis fasse preuve d'autant d'audace mais ce n'était pas moi qui allait dire quoique ce soit contre. Les jeunes étudiantes me lancent des regards plein de jugement. Je les ignorais comme toujours, plutôt amusée qu'autre chose de leurs réactions. Tandis que les étudiants du genre masculin me détaillaient à regard discret. J'en entendis un dire à un camarade que c'était la première fois qu'il voyait une femme de prof aussi jolie. C'était flatteur. Louis me répondit alors qu'il me faisait confiance. Il devait bien être le premier à savoir que j'avais un bon goût. Après tout j'étais marié avec lui, meilleur preuve de goût possible. Mon sourire s'agrandit à ses questions y répondant avec malice. "Heureuse évidemment, ma réunion a fini assez tôt pour que je puisse te voir. Et ce soir, je n'aurai pas de travail à ramener à la maison donc je ne serais pas fatiguée..." Je divulguais l'information avec légèreté, maitrisant parfaitement l'art du sous-entendu. A mots couverts, je lui lançais entendre qu'il y aurait possibilité de nuit agitée, si ça lui tentait bien entendu. Je marchais d'un pas tranquille, mes talons résonnaient légèrement sur le sol. Le restaurant n'était pas loin, dans une petite rue piétonne derrière l'université. Nous sortions de l'enceinte de l'université et attendions que le feu passe au vert pour traverser. D'un mouvement naturelle, je me posais un peu plus contre lui. " Et toi ? Ta matinée c'est bien passé aussi ? " l'interroge-je gentiment sur sa propre journée.

Peut-être transgressait-il une règle assez importante appliquée par les professeurs sur le campus, mais bien trop étonné de voir son épouse là devant sa salle, Louis s'était laissé aller. C'était trop beau, trop rare, ça le rendait bien trop nostalgique aussi. Il n'allait pas la renvoyer pour cette raison bien sur, au contraire, quand il était jeune professeur, encore simple remplaçant, qu'elle n'était pas encore au sommet de la hiérarchie de son magasine, quand ils se retrouvaient entre deux heures de cours, quand ils se volaient des baisers derrière les colonnes. Puis il remontait encore plus loin, les années où ils étaient étudiants. Il se cherchait encore capillairemment, elle était l'une des plus jolies filles de sa promotion, elle était sa jolie fille à lui, celle qu'il avait conquit à force de jolis mots griffonnés sur des feuilles de papier et des fleurs laissées sur le pas de sa porte. Ils quittaient peu à peu l'université, un peu ralentis car ils tentaient de caler leurs allures, marchant d'un bon pas tout de même. Une fois les murs de l'université quittés, Louis décida de simplement suivre sa femme, après tout c'était l'une des seules fois où ils pouvaient profiter de leur complicité d'antan. Un instant, il songea à Adele, leur fille au pair, il songea aux baisers échangés, à l'amour naissant, à tous les sentiments qui lui embrouillaient l'esprit. Un instant il songea qu'il n'était pas correct de jongler ainsi entre ces deux femmes, de mener une double vie. Il fronça un instant les sourcils d'inquiétude, de se mentir à lui-même, de faire une bêtise, qu'Emma découvrir le pot aux roses, qu'elle se mette en colère, de ne pas savoir ce que ça enclencherait. Il chassa tout ça de son esprit, profitant uniquement d'avoir l'impression d'être de nouveau marié à la femme qu'il aimait depuis si longtemps. Il rit doucement, caressant de son pouce la hanche de sa femme. « Hum voilà une information tout à fait intéressante, j'en prends note ! On devrait peut-être pas trop traîner au restaurant … » Un sourire flotta encore longuement sur son visage avant de s'arrêter devant le restaurant où la jeune femme semblait vouloir aller. « Oui, les élèves sont tout à fait intéressant, tu sais j'espère les captiver j'ai toujours peur d'être trop barbant. » Il la laissa entrer en premier avec un geste galant.

Mon information divulguait en toute discrétion eu l'effet escompté. Prendre des pauses dans mon métier si prenant ne pouvait avoir qu'un effet positif sur notre couple. Et sur moi aussi, j'étais vraiment fatiguée à cause de tout ce stress et surtout certainement ouverte à cause de ça. Mais aujourd'hui, tout allait bien et que je comptais faire en sorte que ça reste ainsi ayant des bonnes nouvelles à lui annoncer. Je sentais sa main sur ma hanche apposé une légère caresse, alors que j'admirais son visage avec un sourire amusé. Que d'enthousiasme, je ne pouvais que l'apprécier. Il est vrai que nous n'avions jamais eu de soucis particulier à ce sujet. Nous savions parfaitement comment nous faire frémir. Mais l'heure était aux paroles échangés, Louis me laissant entrer à l'intérieur du restaurant. C'était un lieu à l'apparence doucement romantique, aux murs boisés peintes d'un doux rouge framboise et une verrière laissait voir un jardin suspendu. Je ne m'étais pas attendue à ce que ce soit si jolie et pittoresque. J'étais désormais plus habituée aux restaurant contemporain et épuré. Cependant, ne pouvais nier que c'était chaleureux et intime, parfait pour un rendez-vous à deux. Nous fîmes asseoir près de la fenêtre et je déposais mon sac avant de répondre à Louis, une expression douce sur mon visage. "Je suis certainement que tes élèves sont captivés. Ça fait dix ans que je t'écoute et je ne suis toujours pas lassée..." Je croise les jambes sous la table du restaurant, mon pied touchant sa jambe sans plus d'intention que d'apprécier sa présence. J'ouvre le menue où les plats aux noms français s'étalent avec parcimonie. Ma langue passe sur mes lèvres réfléchissant à ce que je vais pouvoir prendre. Mon choix fut rapide et je referma le menue le posa à côté. Reposant mes yeux sur lui, j'agrémenta la conversation: " J'espère que le lieu te plait. Je ne pensais pas que c'était aussi romantique mais ce n'est pas pour me déplaire." Mon sourire ne fit que s'agrandit, mes yeux clairs brillant doucement rien que pour lui. Le serveur vient alors prendre notre commande où je pris en entrée une salade printanière et un plat du canard à la mangue, accompagné d'un verre de vin rouge et j'attendis que Louis dise ce qu'il lui ferait plaisir de prendre.