C’est vraiment une de ces sales journées, où toutes les galères s’accumulent et vous ne pensez jamais en voir la fin. Ireland pensa qu’après avoir trouvé sa voiture les quatre pneus à plat, et être arrivé en retard en cours, se prenant dans la foulé des remarques dégradantes de la part de ses professeurs, rien ne pourrait l’affecter jusqu’à la fin de la journée. Mais ce qu’elle ne savait pas, c’est qu’une surprise inattendue l’attendait encore. Les cours sont enfin terminés, et Ireland ne se sent pas de rentrer dans son grand appartement, et de passer le reste de la soirée toute seule. Elle avait besoin de voir du monde, de parler de discuter, et dieu sait que c’est dur quand tu te retrouves seule dans une grande ville depuis peu et que tu ne connais pas énormément de monde. Sur son chemin, entre l’université et son appartement se trouvait le célèbre pub irlandais le « O’Connor », et se fut comme si il adressait des grands gestes à la petite blonde, qu’il l’invitait à venir prendre un verre. Et sans s’en rendre compte Ireland gara sa voiture sur le bas-côté, en descendit et se dirigea tout droit vers l’entrée du pub. Alors qu’elle s’apprêtait à entrer, elle prit un moment pour observer les personnes présentes dans le bar. De dos elle aperçue un beau jeune homme, appuyé sur le bar en attendant sa boisson. En entrant, elle se rendit compte que ce corps lui semblait familier. Ces gestes, ça façon de bouger. A aucun moment de sa vie, Ireland n’aurait pu s’imaginer revoir cet homme qu’elle avait une fois connu. Avery. Avery Scott. Le beau jeune homme et Ireland ont eu une histoire d’un soir, alors qu’ils étaient encore tous les deux à New York. Et cette histoire, Ireland n’a jamais pu l’oublier. Non pas qu’elle éprouve des sentiments quelconque pour Avery, mais c’était la première fois qu’elle agissait de cette manière avec un homme, qu’elle se donnait à lui, sans connaître les moindres détails de sa personnalité, ou même son nom de famille. Mais depuis cette soirée, contrairement à ses habitudes, Avery a désiré rester en contact avec Ireland, qui se sentait mal à l’aise à ce propos. La jeune femme pensait qu’il s’agissait d’une des situations les plus gênantes qui puisse exister. Trainer, boire un verre avec un homme, qui n’est pas votre petit ami, mais qui connait les détails de votre anatomie ? Cela lui donna des frissons. Il fallait toutefois faire preuve de maturité, et prendre son courage à deux mains. Elle avança vers le bar, s’assit sur une des hauts tabourets, et commanda un verre de courage liquide. « Après ce verre, je lui adresse la parole » s’est-t-elle dit tout bas, mais au même moment, cette voix rauque, inchangée de leur nuit torride, retentit. « Ireland ? ». Un simple mot, dit d’une manière si séduisante, qui retourna l’estomac d’Ireland. Elle essaya de lui sortir son plus beau sourire, mais de là où elle se tenait, elle avait l’impression que ce beau sourire ressemblait plutôt à une grimace. Ireland souffla un bon coup, et dit tout haut, d’un voix moins assurée que celle de son interlocuteur « Avery ! Quel plaisir de te voir ! Que fais-tu ici à Omaha ? Non pas que je ne veuille pas te voir ainsi, bien entendu, j’en suis très heureuse, je … c’est très inattendu. Tu es ici car tu as trouvé un emploi ? Fini la vie de vagabond voyageur, à narguer tout le monde avec tous ces beaux paysages ? ». Et ceci est l’un des plus gros défaut d’Ireland, quand elle ne sait pas comment réagir, elle panique, et quand elle panique, ce n’est pas beau à voir. Et dans une tentative inespérée de sembler totalement normale, elle entreprit une accolade.

