Sept heures et demie, mon réveil sonne depuis une bonne demi-heure déjà mais il m’est complètement impossible de me réveiller, et encore moins de me lever. C’est comme si un poids, lourd d’une centaine de kilos appuyé sur chacune de mes paupières. Je devais être en cours à huit heures tapantes, et je commençais à penser que louper quelques heures ne serait pas désastreux, tant mon dossier est pour l’instant parfait. Parfait. Et c’est ce qui m’a fait mettre les deux pieds au sol, et qui m’a permis de m’exécuter à la lourde tâche qui est de me préparer afin d’être à peu près potable pour assister à mes cours de la journée. Mon dossier à toujours était parfait, et c’est bien un des choses auxquelles je tiens. Je suis une élève studieuse, et jamais ô grand jamais je ne laisserais pas le farniente passer avant mes études. Je sors, je bois, je danse jusqu’à pas d’heure mais le lendemain je me lève quand même, j’assume mes actes de petite étudiante. Ma mère m’a apprise à être aussi assidue, elle tenait à ce que les gens aient une bonne image de moi, ce qui prouve qu’elle était la meilleure des mères. Elle l’était, sans aucun doute. C’est elle qui m’a tout appris, et à ce que je sache je ne suis pas encore devenue une de ces jeunes filles qui trainent dans la rue à quatre heures de matin en quête d’un peu de cocaïne, crack, LSD et j’en passe des tonnes. Alors que j’avais fini de me préparer, en essayant de faire le moins de bruit possible pour ne pas réveiller ma colocataire, je pris mon petit déjeuner en vérifiant mon emploi du temps d'aujourd'hui. On longue journée m’attendait, et c’est sur cette belle pensée que je sortis de chez moi pour rejoindre le campus qui se trouvait à quelques pas. Mes livres du cours prochain dans une main, mon téléphone dans l’autre, je ne regardais pas spécialement où j’allais, mais si rien ne se mettait dans mon chemin, je pensais pouvoir arriver à bon port sans dommages. Ce qui fût presque le cas. Mon appartement est certes tout près du campus, je le trouve tout de même mal placé. Lors de mon emménagement à Omaha, je savais que je voulais un appartement proche du campus, et c’est tout ce qui m’importait. La prochaine je me méfierais de la taille du campus. Mon lieu d’habitation se trouvait à l’exact opposé du département des sciences et du département de médecine, ce qui m’obligeait tous les matins à traverser les allées des départements des arts, de musiques, et des lettres. Quoi que ce dernier département ne me gênait pas tant que ça, car depuis quelques mois j’y ai repéré un professeur, physiquement jeune et surtout physiquement très attirant. Lors d’une rencontre inopportune dans les couloirs je lui ai proposé un rencard, qu’il a décliné. Paix à mon âme, il a une femme, ce qui est plus rassurant à savoir que de s’être fait jeté pour la simple et bonne raison que ton physique ne lui correspond en rien. Ce fût presque le cas, je disais, je suis presque arrivé à ma salle de cours, quand, en passant devant les salles réservées aux bureaux de professeurs de lettres, une femme plus âgé que moi, assez grande m’a stoppé net au coin d’un angle de couloir. Et la situation la plus gênante de l’univers commença. Vous savez quand vous êtes frontalement coincé avec une personne qui désir aller à l’inverse de vous, mais que vous vous trouvez sur son chemin et vice versa, et que dans cette altercation vos deux cerveaux semblent s’être connectés parce-que vous ne pouvez faire un geste sans que l’autre ne l’imite parfaitement ? Ça s’est déroulé parfaitement de cette manière. Un déplacement à droite, on revient au milieu, à gauche. Ah, une petite feinte à droite, puis aucun mouvement, espérant que l’autre se décidera. Mais à ce moment-là j’étais plus concentrée sur ses pieds que sur la personne en elle-même. C’est quand j’ai enfin levé la tête, au bout de cinq long minute de pas-chassée que je me suis rendue compte qu’il s’agissait en fait de la femme du professeur Snow, LE professeur Snow, le séduisant. Suite au moment gênant que j’ai eu dans le passé avec Mr. Snow, j’ai déjà eu l’occasion de parler à sa femme, mais je dois avouer que même en ayant rien à me reprocher, elle reste énormément impressionnante. « Oh, je ne vous avais pas reconnue, bonjour Mrs. Snow ! » dis-je par pure politesse, avec un sourire à mi-chemin entre l’hypocrisie, et la politesse.

