Fauve & Viktoria

Meilleures amies pour la vie s’était-elle dit. Mais ça faisait bien longtemps que Viktoria avait perdu tout espoir de la revoir un jour. Elle était avec ce mec qu’elle ne pouvait pas supporter et depuis ce jour là la jeune blonde n’avait plus reçu aucune nouvelle de la jeune brune.

Ce jour là, Viktoria avait longtemps travaillé et s’était permise une petite pause au Starbuck, elle y trouvait son amie Elizabeth là bas et parlait quelques minutes avec elle. Pas trop longtemps car elle était en service. Après avoir eu son chocolat chaud au lait, car elle n’aimait pas trop le café, cela avait un goût trop prononcé pour la jeune femme qui préférait les goûts plus doux.

Après ce bref passage au Starbuck, Viktoria décida de se promener dans ce parc qu’elle connaissait si bien avec son gobelet dans une main et dans l’autre un livre. Viktoria aime la lecture, c’était un passe-temps qui lui permettait de décompresser et surtout de penser à autre chose.

La jeune fille pensait encore souvent à Fauve. Elles s’étaient rencontrés à une soirée peu de temps après l’arrivé de Viktoria à Omaha et depuis ce jour là elles ne s’étaient jamais lâchées, mais bien sûr il a fallu qu’un événement vienne chambouler cette amitié, qui pourtant semblait indestructible. Elles avaient a peine un an de différence et s’étaient tout confié. Viktoria lui avait parlé comment elle était orpheline à présent et que son frère vivait toujours en Russie. D’ailleurs tous les étés elle y retournait. Cela les avait rapproché du part du fait que Fauve n’ait pas vraiment connues son père, ce qui était également le cas de la blonde car elle avait à peine eu le temps de le connaître. De plus les deux jeunes filles ont du mal à faire confiance aux garçons et pour cela elles se ressemblent beaucoup et aiment faire la fête jusqu’à pas d’heure. Mais depuis qu’elles se sont éloignés et que Viktoria travail maintenant, la jeune fille n’a plus vraiment la tête à s’amuser. Elle préfère rester seule chez soi, c’est plus confortable et il y a moins de pressions.

Viktoria se secoua la tête, ce n’était pas vraiment le moment pour repenser à toutes ces choses là. Ainsi était la vie si Fauve n’était plus là dans sa vie, car la jeune fille avait de nombreuses fois tentés de la joindre, de la revoir, de lui faire comprendre qu’elle laissait tomber ses amis, mais elle n’écoutait personne. Viktoria avait, si on peut dire, abandonner. Certes elle était prête à tout pour ces amis mais il ne fallait pas non plus pousser le bouchon trop loin. Enfin bref, on était vendredi et cela voulait dire que les magasins étaient ouverts assez tard. Après une dernière gorgée de son chocolat chaud qu’elle jeta à la poubelle elle décida d’y aller. Viktoria referma son bouquin, dont elle avait à peine lue trois phrases et se dirigea vers les boutiques. Sa préférée était « nowelle Eve boutique. ». La jeune femme poussa la porte et commença à regarder les vêtements qui étaient présentés. Elle se demandait si ça lui irai bien, mais quand tout d’un coup en relevant le regard pour aller se regarder dans le miroir avec ce joli haut, elle vit au loin dans la boutique Fauve. Viktoria n’en croyait pas ses yeux, elle beugait tout d’un coup sans rien dire. Après quelques secondes d’immobilité, Fauve se retourna et croisa le regard de la blonde. C’était donc aujourd’hui qu’elle se revoyait.

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Un soupir s’échappe de mes lèvres, alors que je fais rapidement le point sur ma vie. Bien sûr, il a été difficile de me relever, après les coups. Parce que mine de rien, j’ai vite fini par voir que les choses étaient compliquées. Parce que c’est bel et bien ça le problème, c’est bel et bien de ça qu’il est question. La vie, après. Je sais que je dois à tout prix faire attention à tout ce qui m’entoure. Mais cela ne veut pas dire que c’est si simple que ça. Au contraire, justement. Parce que lorsque je réalise que tout ne va pas bien, c’est le monde à l’envers. C’est tout ce qui s’écroule, justement, et c’est pour cette raison que c’est à ce point difficile. J’ai perdu ma vie. En le laissant entrer dans ma vie, j’ai tout perdu et c’est de ça que je dois principalement me relever. Mais ce n’est pas facile, ça ne l’a jamais été et c’est à ça que je pense. Je refuse de lui accorder de l’importance. Je ne l’appelle plus par son prénom depuis qu’il a quitté ma vie. Encore que… D’une certaine manière, n’est-il pas encore là… ?

J’ai tourné le dos à tout le monde. Il m’a enfermée dans une bulle de laquelle j’étais incapable de sortir. C’était insupportable. Et maintenant, je ne sais même pas comment arranger les choses, comment retrouver ma vie, comment faire en sorte que tout redevienne comme c’était. J’aimerais retourner vers mes amis de l’époque, vers ces personnes à qui j’ai tourné le dos à cause de ma peur. Cette peur qui me prenait aux tripes, tant je refusais qu’il lève une nouvelle fois la main sur moi. J’étais effrayée, je ne voulais pas souffrir pour rien, alors que je savais que c’était la seule chose qui allait me tomber dessus. Je ne comprenais pas que peu importait ce que je faisais, j’allais quand même prendre des coups. Je ne sais pas comment revenir vers toutes ces personnes que j’ai fait souffrir. Mais je sais aussi qu’il n’y a rien que je puisse faire. Alors je dois réellement faire attention. Que cela soit évident, ou pas. Mais je veux aller de l’avant. Je veux essayer, en tout cas. Il faut que je fasse de mon mieux, je suppose que c’est la seule chose qui compte. Mais il faut sincèrement que je me relève, je suppose que c’est la seule chose qui soit importante. Que j’ai peur ou non, d’ailleurs. Mais il n’y a rien d’autre à faire. Là, dans la rue, à force de faire le point, j’ai bien vite réalisé qu’il n’y a rien à faire. Qu’il n’y a pas de mode d’emploi. Je sais aussi que c’est le bordel. Je ne me vois juste pas attraper mon téléphone pour les appeler, directement. Comment empêcher qu’elles ne raccrochent ? Personne ne sait. Ceux à qui j’ai tourné le dos, ils n’ont pas eu de nouvelles depuis, je n’ai même pas cherché à comprendre. J’ai juste coupé les ponts. J’ai juste arrêté de répondre aux coups de fil et lorsque j’ai atterri à l’hôpital, personne n’a su. Mais je suppose que c’est plus simple comme ça. J’ai honte de mon passé…

Pourtant, lorsque mon regard se pose sur Vik, mes yeux s’écarquillent, ma bouche s’ouvre et je ne sais pas quoi dire. La voir me fait plaisir mais en même temps, cela me surprend. Penser à son passé et la croiser… C’est réellement surprenant. J’ai juste honte. Je n’ai rien dit, j’ai juste disparu, j’ai tourné le dos à tout le monde, pour me protéger, parce que je pensais qu’il finirait par me tuer. Aujourd’hui, je suis à nouveau toute seule et pourtant, je ne sais toujours pas comment me reprendre. « Bonjour Viktoria. Ca fait longtemps… ».