Quand j’ai fini mon long monologue, il se mit à rire. Ce beau rire que j’ai su apprécié, et qui m’a charmé jusqu’à me faire céder. Je me rappelle de la manière dont il m’a séduit, il était très drôle, il me racontait toutes ces histoires qu’il a pu vivre lors de ces voyages, et il y avait toujours quelque chose d’extraordinaire. Il était tellement passionné, et ce sourire ne le lâcher jamais. C’était, et ça restera la plus belle vision que j’aurais de lui, pour le reste de ma vie je pense. « Ça me fait plaisir aussi de te voir ici », dit-il de cette voix toujours aussi sensuelle. Mais qu’est-ce qu’y me prend ? Il faut que je me ressaisisse, de suite. Puis, il prit sa bière, posa le bord du verre entre ses lèvres, et en prit une gorgée. Je m’imaginais alors le liquide froid, descend lentement dans sa gorge, et le plaisir qu’il devait en retirer. « J’ai emménagé avec ma femme ici… ». Sur ces mots, je me suis presque étouffé, Avery, marié, avec une femme ? Avery dans une relation, qui est censé durer toute une vie ? Je n’ai même pas eu le temps de répondre à la bombe qu’il venait de lâcher, qu’il enchaîna sur une phrase, sur une phrase des plus banales. J’ai tendance à croire qu’il se joue de moi. « Et toi tu viens faire quoi ici ? Je suis aussi étonné de te voir ici, quel bon vent t’emmène ? Et tu veux quelque chose à boire ? Je t’offre un verre ? ». Une fois toutes ces informations enregistrée, je lui répondu dans une manière des plus naturelles, enfin je pense, qui soit. « Je veux bien un verre, d’alcool fort. Tequila. S’il te plait. Et je pense aussi avoir besoin de m’asseoir. » Une fois assise, je me disais que je devais bien choisir mes mots avant de demander comment c’était possible que lui soit marié, parce-que, il n’y a aucune raison d’être brute, et je me dois de rester polie en toute circonstance. « Donc, commençons par le plus important. Tu… Tu es marié, tu as dit ? Comment c’est possible, sans vouloir t’offenser. ». Au feu la politesse. « T’es quand même le plus gros tombeur que je connaissais, t’arrives vraiment à te satisfaire d’une seule femme ? », j’ai un rire moqueur, parce-que, réellement, c’est inconcevable. « Je te crois, mais, wow, je suis impressionné,  j’en aurais une avec moi je t’apporterais une médaille, c’est bluffant ! », dit-je en mimant une remise de médaille, parce-que même stupéfaite, je suis avec Avery non ? Je panique. Puis, je me suis rappelait, qu’il m’avait posé d’autres questions, je repris sans attendre sa réaction « Et, je suis ici pour échapper à la surprotection de mon père qui devenait insupportable au quotidien, et l’université ici me convient bien mieux que tous ces petits bourges New Yorkais. ». Mon verre étant enfin arrivé, je remercie intérieurement le serveur d’avoir été aussi rapide et pris une grande gorgée. Je peux vous dire que ça fait beaucoup, beaucoup, de bien.

« Non pas vraiment, » avait-il chuchoté. « Pour tout te dire, je ne l’ai jamais trompé ma femme, mais je ne suis pas avec elle par amour ». Ces informations étaient trop pour moi, trop dans le sens où jamais de ma vie entière je n’aurais pensé à de tels actes de la part d’Avery. Pour avoir le temps d’assimiler ses réponses, je répondis aux siennes, et précisément, la raison de ma venue à Omaha. Raison dont il ne pouvait qu’affirmer la véracité. « Amusons-nous et trinquons en notre rencontre à Omaha », alors que nous étions en train de boire, je ne peux m’empêcher d’être plus curieuse encore. Après tout, c’était sa faute, s’il n’aurait pas voulu lancer le sujet de son mariage il n’en aurait jamais parlé, n’est-ce pas ? Après une dernière gorgée d’une tequila bien dosée, je lâchai des yeux le beau comptoir en bois laquée que je contemple depuis cinq bonnes minutes, et pose mon regard sur les beaux yeux, d’un homme désiré. « Tu as lancé le sujet, je me permets. Ton mariage, que veux-tu dire par ‘Je ne suis pas avec elle par amour’ ? J’ai du mal à  croire que tu sois obligé de rester à cause d’obligations. Tu as plus de bon vouloir que ça ? » C’est peut-être pas poli mais j’ai besoin de savoir maintenant. Je ne suis pas née de nature curieuse, mais la vie à New York me la fait devenir. Toutes ces histoires de potins, qui traine avec qui, qui aime qui, mais je dois dire que c’est l’une des rares choses dont je suis contente. Je fixais, sans cesse la moindre réaction que pouvait avoir Avery, le mouvement des traits de son visage, ses lèvres, son petit rictus qu’il montre si souvent. Sentant une gêne s’être installé, je décide d’avancer mon tabouret plus près du sien, et je me permis de poser ma main sur son avant-bras pour l’aider à me parler, lui montrer qu’il pouvait avoir confiance en moi. on est ami après tout pensais-je en rigolant de moi-même. Ce n’est qu’au bout d’un long moment, qui m’a semblait une éternité qu’il a commencé à s’ouvrir, mais au fond de moi, je me demandais si, même sans alcool, nous aurions pu avoir ce moment de partage, où nous nous ouvrons pour la première fois, complètement l’un à l’autre, sans y mêler du romantisme à trois francs six sous.