J’avais oublié jusqu’à maintenant à quelle point elle pouvait être désagréable et hautaine. Je me doute qu’on ne devient pas rédactrice en chef d’un magazine comme U Style en chuchotant des petites phrases mignonnes à ses collègues et surtout à ses adversaires mais quand même, hors de son travail de tortionnaire et pourrait devenir un peu plus agréable, je ne pense pas que ça lui ferait énormément de mal. « J’aimerais bien dire en même de vous mais je dois dire que je ne me souviens même pas votre nom… », Ça au moins ça avait le mérite d’être clair, après cette histoire plus que gênante, j’avais fait en sorte de me faire oublier, et de pousser d’autres étudiantes vers le professeur Snow pour qu’il puisse m’oublier, et sa femme aussi. Son air supérieur commençait tout de même à m’agacer fortement, je suis gentille mais jamais je ne laisserais quelqu’un se prendre pour plus qu’elle n’est en réalité. « Ireland, Ireland Barnes. Je suis sûre que ça vous dit quelque chose maintenant », et sur ces paroles j’avançai ma main, en espérant qu’elle n’allait pas continuer à faire sa pimbêche, et me laisser en plan, dans cette position. Toujours la main tendue, je dis d’un ton assez rapide, oui, quand je ne connais pas la personne à qui je parle, ou que j’ai quelque chose à demander je me met à paniquer, ce n’est absolument pas génétique, et je me demande pourquoi mon père est capable d’énoncer le plus long discours du monde d’un ton qui ferait retourner tous les anciens présidents des Etats-Unis d’Amérique dans leur tombe, et pourquoi moi je tremble, bégaie et sors des mots pas du tout à adapter à la situation à conversation importante ? « J’aurais aimé vous pouvez une question », pourquoi allais-je lui demander ça à elle ? Déjà qu’elle ne m’apprécie pas, c’est une mission suicide, mais qui ne tente rien n’a rien dit le dicton. « Si vous voulez, on peut marcher, je ne veux pas vous faire perdre du temps, je sais que vous êtes très occupé à cause de votre travail … », courage Ireland. Je me mis à marcher, et faire quelques petits pas vers la sortie du campus. Avec tout ça j’allais sûrement être en retard à mon prochain cours mais je n’aurais surement pas l’occasion de revoir Emma Snow, c’est rare quand elle vient voir son mari au travail, et je n’aurais absolument pas assez de cran pour me rendre à lieu de travail. « Je m’intéresse de plus en plus au métier de journaliste, même si je suis dans les sciences … » dis-je gêné. « Et je sais que nous n’avons pas commencé du bon pied … » à ce stade, j’étais complètement écarlate, et je tremblais comme si quelqu’un me prenait par les épaules et me secouer dans tous les sens. « J’aimerais travailler dans votre journal. » c’était dit, c’était audacieux, c’était franche, j’espère que c’est ce qu’il lui faut pour qu’elle passe au-dessus du passé.

« Ah oui ? Tu comptes prendre ma place peut-être ? Tu as encore du chemin à faire dans ce cas … » Prendre sa place ? Jamais je n’y aurais pensé. La voyant, pour atteindre le poste où elle se trouve maintenant elle a du descendre plus d’une centaine de personne depuis l’université, et je ne pourrais jamais avoir un caractère aussi froid que le sien. C’était peine perdue, et même pour mon bien être je ne voudrais pour rien au monde devenir se qu’elle est devenue. Je veux une vie, pleine de rire, d’amusement, pas être stoïque vingt quatre heures sur vingt quatre. Mais bien sur, je me suis retenue de lui dire tout ça à voix haute. Je le voulais ce stage, juste voir ce qu’étais vraiment le monde du journalisme, écrire des articles, faires des recherches, et découvrir pourquoi elle a un si mauvais caractère.  « Quand tu auras un stage, viens me voir. Je te donnerai l’occasion de prouver ce que tu vaux », si par prouver ce que je vaux elle veut voir si je sais mémoriser son café préféré, l’acheter à son coffee shop préféré et lui ramener en un temps le plus rapide, je sens que ça va être des plus passionnants. Pendant toute notre conversation nous avions marché vers la sortie du campus, la sortie par laquelle je venais de rentrer quelques minutes plus tôt pour me rendre en cours, cours qui avait déjà commencé à l’heure qu’il était maintenant. Je déteste être en retard, je me sens honteuse, entrer la dernière dans un cours, ne pas savoir où s’asseoir car la plupart des bonnes places sont prises et que les gens préfèrent s’asseoir à côté de leur sac, plutôt qu’à côté d’une inconnue. « Merci de me donner cette chance ! » dis-je avec le sourire. J’espérais ne pas paraître trop niaise à ses yeux, je veux qu’elle me voie comme une réelle « concurrente » si je puis le permettre. Concurrente dans le sens où je peux avoir du talent, et que mon caractère n’a rien à voir avec le fait que je peux ou non m’en sortir dans ce domaine. Avant de la laisser partir pour la laisser vaquer à ses occupations qui doivent être nombreuses, je pris le temps de sortir une feuille de mon sac à main, ainsi qu’un stylo pour y laisser mes coordonnées : nom, prénom, numéro de téléphone, email et adresse postale, espérons que cette fois elle retiendra mon prénom après l’avoir vu écrit noir sur blanc. « Comptez sur moi pour venir montrer ma tête dans les locaux de votre magazine. Je veux ce stage, et voir ce que mes compétences peuvent vous offrir à vous et votre magazine », cette phrase sonnait vraiment comme l’une de celle qu’elle pouvait sortir avec ce ton hautain que je connais très bien. Je devrais peut-être m’y entrainer pour lui ressortir devant elle, ça pourrait être drôle, non ? Sur ce, il était tant pour moi de courir pour aller en cours, et d’enfin la libérer du calvaire que je devais représenter pour elle.