Je venais clairement de demander à Avery de me raconter toute sa vie, sans limite, et il acceptait de le faire. Dans ses paroles j’arrivais à détecter de la douleur et de l’amertume, comme s’il regrettait tout ce qu’il avait pu faire pendant toutes ses années, mais surtout et plus particulièrement avec sa femme. Ces mots sont encore dur à prononcer pour moi, non pas que j’en sois jalouse, enfin, un tout petit peu. J’imagine le pied que ça doit être plus une femme plus âgée d’avoir le pouvoir de faire l’amour à un tel homme, tous les soirs. Mes yeux posés sur lui, je devais avoir l’air impatiente d’entendre sa réponse, mais j’essayais de déchiffrer ses expressions, son visage semblait se torturer pour trouver une réponse adéquate à la situation, à ma question. Une main accoudée sur le bar, je manipulais ma boucle d’oreille, signe d’anxiété diront certains, et l’autre main posée sur son avant-bras, exerçant de légères pressions afin de lui montrer que oui je suis là pour lui, et que quoi qu’il s’apprête à me dire je ne le jugerais pas, pas ouvertement ceci dit, je ne contrôle pas ce que mon subconscient peu penser, pas vrai ? Je me mis à penser à notre relation, aussi étrange qu’elle soit. Est-ce qu’un jour je viendrais voir Avery, et ne ressentirais rien pour lui ? Aucune attirance physique, aucun désir de le plaquer violemment contre le mur le plus proche pour réitérer nos actes passés ? J’étais tellement perdu dans mes pensées quand il se mit à se confier à moi que j’eu un léger sursaut. « Et bien tu sais, on fait tous des choses pour du profit. », et il s’arrêta là, et commanda deux nouveaux verres de tequilas, lorsqu’elles furent servies il posa mon verre devant moi avec un large sourire, je lui rendu la pareil, en me demandant si il cherchait à me saouler afin de me ramener avec lui ce soir, j’ai ris toute seule. Il bu son verre et se rapprocha. Je me devais d’enlever mon bras, la situation en devenait gênante. Sa tête, se rapprochait dangereusement de moi, penchée. Un axe parfait se formait entre ses lèvres et les miennes, à ce moment je ne pensais plus, je ne bougeais plus. J’attendais le moment précis à ses lèvres délectable allait se poser sur les miennes, en inhalant son doux parfum que je pouvais dorénavant sentir parfaitement. Pas du toute, c’est lui, c’est son odeur. Mais en une fraction de seconde, il dériva, un petit sourire aux lèvres, et me dit tout bas « Tu sais, je n’avais pas beaucoup d’argent quand j’étais à New York… Et je sais qu’on a arrêté de se voir un moment donné, c’était à partir du moment où je me suis marié à vrai dire. » Je me souviens exactement du moment où il n’est plus venu. Je venais de passer une journée désagréable, et au lieu de rentrer chez moi, pour satisfaire le bon vouloir de mon père, je me suis arrêté dans le bar où on s’est connu, j’espérer le voir, j’avais besoin de la voir, et cesser cette amitié ambiguë qui ne rimait strictement à rien, j’avais envie de sentir son corps contre moi, pendant des secondes, des minutes, des heures, des jours. Pour toujours. J’ai attendu, et j’ai bu. Il était minuit passé, et j’attendais encore. Partir avec un autre homme ne rimerait à rien, je n’avais pas envie de faire connaissance avec un énième garçon qui me mettrait le cœur et la tête à l’envers. J’étais sûre de ce qu’Avery et moi avions, du sexe. Pur, et dure. De la liberté. Je suis repartie seule, et je suis revenue, tous les soirs pendant 2 semaines. Je bravais les interdits pour une nuit de plus. Une nuit dont j’ai rêvé jusqu’à aujourd’hui, jusqu’à ce qu’il rentre dans ce bar. « Si tu veux je peux t’expliquer, mais ça va être long… ». J’avais envie qu’il m’explique, qu’il me dise pourquoi l’argent est plus attirant pour lui, plus attirant qu’une relation libre, vouer à la destruction des êtres, mais libres quand même. En me redressant, je le regardai dans les yeux, et me permis me poser mes mains dans sa nuque. Il souriait, comme toujours, rare sont les moments où je l’ai vu triste, malheureux. J’utilisais mes pouces pour caresser le creux de son cou. Je voulais que mes lèvres touchent son corps, n’importe quelle partie, tant qu’elles étaient en contact avec lui. Je m’approchai, lentement, mais sûrement, en essayant de lui faire comprendre que oui, j’allais l’embrasser, que oui j’en avais terriblement envie. Malencontreusement, c’est ce moment précis que choisit mon portable, posé sur le comptoir, pour sonner et vibrer bruyamment. L’appelant était inconnu, j’appuyai sur la touche raccrocher, et l’éteignit. Etais-ce un appel du bon dieu me disant que je m’apprêtais à faire une énième erreur dans ma vie ? Sûrement, bon sang Ireland, il est marié, peut-être pas amoureux mais marié. Je fis un pas en arrière, et regarda Avery. « Si tu as du temps alors, j’aimerais savoir pourquoi tu as choisis l’argent, plutôt que ce que nous avions. » Je suis peut-être une fille indépendante, je n’en reste pas moins blessé quand un homme auquel j’ai tenu m’avoue avoir préféré le financier, aux sentiments. Ou, ai-je un jour compté en tant que vraie relation pour lui ? Je sais, il me voit comme une amie, mais, on a eu une relation, je me suis montrée à lui, comme jamais avec personnes d’autres, je me suis ouverte. « J’aurais aimé avoir compté pour toi Avery, plus qu’en étant une simple fille, un de celle avec qui tu as couché pendant tes soirées de débauche à New York. » Je n’étais peut-être pas objective, l’alcool devait déjà parcourir mes veines à l’heure où je lui parle, mais ça n’en reste pas moins la vérité.